«On attaque notre indépendance»

Publié le par Adriana EVANGELIZT



«On attaque notre indépendance»



InterviewPour le secrétaire général de l'USM, Rachida Dati suit la volonté de l'Elysée.


Recueilli par FABRICE TASSEL

 

La hache de guerre est déterrée entre les magistrats et Rachida Dati. Fait rare, la journée d’action d’aujourd’hui a été appelée par les deux principales organisations, le Syndicat de la magistrature (SM, gauche), et l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire). Ce dernier, traditionnellement modéré, a annoncé lors de son dernier congrès, le 11 octobre, son intention de mener un syndicalisme très offensif. Son nouveau secrétaire général, Christophe Régnard, s’en explique.
En quoi l’indépendance de la justice est-elle menacée ?

Depuis que Rachida Dati est place Vendôme, nous assistons à une reprise en main des magistrats. Les exemples sont nombreux : le procureur de Nancy convoqué à la chancellerie pour des réquisitions contestées, un procureur muté contre son gré et, récemment, une enquête sur les magistrats dans le cas du suicide d’un mineur à la prison de Metz. A écouter la garde des Sceaux, il ne s’agit jamais de dysfonctionnements de la justice, mais d’erreurs de magistrats.

Lui reprochez-vous une individualisation des responsabilités ?

Oui, nous avons l’impression de ne jamais être soutenus par notre ministre lorsque nous sommes attaqués. Rachida Dati nous stigmatise systématiquement pour plaire à l’opinion.

La politique judiciaire n’est-elle pas impulsée à l’Elysée ?

La garde des Sceaux le dit elle-même : elle est là pour appliquer la volonté du Président. Nous ne dénonçons pas prioritairement le tout sécuritaire, mais l’incohérence de notre politique pénale : ainsi la loi pénitentiaire insiste sur les aménagements de peine, alors que les peines planchers visent à remplir les prisons. Nous naviguons au gré des séquences médiatiques et des faits divers, sans savoir où aller.

Dans «A vous de juger«, le 16 octobre, sur France 2, elle a martelé qu’elle souhaitait «une justice au service des Français», est-ce le cas ?

Mais elle n’a pas abordé les sujets de fond ! Une justice au service des Français, tout le monde la souhaite, mais sans budget, sans ligne directrice et dans un climat de critique systématique, comment est-ce possible ?

Parleriez-vous d’un problème de compétence concernant la chancellerie ?

Vous me permettrez de ne pas le formuler dans ces termes. Mais les changements incessants dans l’équipe de Rachida Dati sont une vraie difficulté. Nous n’avons jamais le même interlocuteur, et donc pas de vision sur le suivi des dossiers.

Le pouvoir judiciaire est-il sous la coupe du politique ?

Nous ne souhaitons pas être au-dessus. Simplement, dans un Etat démocratique, la justice doit avoir une place prééminente. Celle-ci est remise en cause quand l’indépendance du travail des magistrats est attaquée. C’est ce qui se passe.

Sources
Libération

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Rachida Dati

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