SNCF: la grève de mardi reportée dans l'attente d'un décret
SNCF: la grève de mardi reportée dans l'attente d'un décret
La Fgaac (autonomes) et la CFDT ont annoncé lundi qu'elles reportaient leur appel à la grève des agents de conduite SNCF de mardi à vendredi soir, à l'issue de négociations sur le projet de réorganisation du travail dans le fret, unanimement rejeté la semaine dernière par les syndicats.
"Après plus de 25 heures de négociations, la direction a retiré l'essentiel de son projet", écrivent les deux syndicats dans un communiqué, en précisant que "ce n'est qu'à l'issue de la parution du décret que la Fgaac et la CFDT prendront la décision de lever leur préavis" pour vendredi soir.
Le décret, nécessaire pour permettre une dérogation aux conditions de travail de certains conducteurs du fret, doit paraître d'ici la fin de la semaine.
"Nous voulons nous assurer que le décret est entièrement conforme à la négociation", a précisé Bruno Duchemin de la Fgaac.
Le projet de dérogation ne vise que le fret mais les appels à la grève concernent tous les conducteurs.
La direction veut "expérimenter" grâce à "900 cheminots volontaires" une nouvelle organisation du travail (temps de conduite de nuit et de jour, repos, nuits d'affilée, etc.) pour rendre "aussi compétitifs les cheminots SNCF du fret que ceux du privé".
Au cours d'une réunion tripartite (direction, syndicats, ministère) le 12 novembre, les organisations syndicales ont toutes rejeté le projet de la direction.
Dans un contexte de rivalité exacerbée par l'approche des élections professionnelles à la SNCF (26 mars 2009), les syndicats avancent néanmoins en ordre dispersé.
Le 6 novembre, une grève "d'avertissement", toujours au sujet du fret, a été observée à l'appel des seules CGT et Sud-Rail.
Le 12 novembre, la Fgaac et la CFDT ont lancé seules un appel à la grève pour mardi, tandis qu'une intersyndicale CGT-FO-Sud-CFE-CGC a décidé deux jours plus tard d'un préavis à partir du dimanche 23 à 20H00.
"On est en campagne électorale", a estimé lundi Jean-Daniel Bigarne de l'Unsa-cheminots, qui a "transmis des propositions concrètes plutôt que d'entrer dans un conflit qui serait destructeur".
"Dans un contexte concurrentiel, des évolutions sont nécessaires (...) le refuser, c'est condamner Fret SNCF à la filialisation", a jugé l'Unsa. La branche Fret SNCF a perdu 240 millions d'euros en 2007.
Cette analyse n'est pas partagée par la CGT, majoritaire à la SNCF. Le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste, a indiqué lundi que l'intersyndicale, rejoint par la CFTC, avait demandé à être reçu par le ministre des Transports Dominique Bussereau.
L'intersyndicale a demandé dans un communiqué "l'arrêt de la déréglementation, l'arrêt du processus de volontariat et une véritable négociation sur la production et les moyens qui permettront de développer le fret SNCF".
"Il faut se remettre autour de la table, mais on ne peut pas s'asseoir pour négocier des reculs sociaux", a commenté M. Le Reste pour qui "c'est la stratégie de la direction sur le fret qui est à revoir".
La Fgaac et la CFDT ne s'opposent pas au projet de volontariat, mais "dans des limites qui préservent la santé des conducteurs et la sécurité des circulations". Le temps de conduite de nuit a par exemple été un point sur lequel ces organisations n'ont pas voulu transiger. "Nous avons obtenu une durée de conduite nocturne maximale de 6H30", selon M. Duchemin.
Pour redresser la branche Fret SNCF, Fgaac et CFDT estiment "qu'il faut investir pour améliorer les infrastructures et lutter contre les dysfonctionnements" dans la planification du travail.
AFP
Posté par Adriana Evangelizt