Traité constitutionnel européen : plan B, comme Bonneteau
TRAITÉ CONSTITUTIONNEL EUROPÉEN : PLAN B, COMME BONNETEAU
[Le Canard Enchaîné - 24/10/2007]
C’est embêtant, les référendums. Parfois les peuples ne font pas ce qu’on leur demande. Ainsi celui sur la Constitution européenne : en mai 2005, voilà un an et demi, les Français avaient voté non. Puis les Hollandais. Ce n’était pas prévu au programme. Il fallait contourner l’obstacle. Heureusement que Sarkozy était là ! L’omniprésident a sorti de son chapeau une belle idée de comm’ : on reprend le même texte, on l’époussette, on l’appelle« traité simplifié », et hop! on le fait voter par les parlementaires. Surtout pas par le peuple: le peuple ne sait pas ce qui est bon pour lui. Alors que les parlementaires, eux …
Les instigateurs du ”traité simplifié” ont donc apporté quelques aménagements au texte précédent: pour plaire aux Anglais, le ministre des Affaires étrangères de l’Europe ne s’appellera pas « ministre » mais «haut-représentant de l’Union ». Pour plaire aux Hollandais, tous les symboles qui pouvaient faire penser que l’Europe devenait un super-Etat, le drapeau, l’hymne, la devise, ont été virés du texte. Pour calmer les “nonistes” qui dénonçaient l’aspect ultralibéral de la Constitution, la phrase qui décrétait que la « concurrence libre et non faussée» (donc la mise à bas des services publics) était un objectif de l’Union a disparu, bravo Sarkozy : mais on la retrouve telle quelle dans un « protocole annexé» un rien plus discret.
Bref, comme le dit Giscard, papa de la Constitution, ces « quelques changements cosmétiques » l’ont rendue « plus facile,à.avaler ». Du coup à Lisbonne: les Vingt-Sept se sont mis d’accord comme un seul homme, la semaine dernière, sur les 152 pages de ce traité simplifié. Et ils comptent ratifier la chose dès le sommet européen de décembre.
Surtout, ne pas renouveler l’erreur du référendum, qui avait vu naître et s’amplifier un vaste et long débat. Passer en force et en vitesse. Court-circuiter les nonistes. Ne pas leur laisser le temps de se réveiller de leur torpeur. Ou de leur extrême prudence : ainsi Fabius, particulièrement silencieux sur la question… Et bénéfice supplémentaire pour Sarkozy : semer la zizanie chez les socialistes, qui ne savent comment se débarrasser de cette patate chaude. Bref, on croyait qu’il n’y avait pas de plan’B, alors qu’il en existait un d’une terrible simplicité : s’asseoir tout bêtement sur le scrutin démocratique du 29 mai. Il suffisait d’être « décomplexé»
Sources Libertés et Internet
Posté par Adriana Evangelizt