Rachida Dati, une Justice symbolique

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Rachida Dati, une Justice symbolique

Par Alain AUFFRAY


La magistrate est la première fille d'immigrés maghrébins à obtenir un ministère régalien.

Jamais élue. Même pas militante : pour les barons de la droite frustrés d'avoir été écartés, sa promotion est à mettre au compte de la discrimination positive, principe cher à Nicolas Sarkozy et combattu par les chiraquiens. Dans ce gouvernement essentiellement peuplé de fils et filles de bonne famille éduqués dans les meilleures écoles, Rachida Dati symbolise l'ouverture aux Français d'origine immigrée, à cette «diversité» que les partis politiques se sont engagés à prendre en compte. Que cette promesse soit tenue par le président Sarkozy met la gauche face à ses propres atermoiements. Fille d'un ouvrier marocain, Rachida Dati est la première personnalité d'origine maghrébine à décrocher un ministère régalien.


Déterminée. Sur son CV, Rachida Dati, 41 ans, mentionne qu'avant d'être diplômée de l'Institut supérieur des affaires puis de l'Ecole nationale de la magistrature elle fut aide-soignante. Deuxième d'une fratrie de douze enfants, elle a grandi dans un HLM de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), s'occupant de ses frères et soeurs aux côtés de sa mère, femme de ménage algérienne, «lumière de sa vie», aujourd'hui décédée. Son vieux père collectionne les photos de sa fille dans les journaux et magazines où, adolescente, Rachida Dati observait le parcours des puissants et les chemins de l'ascension sociale. Pour réussir, elle pensait ne pouvoir se contenter d'être bonne élève. Déterminée à s'arracher à son milieu social, elle s'est aussi imposée à force de candidatures spontanées. Son premier rendez-vous avec Sarkozy, elle ne l'a obtenu qu'à la troisième tentative, après deux courriers restés sans réponse. A partir de 2002, elle sera conseillère du ministre de l'Intérieur, en charge du projet de loi sur la prévention de la délinquance.
Soulagée. Pour son entrée en fonction Place Vendôme vendredi, elle s'était fait accompagner par Albin Chalandon, aujourd'hui âgé de 87 ans. Il y a tout juste vingt ans, étudiante à Dijon, elle s'était fait inviter à une réception pour demander rendez-vous à celui qui était alors garde des Sceaux pendant la première cohabitation. Elle s'en réclame comme son premier mentor, avant Jacques Attali, Simone Veil et Bernard Kouchner.
Souvent donnée favorite pour le ministère de l'Immigration, elle doit être soulagée d'y échapper : elle ne voulait pas apparaître comme la beurette de service, «l'Arabe qui s'occupe des Arabes». «Souhaitez-moi bonne chance», a-t-elle demandé vendredi en conclusion de son discours devant les fonctionnaires du ministère de la Justice. Il lui en faudra, de la chance, pour mettre en oeuvre sans trop de remous les promesses musclées de Nicolas Sarkozy sur la justice des mineurs ou les peines planchers pour les récidivistes. Elle se sait attendue au tournant. Par des magistrats et avocats vent debout contre ces projets. Mais aussi par ses concurrents ministrables de l'UMP, qui guettent déjà le premier faux pas de la novice.

Sources Libération

Posté par Adriana Evangelizt


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