Deby reçoit Kouchner et entrouvre la porte à une force dans l'est du Tchad
Deby reçoit Kouchner et entrouvre la porte
à une force dans l'est du Tchad
Le président tchadien Idriss Deby Itno a entrouvert dimanche la porte à une force internationale dans l'est de son pays, contaminé par le conflit au Darfour voisin, un projet que lui a présenté le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner en visite à N'Djamena.
M. Kouchner a entamé jeudi une tournée en Afrique afin de définir les contours d'une "initiative française" sur le Darfour - ravagé par la guerre civile depuis 2003 - "priorité" du ministre français qui doit rencontrer dimanche le président soudanais Omar el-Béchir à Khartoum.
Cette initiative doit notamment concerner l'est du Tchad où plus de 160.000 Tchadiens, déplacés par la multiplication des violences transfrontalières - prolongements du conflit du Darfour, qui a également avivé des conflits intercommunautaires - sont venus s'ajouter aux près de 230.000 réfugiés soudanais ayant fui le Darfour.
Après un tête-à-tête dimanche de près d'une heure avec M. Kouchner à N'Djamena, le président Deby s'est dit disposé à discuter de l'envoi d'une force internationale à vocation "humanitaire" dans cette partie du pays.
A un journaliste qui lui demandait s'il acceptait le déploiement d'une telle force, proposée par la France, M. Deby a répondu: "La discussion va se faire autour de quelle formule (devra être choisie, ndlr). Sur le principe, nous sommes d'accord sur un certain nombre de points précis qui seront rendus publics avant le 25 juin".
A cette date est prévue à Paris une conférence internationale sur le Darfour, région de l'ouest du Soudan où plusieurs groupes rebelles affrontent l'armée soudanaise, soutenue par des milices "janjawid", accusées de nombreuses exactions contre les civils.
"J'ai élaboré avec le président Deby un certain nombre de possibilités que nous allons travailler avec un groupe de trois personnes de chaque côté à Paris dans quelques jours, et ici à nouveau", a précisé de son côté M. Kouchner.
Cette force serait composée "de soldats français, européens et tchadiens ainsi que de gendarmes d'autres pays africains, sous drapeau onusien", a indiqué une source diplomatique.
La mission de la force proposée par la France consisterait à "sécuriser" l'environnement des camps de déplacés et de réfugiés, mais aussi "à aider à réinstaller les déplacés dans leurs villages", a ajouté cette source.
Plus d'un millier de soldats français, épaulés par des avions de chasse et des hélicoptères, sont stationnés au Tchad dans le cadre du dispositif Epervier déployé depuis 1986. M. Kouchner leur a rendu visite dans leur base de N'Djamena dimanche matin.
Après avoir donné son accord de principe fin 2006, le Tchad avait finalement fait savoir fin février qu'il refusait le déploiement d'une force militaire que l'ONU souhaitait envoyer pour sécuriser ses frontières avec le Darfour et la Centrafrique.
Ce changement d'attitude s'explique par le fait que "cette force a été centrée sur les enjeux humanitaires", selon la source diplomatique, "à l'origine, il était question de sécurisation des frontières, une tâche que les Tchadiens veulent accomplir eux-mêmes".
Bernard Kouchner s'était rendu samedi dans un camp de réfugiés et sur un site de déplacés dans la région de Goz Beïda, à plus de 700 km à l'est de N'Djamena.
Dimanche, à Khartoum, le chef de la diplomatie française s'entretiendra avec Omar el-Béchir de l'envoi d'une force hydride ONU-UA (Union africaine) de quelque 20.000 hommes au Darfour, que les autorités soudanaises tardent à autoriser.
La guerre au Darfour et ses conséquences ont fait quelque 200.000 morts, selon l'ONU, et déplacé plus de 2,1 millions de Soudanais, chiffres que conteste Khartoum.
Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt