Battisti attendra à Brasilia une décision sur son extradition
L'ex-activiste italien Battisti attendra à Brasilia
une décision sur son extradition
L'ex-activiste italien d'extrême gauche Cesare Battisti était lundi en cours de transfèrement vers Brasilia, où sera examinée la procédure d'extradition lancée par la justice italienne, au lendemain de son arrestation à Rio de Janeiro.
Cesare Battisti, qui selon un porte-parole de la police brésilienne "se porte bien", a quitté les locaux de la police fédérale de Rio de Janeiro dissimulé dans une voiture et devait être transféré par avion vers un centre de détention à Brasilia.
A Rome, le ministre italien de la Justice Clemente Mastella a souhaité que l'extradition intervienne "le plus rapidement possible".
La demande d'extradition sera examinée par le Tribunal fédéral suprême (STF) qui pourrait prendre cinq à six mois pour se prononcer, selon des sources judiciaires brésiliennes. Un traité d'extradition est en vigueur depuis 1993 entre le Brésil et l'Italie.
Battisti a été condamné par contumace en 1993 par la cour d'assises de Milan à la réclusion à perpétuité pour sa participation à quatre meurtres commis en 1978 et 1979, dont celui d'un bijoutier milanais. Il nie sa participation aux meurtres.
Deux avocats français de Battisti, Mes Eric Turcon et Edgar Vincensini, sont arrivés lundi à Rio et ont rencontré leur client. Me Turcon a annoncé qu'ils allaient s'opposer à son extradition.
"La procédure italienne par contumace est complètement illégale", a affirmé l'avocat. "Nous allons faire en sorte qu'il ne soit pas extradé en Italie", a-t-il dit.
Ancien dirigeant d'un groupe d'extrême gauche, les Prolétaires armés pour le communisme (PAC), Battisti était en fuite depuis août 2004. Il avait quitté clandestinement la France, où il était réfugié, peu avant que la justice française ne donne en octobre 2004 son feu vert à son extradition vers l'Italie.
La Cour européenne des droits de l'Homme a jugé lundi irrecevable son ultime recours contre le décret français d'extradition.
Le dernier mot revient désormais à la justice brésilienne.
Le Brésil a jusqu'à présent refusé d'extrader d'anciens activistes italiens des années 1970, notamment des membres des Brigades Rouges, la Constitution n'autorisant pas "l'extradition d'étrangers pour des crimes politiques ou d'opinion".
Arrêté en juin 1979 à Milan et évadé en octobre 1981, Battisti avait trouvé refuge en Amérique latine, puis en France en 1990. Le président socialiste François Mitterrand s'était alors engagé à ne pas extrader les activistes italiens renonçant à la violence, excluant toutefois les crimes de sang.
L'arrestation à Paris en février 2004 de Battisti, devenu gardien d'immeuble puis auteur de romans policiers, avait suscité un mouvement de soutien d'intellectuels et de personnalités politiques de gauche.
Lundi, Nicolas Sarkozy, ministre français de l'Intérieur et candidat à l'élection présidentielle, a été accusé par la gauche d'avoir fait un "coup" électoral.
M. Sarkozy a qualifié cette accusation de "stupide". "L'Italie est une démocratie. Il y a une entraide judiciaire. Fallait-il que la police française refuse de collaborer avec la justice internationale et Interpol?", a-t-il lancé.
Il avait indiqué dimanche que la police française, "comme c'est son devoir", avait communiqué aux autorités brésiliennes "des renseignements" sur le fuyard.
En Italie, le gouvernement de centre-gauche de Romano Prodi a accueilli avec satisfaction une "brillante opération", saluée également par la droite.
A gauche, toutefois, le chef du groupe Refondation communiste (PRC) au Sénat, Giovanni Russo Spena, a critiqué une éventuelle extradition de Battisti. Il a souhaité que l'Italie vote une amnistie pour les crimes terroristes des années 1970 et 1980, période durant laquelle les attentats de l'extrême gauche et de l'extrême droite ont fait quelque 400 victimes.
Touché à l'âge de 15 ans par une balle perdue lors d'un attentat attribué à Battisti, Alberto Torregiani, resté tétraplégique, a en revanche déclaré que l'ancien activiste devait "payer pour tout et jusqu'au bout".
Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt