Villepin s'en prend aux pouvoirs
Villepin s'en prend aux pouvoirs
par Mathieu Van Berchem
Dominique de Villepin dresse un portrait plutôt sombre de l'Empire. De Napoléon à Nicolas Sarkozy, l'ancien premier ministre attaque l'esprit de cour d'hier et d'aujourd'hui.
Dans son ouvrage, Villepin reprend l’histoire de Napoléon, sans oublier la politique de son temps: «Le régime présidentiel ne me paraît pas adapté à l’esprit de nos institutions.» UNE LIBRAIRIE À NANTES, LE 4 OCTOBRE 2007
Après la victoire de Nicolas Sarkozy, l'avenir de son ancien rival Dominique de Villepin semblait devoir se réduire à ses études napoléoniennes. Un exil intérieur forcé pour ce diplomate qui n'a jamais affronté le suffrage populaire.
Cinq mois plus tard, il est omniprésent. Attaqué sur tous les fronts, mis en examen dans l'affaire Clearstream, il passe à l'offensive. Au point que les Français le considèrent désormais comme l'une des figures principales de l'opposition, loin devant le socialiste François Hollande.
L'ancien premier ministre nous reçoit en jeans et veston de velours, dans son bureau situé dans une annexe du Ministère des affaires étrangères.
- J'essaie de proposer un regard un peu original sur la chute de l'Empire. Ma conviction est que cette fin ne vient pas par hasard, qu'elle ne se résume pas aux déroutes militaires des dernières années. Le Corse apprivoise en quelque sorte la Révolution en dotant la France d'institutions stables, mais il le fait au mépris d'une certaine idée des libertés et surtout, au travers de l'esprit de conquête: de surenchère en surenchère, l'Empire est comme suspendu à la gloire et à la conquête. Dès que la mécanique s'enraye, dans les années 1807-1808, l'Empire révèle sa fragilité: il est miné de l'intérieur.
- La cour, identifiée et localisée sous la monarchie, ne disparaît pas avec la Révolution. Elle devient clandestine et se mue en esprit de cour, à travers réseaux, clans et coteries, fragilisant du même coup la capacité du pouvoir à s'affirmer clairement. En France, les relations entre le pouvoir et la société n'ont depuis jamais réussi à trouver un juste équilibre.
- Le régime présidentiel ne me paraît pas adapté à l'esprit de nos institutions. D'abord, je crains le pouvoir personnel, dans un pays prompt à suspecter cette tentation. Ensuite, si ce n'est plus le premier ministre, mais le président, qui «détermine la politique de la nation», comment fera-t-on en cas de cohabitation?
- Non. C'est parce que j'estime que le pays a une chance historique d'être réformé que je m'exprime. Le changement est engagé, je dis simplement qu'il faut le faire du bon pied. Il faut se concentrer sur l'essentiel, les réformes économiques et sociales, et ne pas se disperser. En envisageant des réformes institutionnelles, voire un retour dans l'OTAN, en imposant des tests ADN aux immigrés, on risque de diviser la majorité et le pays au lieu de le rassembler.
- La falsification des listings me paraît d'autant moins politique qu'on sait qu'elle est intervenue dès 2003, alors que je n'ai été saisi du dossier qu'en 2004. De nombreuses personnes figurant sur les listings sont issues de groupes industriels, signe qu'il pourrait s'agir de règlements de comptes: on oublie un peu que cette affaire succède à une autre, l'affaire Lagardère-Thomson, qui avait défrayé la chronique dans les années 1990. Je veux simplement ramener cette affaire à de justes proportions et souligner que s'il y a dénonciation calomnieuse dans ce dossier, on ne saurait en aucune façon m'associer à tout ça.
Sources 24 heures
Posté par Adriana Evangelizt