Les lobbies trois fois plus actifs à Bruxelles qu'à Paris
Les lobbies trois fois plus actifs à Bruxelles qu'à Paris
...et pour cause. A ceux qui croient que le pouvoir est encore un peu à l'Elysée, dans les ministères et à l'Assemblée nationale, conseillez-leur de suivre simplement la destination de l'argent du lobbyisme politique...
par Christophe Beaudouin
Directeur de l'Observatoire de l'Europe
Une étude (voir diagramme ci-dessous) présentée ce lundi à Bruxelles par le Professeur David Cohen de la University College of London, démontre que les 60 plus importantes entreprises européennes consacrent trois fois plus de moyens financiers à tenter d'influencer la Commission européenne (23%) et les eurodéputés (19%), que les gouvernements (9,5%) et parlements nationaux (2,5%).
C'est donc bien dans les institutions supranationales européennes que se trouvent les leviers d'influence sur le processus législatif et réglementaire, nulle part ailleurs.
Bruxelles, où sont désormais fabriquées 85% de nos lois, est en effet devenue la capitale mondiale du lobbyisme. Elle comptait dans les années 70 moins de 400 organisations contre 3.000 organisations aujourd'hui employant 15.000 à 20.000 lobbyistes. 1600 représentent des intérêts privés, 400 des intérêts publics et 500 des institutions publiques (missions, ambassades, régions...également considérées comme des "lobbies"...).
Source : Pr David Cohen (University College of London)
C'est dans l'expertise que ces lobbyistes exercent le plus efficacement leur influence à travers la consultation et la "comitologie", c'est à dire les quelques 450 comités préparant le travail législatif et exécutif de la Commission européenne, laquelle rappelons-le a le monopole de l'initiative, dans presque tous les domaines (agriculture, douane et fiscalité, santé, recherche, environnement, transports, industrie, commerce, relations extérieures...).
Ces comités émettent chaque année environ 4700 décisions, avis et propositions sur les initiatives de la Commission. Il est apparu que plusieurs dizaines de ces "experts" siégeant officiellement dans les fameux comités à l'origine de la législation communautaire, étaient par ailleurs rétribués par des entreprises privées...
La liste de ces experts-lobbyistes devrait être publiée prochainement. De même, avec les scandales de corruption liés au lobbying actuellement jugés aux Etats-Unis ou l'affaire Eurostat qui a discrédité l'Union européenne, le commissaire chargé des affaires administratives, d'audit et de la lutte antifraude, Slim Kallas, prépare depuis 2005 une "initiative pour la transparence".
Il s'agit que les lobbyistes professionnels révèlent les intérêts qu'ils représentent, leurs sources de financement, s'inscrivent sur des registres publics et respectent un code de "bonnes pratiques". Une initiative similaire a été prise en France dans le cadre d'un rapport parlementaire des députés UMP Patrick Beaudouin et Arlette Grosskost.
Sources Observatoire de l'Europe
Posté par Adriana Evangelizt