Politique étrangère de Sarkozy : libéralisme et atlantisme

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Voilà un commentaire de Monique Chemillier-Gendreau -que vous pourrez aussi voir en video, le lien est en bas- qui date du 4 mai, donc avant les élections.

 

 

Politique étrangère de Sarkozy : libéralisme et atlantisme


Quelle serait la politique étrangère de Nicolas Sarkozy ? Réponse de Monique Chemillier-Gendreau ; professeur de sciences politiques à Paris VII.

Entretien avec Monique Chemillier-Gendreau, Professeur émérite de droit public et de sciences politiques à l’université Denis-Diderot-Paris-VII, extrait du film Réfutations, de Thomas Lacoste.

Tout le monde a constaté que la politique internationale, Europe comprise, était terriblement absente de ces débats, d’une manière générale. Mais nous savons pourtant quelle serait la politique internationale de Sarkozy, et les dangers qui guettent de ce côté là s’il était élu. Nous savons bien que d’un seul coup, le peu de positif dans la tradition française - c’est à dire la ligne d’opposition au diktats du monde anglo-saxon - serait immédiatement gommé.

Ce serait l’alignement sur les valeurs militaristes, guerrières, les valeurs d’alliance aveugle avec Israel, toutes ces valeurs qui ont conduit au chaos en Irak, en Afghanistan, en Palestine bien sûr, en Somalie, etc...

Ce serait parallèlement la diabolisation aggravée - c’est parfaitement annoncé - du monde arabe et islamique, et l’utilisation de tous les moyens pour imposer encore plus le modèle en cours, qui est un modèle de domination et de prédation.

Alors - il faut bien quand même mesurer le danger - se trouverait accru le nombre de ces humains que l’on peut qualifier - en reprenant l’expression d’Hannah Arendt - d’humains superflus. C’est à dire les réfugiés politiques et écologiques désormais, les victimes des guerres, les victimes des pillages, les chômeurs dans nos pays développés, les immigrés pourchassés, les étrangers suspectés de terrorisme sur leur simple origine, etc...

Et au lieu de contribuer à ce qui est une urgence, c’est à dire à réduire cette immense fracture humaine, l’alignement est annoncé sur la politique de Bush. Il n’y aura donc plus de ligne française à l’ONU. Du coup, le risque d’attentats contre la France sera accru, très clairement, le droit international balayé, comme le montre l’exemple de Guantanamo, que Nicolas Sarkozy s’est bien gardé de critiquer.

Et donc les espoirs sur lesquels on peut fonder une politique internationale renouvelée, qui sont des espoirs de démilitarisation du monde, et de progrès d’un multilatéralisme démocratique entre tous les peuples - ces espoirs là seront à coup sûr évanouis.

Enfin pour ce qui est de l’Europe, le nouveau départ nécessaire, où la France doit d’urgence retrouver une part active, se fera sur une ligne libérale accentuée et nettement atlantiste, l’Europe sociale s’éloignera, et les lignes d’affrontements avec le monde arabe que j’ai dessinées tout à l’heure, mais aussi avec la Russie et la Chine, seront durcies.

Donc le monde sera infiniment plus dangereux. Voila, en ce qui concerne la politique internationale, la lourde responsabilité que les français vont avoir en main le six mai. Voudront-ils accepter ce que je viens de résumer là, ou au contraire essayer de construire autre chose.

Réfutations, un film de Thomas Lacoste.

Ce document est visible dans son intégralité sur le site :

Mouvements

L’intervention de Monique Chemillier-Gendreau est située dans la quatrième partie.

Liste des intervenants

Eric Fassin, sociologue et américaniste à l’Ecole normale supérieure (ENS)

Thomas Piketty, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)

Michel Husson, administrateur de l’INSEE, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales, membre de la Fondation Copernic

Anne Debrégeas, ingénieur au centre de recherche d’EDF, fédération SUD-Energie

Christian Lehmann, médecin généraliste et écrivain

Bruno Julliard, président de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF)

Alain Trautmann, codirecteur du département de biologie cellulaire de l’Institut Cochin (Paris) et animateur du mouvement « Sauvons la recherche »

Jeanne Balibar, comédienne et chanteuse

Louis-Georges Tin, maître de conférences à l’IUFM d’Orléans, porte-parole du Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) et fondateur de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie

Richard Moyon, porte-parole de Réseau Education Sans Frontière (RESF) et enseignant de lettres et d’histoire

Emmanuel Terray, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et membre du Cercle Migrations et libertés (CMIL)

Nacira Guénif-Souilamas, maître de conférences à l’université Paris-XIII et chercheuse au laboratoire Experice et au CADIS (EHESS-CNRS)

Hélène Franco, secrétaire générale du syndicat de la magistrature et juge pour enfants au tribunal de Bobigny en Seine-Saint-Denis

Thomas Heams, administrateur de la C6R-Paris et biologiste maître de conférences en génomique fonctionnelle animale à l’Institut national agronomique Paris-Grignon

Susan George, présidente du conseil du Transnational Institute, ancienne vice-présidente d’ATTAC

Monique Chemillier-Gendreau, juriste internationale, professeure émérite de droit public et de sciences politiques à l’université Denis-Diderot-Paris-VII, présidente d’honneur de l’Association européenne des juristes pour la démocratie et les droits de l’homme dans le monde

Sources Contreinfo

Posté par Adriana Evangelizt

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Publié dans SARKOZY NEO CONS

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