LES BANLIEUES S'EMBRASENT
Les banlieues s'embrasent, le gouvernement consulte
Le Premier ministre Dominique de Villepin a réuni son gouvernement ce week-end • Nicolas Sarkozy est toujours sous le feu des critiques • Plus de 1.200 véhicules ont été incendiés dans la nuit de samedi à dimanche, en province, en région parisienne et dans le centre de Paris •
Dominique de Villepin, qui a reçu en début d'après-midi dimanche des policiers et des gendarmes travaillant dans les zones urbaines sensibles, fera des «propositions concrètes» au cours de la semaine pour tenter de répondre à la crise, a annoncé dimanche son entourage. Il devait aussi recevoir dans l'après-midi des enseignants travaillant en banlieue. Le chef du gouvernement a ainsi poursuivi les consultations qu'il avait entamées samedi en recevant à Matignon huit de ses ministres, dont le numéro deux du gouvernement Nicolas Sarkozy, et le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. A l'issue de ce rendez-vous, Nicolas Sarkozy avait déclaré : «On essaie d'être à la fois fermes et de se garder de toute provocation. Il faut éviter au maximum tout risque de débordement».
«Image de Provoc'»
De son côté, le député Vert Noël Mamère a réclamé le départ du ministre de l'Intérieur qui, à ses yeux, a mis le feu aux poudres dans les banlieues: «Qu'il parte, qu'il nous débarrasse avec ses mots, ses phrases, ses provocations, avec sa politique dite de sécurité qui ne fait que semer un petit peu plus l'insécurité», a martelé le député-maire de Bègles. Le Parti Socialiste ne va pas jusqu'à demander la démission de Nicolas Sarkozy, à l'exception d'André Vallini, secrétaire national du PS chargé de la justice et de la sécurité qui l'a fait vendredi. Mais le porte-parole du PS, Julien Dray a rectifié le tir samedi : «Réclamer sa démission, ce serait dire aux casseurs qu'ils ont raison». Même si, à ses yeux, la crise actuelle dans certains quartiers défavorisés s'explique «par le malaise dans les banlieues mais aussi par le fait qu'il y a un homme qui s'est construit une image politique de cow-boy, un homme qui fait de la provoc», a ajouté Julien Dray. Le Premier secrétaire du parti socialiste, François Hollande, juge également «les propos (Kärcher et racailles) de Nicolas Sarkozy intolérables». Il appelle le Président de la République à s'exprimer sur les violences et en attend «pas simplement de la compassion et un silence gêné : il faut prendre ses responsabilités», a-t-il dit.
Côté UMP, une trentaine de députés et sénateurs ont apporté leur soutien à Nicolas Sarkozy dans une lettre ouverte : «En s'attaquant au crime organisé dans les quartiers, le ministre de l'Intérieur montre une fois de plus sa détermination», écrivent ces élus. En revanche, Jean-Louis Debré, maire UMP d'Evreux (Eure) et président de l'Assemblée nationale, déplore les violences de la nuit dans sa ville où des affrontements ont eu lieu entre de jeunes habitants et les policiers, et critiqué en même temps les paroles du ministre de l'Intérieur : «Même si certains propos sont inutiles ou déplacés, ça ne justifie pas qu'on s'en prenne aux forces de l'ordre», a-t-il déclaré sur France-Info.
Un sondage CSA dans Le Parisien-Dimanche/Aujourd'hui Dimanche montre que Nicolas Sarkozy continue à disposer d'une «bonne image» auprès de 57% des Français, malgré la flambée de violences urbaines, mais que 63% d'entre eux trouvent qu'il «utilise parfois des termes choquants», 73% jugent ses interventions «trop médiatiques» et 66% estiment qu'il met «trop l'accent sur la répression et pas assez sur la prévention».
Sources : LIBERATION
Posté par Adriana Evangelizt