«On attaque notre indépendance»
«On attaque notre indépendance»
InterviewPour le secrétaire général de l'USM, Rachida Dati suit la volonté de l'Elysée.
Recueilli par FABRICE TASSEL
Depuis que Rachida Dati est place Vendôme, nous assistons à une reprise en main des magistrats. Les exemples sont nombreux : le procureur de Nancy convoqué à la chancellerie pour des réquisitions contestées, un procureur muté contre son gré et, récemment, une enquête sur les magistrats dans le cas du suicide d’un mineur à la prison de Metz. A écouter la garde des Sceaux, il ne s’agit jamais de dysfonctionnements de la justice, mais d’erreurs de magistrats.
Oui, nous avons l’impression de ne jamais être soutenus par notre ministre lorsque nous sommes attaqués. Rachida Dati nous stigmatise systématiquement pour plaire à l’opinion.
La garde des Sceaux le dit elle-même : elle est là pour appliquer la volonté du Président. Nous ne dénonçons pas prioritairement le tout sécuritaire, mais l’incohérence de notre politique pénale : ainsi la loi pénitentiaire insiste sur les aménagements de peine, alors que les peines planchers visent à remplir les prisons. Nous naviguons au gré des séquences médiatiques et des faits divers, sans savoir où aller.
Mais elle n’a pas abordé les sujets de fond ! Une justice au service des Français, tout le monde la souhaite, mais sans budget, sans ligne directrice et dans un climat de critique systématique, comment est-ce possible ?
Vous me permettrez de ne pas le formuler dans ces termes. Mais les changements incessants dans l’équipe de Rachida Dati sont une vraie difficulté. Nous n’avons jamais le même interlocuteur, et donc pas de vision sur le suivi des dossiers.
Nous ne souhaitons pas être au-dessus. Simplement, dans un Etat démocratique, la justice doit avoir une place prééminente. Celle-ci est remise en cause quand l’indépendance du travail des magistrats est attaquée. C’est ce qui se passe.
Sources Libération
Posté par Adriana Evangelizt