Une analyse israélienne de l'effet Sarkozy

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Une analyse israélienne de l'effet Sarkozy

par Bismi Info

Daniel Bensimon, journaliste, reporter et écrivain, analyste politique au Haaretz, a été invité par le CCIIF, la chambre de commerce et d'industrie Israël France, à répondre aux interrogations des Israéliens sur le succès de Sarkozy auprès de ses électeurs franco-israéliens. Compte-rendu

Pourquoi 90 % des personnes résidant en Israël inscrits au consulat général de France ont-elles voté pour Nicolas Sarkozy ? Daniel Bensimon, envoyé en France par le quotidien Haaretz pour couvrir les élections présidentielles françaises a rencontré plusieurs personnes qui ont étayé ses propres réponses.

En se rendant à un rendez-vous avez le philosophe Bernard-Henri Lévy, dans un café du boulevard Saint-Germain, il rencontre Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement Jospin. Daniel Bensimon de lui demander : "Que s'est-il passé avec ces élections ?"

Hubert Védrine de lui répondre qu'il ne faut pas chercher de réponse du côté des émeutes de l'automne 2005. La raison pour laquelle Nicolas Sarkozy a connu un tel succès est parce qu'il a promis un avenir meilleur. C'est l'économie libérale qui va s'intégrer dans une économie globale contre une économie sous gouvernement socialiste.

"Et je dis cela en tant que personne qui a travaillé 14 ans auprès de Mitterrand, et comme ancien ministre des Affaires étrangères." La France va-t-elle s'inscrire dans l'économie européenne ou bien restera-t-elle derrière ? Les Français ont voté pour qu'elle ne soit pas à la traîne.

A Bernard Henri-Lévy, il pose la même question. Pour le philosophe, la réponse est à trouver dans l'idée de l'identité nationale. C'est elle qui s'était exprimée dans le vote des Français. "Les Français ont choisi le modèle républicain qu'avait proposé Sarkozy." La France n'est pas une fédération d'étrangers. Peu importe qu'il soit musulman, juif ou italien. Le Français est français avant tout.

Et la France proposée par Ségolène Royal a fait peur et perturbé l'idée nationale, c'est-à-dire que chacun pratique sa langue, ait sa propre identité, sa propre culture. "Ça leur a fait très peur. Ils n'ont pas voté pour lui pour des raisons sociales ou économiques mais pour l'identité nationale", a conclu le philosophe.

Avant de retourner en Israël, Daniel Bensimon s'est aventuré en banlieue parisienne, à Drancy. Cette banlieue de Seine-Saint-Denis a été un des principaux lieux de déportation de Juifs vers les camps nazis. Et pourtant, constate Bensimon, les Juifs continuent d'y vivre. A la rencontre d'une communauté plutôt séfarade qu'ashkénaze, celle-ci a déclaré voter Sarkozy. "C'est sûr. Parce que lui, il va s'occuper des Arabes."

En cela, Daniel Bensimon a expliqué à l'assemblée que plusieurs problèmes se posaient sur le retour en force de l'identité, et ce dans une société laïque. Qui a ramené cette identité ? "Les juifs et les musulmans. Et les Français ne savent pas quoi en faire." Par exemple, comment soigner une femme couverte de la tête aux pieds, avec un Coran à sa gauche, un tapis de prière à sa droite ?

Un homme ou une femme doit-elle la soigner ? Une photo d'identité est-elle valide pour un passeport quand, de même, la femme est voilée ? Faut-il montrer un bout du front de la femme ? Un photographe a-t-il le droit de la photographier, ou est-ce réservé à un Photomaton ? A Marseille, certaines rues sont bloquées à certaines heures du jour parce que des hommes prient sur le trottoir.

Que faire ? Ces sujets sont traités dans les plus hautes sphères politiques. Parce que la société française a changé ces dernières années, et doit intégrer de nouvelles donnes.

A une quinzaine de stations de métro des Champs-Elysées, le maire de Montfermeil ne veut pas rentrer dans certains quartiers de sa ville, continue Daniel Bensimon. Les Français qui voulaient que leur président s'occupe des Arabes sont passés de Le Pen à Sarkozy. Le million qui n'a pas voté pour Le Pen a voté pour Sarkozy. Le Pen a déclaré qu'il n'avait pas perdu d'un point de vue personnel, mais que Sarkozy lui avait volé ses voix.

Nicolas Sarkozy est un président qui dit : "J'aime l'Amérique. J'aime Israël." C'est une nouvelle ère qui commence, une ère de l'abandon du double langage. Selon Bensimon, Nicolas Sarkozy n'est pas une personne qui parle pour ne rien dire.

Eu égard aux rapports avec Israël, cela dépendra du prochain ministre des Affaires étrangères. En effet, si Nicolas Sarkozy, le nouveau président de la République française aime Israël, il faudra voir ce qu'en pense le Quai d'Orsay, car, prévient Daniel Bensimon, si la France a un nouveau président
, le Quai d'Orsay, lui, ne change pas.

Sources Bismi Info

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Sarkozy-Israel

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