Clearstream: Gergorin confirme la mise en cause de Villepin

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Clearstream: Gergorin confirme la mise en cause de Villepin



Le corbeau présumé de l'affaire Clearstream, Jean-Louis Gergorin, a confirmé vendredi dernier aux juges d'instruction que l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin lui avait demandé "de ne pas apparaître" dans ce dossier, a-t-on appris mardi de sources judiciaires.

Devant les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, M. Gergorin a confirmé "la substance" d'une note du général Rondot datée du 26 mai 2004. "M. de Villepin s'était montré très satisfait que le juge (Renaud) Van Ruymbeke ait lancé une enquête vigoureuse auprès de Clearstream", a souligné M. Gergorin.

Son audition a en effet principalement porté sur les notes du général Philippe Rondot, ancien coordinateur du renseignement au ministère de la Défense, récemment trouvées dans l'ordinateur du militaire. Dans ces notes, il mentionne rendez-vous et conversations avec M. Gergorin, un ancien responsable d'EADS, et l'informaticien Imad Lahoud.

En mai 2004, M. Gergorin lui aurait affirmé avoir transmis les listings Clearstream au juge Van Ruymbeke, à la demande de M. de Villepin, qui aurait agi lui-même sur instruction du président de la République, Jacques Chirac. M. Rondot avait noté que M. Gergorin avait alors fait état d'un Dominique de Villepin "jubilatoire mais surtout soucieux de ne pas apparaître dans le scénario".

S'il dit ne pas se souvenir du terme "jubilatoire", Jean-Louis Gergorin a cependant confirmé la satisfaction de l'ancien ministre de Affaires étrangères "qu'un processus de démantèlement du système Clearstream était en train de progresser rapidement", après la saisine du juge Renaud Van Ruymbeke. "Ce qui pourrait expliquer la mention 'jubilatoire'", a-t-il expliqué vendredi.

Dans le premier document transmis le 2 mai par M. Gergorin au juge Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur l'affaire des frégates de Taïwan, seuls figuraient les noms d'industriels. Les noms de politiques, notamment celui de Nicolas Sarkozy, ne sont apparus que dans les envois suivants fin mai et en juin 2004.

Concernant la note du 26 mai 2004, M. Gergorin a ajouté: "M. de Villepin m'avait effectivement rappelé combien il était essentiel que son rôle et, implicitement celui du président de la République, n'apparaisse en aucune façon" dans l'affaire Clearstream.

Et "ce d'autant plus que je m'étais moi-même exposé à visage découvert auprès du juge Van Ruymbeke", a-t-il souligné précisant un peu plus loin dans son audition qu'il s'imaginait bien avoir employé une expression du type "soucieux de ne pas apparaître".

M. Gergorin, un ancien vice-président d'EADS, a par ailleurs démenti avoir reçu des "instructions de Dominique de Villepin 'de balancer Nicolas Sarkozy'. Les seules dont j'ai parlé à Imad Lahoud sont celles début avril 2004 que j'ai déjà commentées, de saisir ou informer un juge, sur 'instruction du président de la République'".

A la fin de son audition, M. Gergorin a justifié son refus de dévoiler aux juges, lors de ses premières auditions, ses rencontres avec M. de Villepin car il se sentait "lié par le secret le plus absolu" demandé par ce dernier "sur l'enquête confiée par le président de la République au général Rondot sur l'affaire Clearstream".

Un secret qu'il a rompu après que les notes retrouvées sur le portable du général Rondot aient été versées au dossier début juillet.

M. Gergorin et Imad Lahoud, suspecté d'avoir falsifié les fameux listings Clearstream pour impliquer des personnalités, ont été mis en examen en 2006 notamment pour "dénonciation calomnieuse".

Le premier a reconnu être le fameux "corbeau" qui a adressé à la justice les listings de la société Clearstream mettant en cause de nombreuses personnalités. Le second est suspecté d'avoir falsifié ces documents et d'y avoir ajouté des noms. Dominique de Villepin est convoqué vendredi par les juges d'instruction en vue de sa mise en examen dans ce dossier. AP

Sources Nouvel Observateur

Posté par Adriana Evangelizt

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