Cpe, jeu de dupes

Publié le par Adriana EVANGELIZT

CPE, jeu de dupes

Dominique de Villepin a connu, le 7 mars, un mardi noir. A l'évidence, la contestation est montée d'un cran contre le contrat première embauche (CPE). En brandissant le chiffre symbolique d'un million de manifestants à travers la France, la CGT, qui n'avait mobilisé ni ses cheminots ni ses électriciens, force sans doute le trait. Mais les chiffres de la police en attestent : avec 400 000 manifestants "officiels", la mobilisation a été sensiblement plus forte que le 7 février. Les syndicats, ostensiblement appuyés par la gauche, n'ont donc pas tort de souligner le succès de cette journée de protestation. D'autant qu'un nouveau sondage (IFOP) a confirmé la brutale baisse de popularité du premier ministre.

Les syndicats auraient tort de surestimer leurs forces. Mais M. de Villepin ferait une nouvelle erreur en méprisant les "porteurs de pancartes" dont se gaussait en son temps Raymond Barre. La suite du mouvement dépendra, dans une très large mesure, de ce qui se passera dans les universités. Le 7 mars, étudiants et lycéens n'ont représenté qu'un tiers, au mieux la moitié des cortèges. Ou bien les facultés embrayent et suivent l'appel à la grève générale de l'UNEF, alors que seulement un quart l'ont précédé, et le bras de fer se durcit. Ou bien la grogne des étudiants ne se généralise pas et les syndicats auront alors du mal à maintenir, seuls et par solidarité, la contestation sociale.

Le premier ministre fustige les "peurs" et refuse l'immobilisme. Il n'entend donc pas faire marche arrière. Il est vrai que l'exemple de son prédécesseur peut l'y inciter : confronté il y a trois ans à une fronde beaucoup plus importante sur les retraites, Jean-Pierre Raffarin avait tenu bon et imposé sa réforme. Mais, au préalable, il avait pris soin de négocier avec les syndicats, arrachant même l'aval de deux d'entre eux. Son successeur a fait l'inverse : il a imposé sa loi sur le CPE, avant même de procéder à l'évaluation promise du CNE, et n'a même pas fait semblant de se concerter avec les partenaires sociaux, au mépris des engagements de la loi du 4 mai 2004.

Aujourd'hui, M. de Villepin paie le prix politique et social de son passage en force. On ne peut que l'encourager à procéder enfin, comme il l'a annoncé le 7 mars, à une "large concertation" avec les partenaires sociaux. A défaut de retirer son texte, il pouvait difficilement faire moins pour tenter de décrisper la situation.

Mais cette offre de dialogue est pour le moins étrange. C'est après l'adoption du CPE par le Parlement que ses ministres, eux-mêmes tenus en lisières jusqu'à présent, sont désormais priés d'"enrichir" le texte à partir de propositions syndicales jusqu'alors méprisées. Dans ces conditions, on imagine mal comment les partenaires sociaux - Medef inclus - pourraient ne pas y voir une habileté factice, voire un jeu de dupes.

Sources : LE MONDE

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans CHÔMAGE

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