EADS : le scandale est officiel, Lagardère et Breton épinglés

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Et voilà !

EADS : le scandale est officiel, Lagardère et Breton épinglés

par Philippe Cohen




Le rapport de l'Autorité des Marchés financiers met sur la place publique ce qui se savait depuis longtemps au plus haut sommet de l'Etat : à l'exception de Louis Gallois, l'ensemble des dirigeants d'EADS, Français ou Allemands, ont profité de leur position pour vendre au plus haut leurs actions de l'entreprise.

Cette fois-ci, l'Autorité des marchés financiers a « fait le job » qu'on attend d'elle : la note dont le quotidien Le Figaro s'est fait l'écho mercredi 3 octobre, met en cause l'ensemble de l'état-major d'EADS, à l'exception notable du Président d'EADS Louis Gallois. Elle jette aussi un regard cru sur le rôle de Thierry Breton, qui avait succédé à Nicolas Sarkozy à Bercy. La quasi-totalité de l'état-major d'EADS connaissait donc parfaitement dès le mois de mai 2005 l'existence de gros problèmes dans les usines du groupe, problèmes qui allaient entraîner un retard dans la mise au point de l'A380 et pénaliser l'exploitation et les profits de l'entreprise. Toutes ces belles âmes ont choisi de se servir dans la caisse en vendant leurs actions au moment où l'action EADS était au plus haut puisque les marchés et le public ne détenaient pas cette information sur les difficultés à venir. Total du butin : 90 millions d'euros ! En droit, cela s'appelle un délit d'initié, et cela amène ceux qui en sont convaincus au pénal avec le risque de peines de prison avec sursis. AU total, 1200 cadres seraient concernés ! mais l'AMF a choisi de concentrer ses tirs sur les plus hauts dirigeants.

L'extrait de la note interne à Bercy est, à elle seule, un énorme scandale dans le scandale :
« Nous avons conclu après cette réunion qu'EADS allait traverser une zone de turbulences et qu'en conséquence, il était opportun pour l'Etat de profiter de la valorisation du titre de l'époque qui n'intégrait que les nouvelles positives de l'exercice écoulé et de proposer au ministre une cession partielle de la participation de l'Etat. » Traduction pour le commun des mortels : non seulement l'Etat agit comme un actionnaire privé veillant à ses intérêts à court terme au détriment de l'intérêt stratégique de l'entreprise, mais en plus il est prêt pour cela à transgresser la loi ! Le ton froid et anodin de la note exprime mieux qu'un long discours la profonde dégradation de l'esprit public et du sens de l'Etat : l'inspecteur des finances auteur de cette lettre n'a aucunement conscience qu'en suggérant au Ministre de vendre les participations de l'Etat, il risque de le mettre hors la loi : en l'occurrence, et c'est sans doute le clou de ce dossier, l'Etat a lui-même commis, via Thierry Breton, un délit d'initié !

Que va-t-il se passer à présent ? On notera d'abord que la note de l'AMF ne fait que confirmer ce qui se disait depuis fort longtemps dans l'entourage de Sarkozy. Ce n'est pas pour rien que le président a semblé prendre ses distances avec celui qui l'appelle « son frère », notamment après que ce dernier ait été entendu le 28 mai, 9 heures durant, par les fins limiers de l'AMF. Quand à Thierry Breton, considéré par Sarkozy depuis le départ comme un pion de Chirac, on comprend que sa seule solution professionnelle ait été de retourner travailler dans le secteur privé, où, hélas, l'égoïsme, même quasi-frauduleux, n'est pas considéré comme un défaut…. C'est justement ce qui débloque dans le néolibéralisme : le refus de payer le travail par un salaire auquel les entreprises préfèrent substituer des stocks options aboutit à des comportements illicites et aberrant pour l'intérêt de l'entreprise, de ses salariés et de ses petits actionnaires. Voilà qui peut faire exploser la machine.

Il reste à deviner comment va réagir l'Etat-actionnaire au sein d'EADS : Nicolas Sarkozy a une occasion unique d'éloigner Arnaud Lagardère d'une entreprise et d'un secteur qui ne l'a jamais intéressé. Et de montrer que les discours vitupérant d'Henri Guaino contre les « patrons-voyous » durant la campagne valaient engagement présidentiel. Le problème va devenir de savoir si lesdits patrons-voyous sont l'exception ou la règle d'un système devenu fou.

Arnaud Lagardère a de son côté fait savoir en fin de matinée qu'il portait plainte contre Le Figaro.

Sources Marianne

Posté par Adriana Evangelizt


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