Vol AF447: Les hypothèses
Vol AF447: Les hypothèses
Par Marie-Lys LUBRANO
leJDD.fr
Le vol AF447, qui a décollé dimanche soir de Rio à destination de Paris, a brusquement disparu des radars, lundi matin. Le pilote n'ayant envoyé aucun message de détresse, les autorités aériennes en sont réduites aux suppositions. Mais l'hypothèse émise par Air France sur le fait que la foudre ait frappé l'avion et provoqué un crash laisse dubitatifs les experts et les pilotes.
"En aéronautique, une défaillance ne cause pas d'accident. Ce qui est dangereux, c'est la conjonction de deux ou trois défaillances", raconte au JDD.fr un ancien pilote de Bréguet Atlantic (l'avion utilisée par l'armée pour effectuer les recherches en mer). "Au cours de ma carrière, j'ai été frappé plusieurs fois par la foudre: ça n'a jamais provoqué le crash de mon avion", ajoute-t-il. Ce témoignage, corroboré par bon nombre d'experts, met à mal la version d'Air France selon laquelle la disparition du vol AF447 serait due à un foudroiement. Lorsqu'un avion est frappé par la foudre, il est certes traversé d'électricité statique mais celle-ci est évacuée par des déperditeurs de potentiel; de petits fils pointus situés à l'arrière des ailes, par lesquels l'électricité s'échappe. "C'est sûr, ça peut être impressionnant de voir son avion traversé par une boule d'énergie d'un mètre de diamètre", raconte encore l'ancien pilote, "mais en soi, ce n'est pas dangereux".
Le vrai problème se situerait plutôt du côté des conséquences possibles du foudroiement sur le système électrique de l'avion. Une décharge de plusieurs milliers de volts peut en effet endommager les circuits, les faire fondre, les surcharger, ou faire sauter les fusibles. Or le système de commande de l'A330 est électrique, comme dans tous les avions modernes. "Les Airbus n'ont pas de commandes mécaniques", explique encore l'ancien pilote d'Atlantic. Si plus aucun circuit ne fonctionne, l'avion n'est plus pilotable, ajoute-t-il. Et en effet, les autorités expliquent avoir reçu plusieurs messages, émis automatiquement par l'avion, signalant une panne électrique. Mais il serait étonnant que les systèmes de secours soient tombés en panne en même temps. Quant à la panne de moteur, elle semble peu probable: "il y a un deuxième moteur", poursuit le pilote, "et puis les générateurs auxiliaires et les batteries auraient alors permis au pilote d'envoyer un message".
Une météo difficile
Restent donc l'hypothèse d'un attentat -qu'aucun officiel n'a évoquée- ou celle d'une météo particulièrement dure. Et c'est la météo qui pourrait bien être en cause dans la disparition du vol AF447. Ou du moins, la météo conjuguée à une panne électrique provoquée par un foudroiement. Car certaines sources parlent d'un orage qu'aurait pu traverser l'avion. "Il se peut aussi qu'il soit entré dans un cumulonimbus particulièrement fort", explique encore l'ancien pilote militaire, "son radar a pu être endommagé s'il a été frappé par la foudre, et il n'a pu éviter le nuage". Et les pilotes le savent, les cumulonimbus peuvent être très dangereux.
Traversés de violents mouvements ascendants, ces nuages peuvent soumettre l'appareil à une accélération verticale de l'ordre de vingt fois la pesanteur. Ce qui signifie que les ailes, au lieu de supporter le poids de l'avion, ont à supporter vingt fois le poids de l'avion... "Les avions civils ne sont pas conçus pour supporter ça, contrairement aux avions militaires", précise l'ancien pilote. Soumis à une telle accélération, l'avion se casse, sa structure se rompt et, privé de ses ailes, il tombe comme un caillou. Il tombe de si haut que lorsqu'il entre en contact avec la surface de la mer, c'est comme s'il percutait un mur de béton: il éclate en morceaux. "Les boîtes noires, elles, sont blindées et conçues pour résister", détaille le pilote, "elles émettent un son repérable par les sonars". Plusieurs avions hélicoptères et navires brésiliens sont déjà à la recherche de ces fameuses boîtes noires, de l'avion et de ses passagers. C'est seulement à ce moment-là que les hypothèses pourront être validées.
Sources Le JDD