L'assistante du général Rondot confirme le témoignage visant M. de Villepin

Publié le par Adriana EVANGELIZT

L'assistante du général Rondot confirme le témoignage

 visant M. de Villepin

par Gérard Davet  

Sans la famille Rondot, voici la nièce, Stéphane Q. Interrogée le 4 juillet par les enquêteurs de la division nationale des investigations financières (DNIF), celle qui fut sa secrétaire particulière au ministère de la défense a confirmé le contenu des notes attribuées au général Philippe Rondot. En particulier, les documents à usage interne, datés du 26 mai et du 30 juin 2004, qui mettent en lumière le rôle joué, selon le militaire, par Dominique de Villepin.

L'ancien premier ministre y était notamment accusé, par Jean-Louis Gergorin, d'avoir organisé l'envoi des listings informatiques falsifiés au juge Renaud Van Ruymbeke. Ces notes avaient été ensuite effacées par le général Rondot. "Il s'agit bien des notes que j'ai détruites après en avoir obtenu l'accord de M. Dominique de Villepin, le 19 juillet 2004", a précisé le militaire, devant les juges, le 4 juillet. Le même jour, sa nièce témoignait devant les policiers : "Il s'agissait de notes qui étaient destinées à son usage personnel, pour mémoire, et non pour sa hiérarchie", a-t-elle expliqué. "Je confirme que le CROS [le général Rondot] qui me faisait taper ces notes décrivait sa vision de la situation, qu'il était sincère (…). Je vous rappelle qu'il s'agissait de notes destinées à son propre usage."

Pour Stéphane Q., le général Rondot n'avait aucun intérêt à travestir la vérité. Son témoignage, qui authentifie ces notes, décrit le contexte de l'époque. En particulier ce 26 mai 2004, quand Jean-Louis Gergorin, quelques jours plus tôt, a indiqué au général Rondot que les courriers anonymes, contenant les listings de comptes occultes attribués à des personnalités politiques – dont Nicolas Sarkozy – avaient été adressés au juge Van Ruymbeke sur instruction de M. de Villepin. "Je me souviens que le CROS n'était pas très content de ce qu'il découvrait (…). Il se retrouvait dans une situation délicate, où il n'avait plus la maîtrise des investigations à mener pour vérifier la véracité des listings, a-t-elle déclaré. Je ne puis vous dire ce qui prédomine à l'époque dans l'esprit du CROS : la colère d'être mis devant un fait accompli (la visite de Renaud Van Ruymbeke par Jean-Louis Gergorin avec accord de Dominique de Villepin selon Jean-Louis Gergorin) et la volonté de 'décrocher' de cette histoire qui apparaissait de plus en plus opaque".

Il y a aussi cette mention sur une autre note effacée datée 30 juin 2004 : selon Imad Lahoud, suspecté d'être le falsificateur des listings, M. Gergorin devait "balancer Nicolas Sarkozy", sur ordre de M. de Villepin, mais aussi de M. Chirac. "J'ai également tapé cette note (…). Je me souviens que l'on se disait que tout cela était malsain", s'est-elle souvenue.

Le 19 juillet 2004, le militaire revoit M. de Villepin. "J'ai résumé le contenu de ces quatre notes à Dominique de Villepin, a expliqué le général Rondot sur procès-verbal, le 26 juin. Dominique de Villepin me donne son accord pour la destruction de ces quatre notes et de la disquette." Les documents sont effacés de l'ordinateur du général Rondot par sa nièce, Stéphane Q. "J'ai en effet supprimé tous les fichiers sensibles", a-t-elle dit aux policiers, ayant agi sur ordre de son oncle. Ces mêmes fichiers qui seront exhumés par une expertise informatique, le 27 juin, trois ans plus tard.

Confronté à l'évidence, le général Rondot ne fait plus de difficultés quand il est de nouveau interrogé par les juges, le 4 juillet. "Jean-Louis Gergorin ne m'a donné aucune précision sur les instructions qu'il disait avoir reçues de Dominique de Villepin pour 'parler au juge Van Ruymbeke', a-t-il dit. J'imagine que faute d'avoir pu obtenir de moi les résultats qu'il escomptait, il avait proposé au ministre d'aller plus loin en frappant plus haut." M. Gergorin avait aussi rapporté la phrase de M. de Villepin, "soucieux de ne pas apparaître dans le scénario". "Je pense que ça fait référence au scénario Jean-Louis Gergorin-Van Ruymbeke, a indiqué le militaire, c'est-à-dire toute l'instrumentalisation du juge Van Ruymbeke par Jean-Louis Gergorin." Les juges d'Huy et Pons n'en espéraient pas tant. Les voici en possession de notes accusatrices pour M. de Villepin, authentifiées par la secrétaire du général Rondot. Il apparaît aussi clairement que M. de Villepin a autorisé la destruction de ces notes compromettantes, lui qui était déjà suspecté d'avoir passé au broyeur une note de la DST.

Autant d'éléments qui, en l'attente du témoignage essentiel de M. Gergorin, le 18 juillet, leur ont permis de convoquer M. de Villepin, le 27 juillet. En lui précisant qu'ils envisageaient sa mise en examen pour quatre chefs : "complicité de dénonciation calomnieuse", "recel de vol", "recel d'abus de confiance", et "complicité d'usage de faux".

Et ils ne renoncent toujours pas à remonter jusqu'à Jacques Chirac. Avec cette interrogation majeure : comment le général Rondot a-t-il pu rédiger une note, dès le 23 novembre 2003, sur Clearstream, titrée "Opération réservée PR [président de la République]", alors qu'il n'aurait reçu des instructions de M. de Villepin, sur ordre de M. Chirac, que deux mois plus tard, lors de la réunion du 9 janvier 2004 ?

Sources Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt


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