Jacques Chirac fait ses adieux officiels à l'Afrique

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Il fait ses adieux, donc il ne se réprésente pas et ça va être une catastrophe pour la France. C'est certain.

Sommet de Cannes :

Jacques Chirac fait ses « adieux » officiels à l'Afrique

par Laurence Tovi  

En ouverture de la vingt-quatrième Conférence des chefs d'Etat d'Afrique et de France, hier à Cannes, Jacques Chirac a demandé à ses pairs africains de ne pas brader ni piller les richesses du continent, qui, a-t-il rappelé, « détient le tiers des réserves minérales de la planète ».

Festival africain » pour Cannes. La vingt-quatrième Conférence des chefs d'Etat d'Afrique et de France s'est ouverte, hier à Cannes, sous un soleil radieux. Une trentaine de chefs d'Etat ont gravi, dans la matinée, les célèbres marches du Palais des Festivals, protégé par un important dispositif de sécurité. Ils ont été accueillis par Jacques Chirac à qui ils étaient venus faire leurs « adieux officiels », puisqu'il est peu probable que le président brigue un troisième mandat.

Une page des relations entre la France et l'Afrique est en train de se tourner. Paris se voit concurrencé sur ses « terres traditionnelles » par d'autres puissances, notamment émergentes. Et aucun des candidats à l'élection présidentielle en France ne revendique, aujourd'hui, l'héritage de la politique africaine de Jacques Chirac. Le chef de l'Etat a donc délivré un discours en forme de testament, avec une touche de sentiments personnels. Remerciant ses pairs africains pour leur présence : « Elle me touche d'autant plus que j'ai tissé, de longue date, des liens personnels avec beaucoup d'entre vous et, vous le savez, j'aime et je respecte l'Afrique », a-t-il glissé.

S'interrogant sur la place de l'Afrique dans la mondialisation, le président a lancé un avertissement dont la Chine, engagée dans une course pour le contrôle des ressources naturelles, semblait le principal destinataire. « Soit la facilité du court-terme et les égoïsmes l'emportent, et l'Afrique peut, une nouvelle fois, être mise au pillage, laissée pour compte de la prospérité, isolée dans ses difficultés (...), a-t-il mis en garde. Soit, a-t-il ajouté, nous relevons le défi du développement et l'Afrique prendra toute sa place dans la mondialisation pour devenir un pôle de paix et de prospérité. »

Moindre influence

Persuadé que « l'Afrique a tous les atouts et toutes les chances », Jacques Chirac s'est aussi livré à une petite leçon d'économie et de politique. « Le continent détient le tiers des réserves minérales de la planète. C'est un trésor. Mais il ne doit être ni pillé ni bradé (...). Il faut plus de transparence », a-t-il martelé, invitant au passage les dirigeants africains à diversifier leurs économies. Et Jacques Chirac s'est interrogé ouvertement sur les conséquences d'un doublement de la population africaine au cours du prochain siècle. « Il appartient à chaque pays africain de décider de sa politique démographique. Mais il est du devoir de l'Afrique et du monde de prendre conscience des enjeux », a-t-il lancé.

Malgré les liens particuliers entre l'Afrique et la France, si régulièrement vantés par Jacques Chirac, l'influence de Paris est en perte de vitesse sur le continent. Son réseau de coopérants a été réduit comme peau de chagrin. L'Hexagone n'a plus les moyens de jouer, seul, le « gendarme » dans les conflits, encore trop nombreux, en Afrique. Et son aide publique au développement n'est qu'une goutte d'eau au regard des défis éducatifs ou sanitaires que doit relever le continent. La relève est donc nécessaire. Jacques Chirac n'a, il est vrai, pas ménagé ses efforts, ces dernières années, pour élever l'Afrique au rang des priorités des grandes rencontres internationales. La présence, hier, de la chancelière allemande, Angela Merkel, dont le pays exerce la double présidence du G8 et de l'Union européenne augure, d'une certaine façon, le passage de témoin.

Un vrai « partenariat »

La chancelière allemande a confirmé, hier, la tenue d'un sommet Union européenne-Afrique au second semestre au Portugal. Prévu à l'origine pour avril 2003, ce sommet avait été reporté sine die en raison de divergences, notamment autour de la venue du président du Zimbabwe, Robert Mugabe. L'Union européenne avait aussi d'autres priorités, notamment l'intégration de ses nouveaux membres. Mais les drames à répétition de l'immigration clandestine aux Canaries ont remis l'Afrique sur les radars européens.

Puisant dans ses souvenirs personnels, Angela Merkel a rappelé, hier, aux dirigeants africains le bouleversement historique qu'a représenté la réunification européenne. « Ce que nous avons su faire en Europe doit être réalisé sur votre continent », a-t-elle estimé. « Cela réclame vos efforts (...) et nous voulons vous aider à réaliser ce rêve pour votre continent. C'est pour nous un devoir », a martelé avec émotion la chancelière allemande, qui a souhaité un véritable « partenariat » entre l'Europe et l'Afrique, et souligné la « nécessité d'un dialogue constructif ». Une façon de dire : fini la politique paternaliste et chacun doit prendre ses responsabilités.

Sources Les Echos

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans JACQUES CHIRAC

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article