A Strasbourg, Sarkozy demande des efforts pour l'Europe de la défense
A Strasbourg, Sarkozy demande des efforts
pour l'Europe de la défense
Le président français Nicolas Sarkozy a appelé mardi l'Europe à faire les efforts nécessaires pour mettre sur pied une politique commune de défense lors d'un discours au Parlement européen et est resté par ailleurs ferme sur son refus de voir la Turquie dans l'UE.
"Comment l'Europe pourrait-elle être indépendante, comment pourrait-elle avoir une influence politique dans le monde, comment pourrait-elle être un facteur de paix et d'équilibre si elle n'était pas capable d'assurer elle-même sa défense ?", a lancé M. Sarkozy.
"Que signifie notre engagement européen si chacun d'entre nous n'est pas capable de faire un effort pour sa propre défense et pour la défense de tous?", a-t-il encore demandé, dans une allusion à la baisse continue des budgets militaires dans les pays de l'UE, en proportion de leur richesse.
La relance de l'Europe de la défense sera l'un des chantiers prioritaires de la présidence française de l'Union européenne au second semestre 2008.
La semaine dernière à Washington, Nicolas Sarkozy avait même conditionné le retour éventuel de la France dans le commandement militaire intégré de l'Otan (qu'elle avait quitté en 1966), à la capacité de faire aboutir en parallèle une vraie politique européenne de défense.
L'Europe de la défense dispose bien déjà de l'Eurocorps, une force multinationale créée en 1992 qui a notamment été déployée en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. Mais elle reste encore embryonnaire depuis son lancement au début des années 1990.
Pour la faire avancer, la France compte en particulier sur la Grande-Bretagne, l'autre grande puissance militaire de l'UE, près de 10 ans après le sommet de Saint-Malo en 1998 qui avait posé les jalons de la coopération entre les deux pays en matière de défense.
Mais Paris devra pour cela vaincre les réticences traditionnelles de Londres à développer toute structure qui pourrait faire de l'ombre à l'Alliance atlantique.
Sur un autre sujet de discorde au sein de l'UE, la Turquie, le chef de l'Etat est resté fermé à Strasbourg.
Il n'a rien dit dans son allocution publique devant le Parlement mais s'est chargé de marteler sa position à huis clos face aux chefs de groupes parlementaires.
"Le président a très clairement réaffirmé la position française. Il a dit que la Turquie était un pays de 100 millions d'habitants qui n'était pas en Europe mais en Asie mineure et qu'il ne voulait pas être celui qui allait expliquer aux écoliers français que les frontières de l'Europe se trouvaient en Syrie", a indiqué l'Elysée.
La Turquie a commencé en octobre 2005 des négociations en vue d'une posible adhésion qui pourraient toutefois durer au moins dix ou quinze ans.
Tout en se gardant de parler de la Turquie dans son discours, M. Sarkozy a estimé qu'il fallait "pouvoir débattre de l'identité européenne et des identités nationales".
Après l'adoption du nouveau traité européen de Lisbonne, qui remplace le défunt projet de constitution et a permis à l'UE de sortir de l'impasse institutionnelle, M. Sarkozy a estimé que l'Europe n'en avait pas pour autant fini avec sa "crise morale et politique". L'UE doit à présent se fixer des "buts" et des "finalités", a-t-il estimé.
Le discours du président français était très attendu au Parlement, où beaucoup d'élus attendaient de la France qu'elle donne des gages du maintien de son engagement en faveur de la construction européenne.
L'intervention a suscité au final des applaudissements mesurés parmi les élus européens. Ils l'ont salué debout à son terme, sans toutefois approcher l'enthousiasme soulevé par le discours qu'avait prononcé la semaine dernière M. Sarkozy devant les parlementaires américains.