DDV GARDE LA MAIN SUR LE SOCIAL
Dominique de Villepin garde la main sur le terrain social
par Dominique Rodriguez
Dominique de Villepin rencontre syndicats et patronat de manière solennelle lundi pour leur faire part de ses projets sur l'emploi et le pouvoir d'achat, une façon de montrer qu'il garde la main sur ce terrain alors que le dialogue social peine à sortir de l'impasse.
Les partenaires sociaux, dont les négociations en cours piétinent, à commencer par celle sur l'assurance-chômage, sont prévenus. "L'Etat est là pour se battre en permanence sur le front de l'emploi" et est "le garant de l'intérêt collectif", a dit le Premier ministre jeudi, renvoyant dans les cordes ceux qui "souhaitent que l'Etat reste sur son Aventin".
A ce titre, la réunion de lundi est tout un symbole. Syndicats et patronat sont convoqués non pas à Matignon mais au ministère de l'Emploi, rue de Grenelle, dans la "salle des accords" de l'après-mai 1968. Le chef du gouvernement fera le déplacement pour y présider, fait rare, une séance plénière exceptionnelle de la Commission nationale de la négociation collective, qui réunit l'Etat et les partenaires sociaux.
Il dressera le bilan de ses consultations de novembre sur la sécurisation des parcours professionnels (formation tout au long de la vie, mobilité, assurance-emploi pour les jeunes), la lutte contre les inégalités sur le marché du travail et l'amélioration du pouvoir d'achat.
Sur ce dernier point, il devrait confirmer son intention de développer l'actionnariat salarié et de présenter au début 2006 un plan pour renforcer la participation et l'intéressement.
Il pourrait aussi dévoiler la philosophie du nouveau plan de lutte contre le chômage qu'il prépare pour début 2006.
Les partenaires sociaux "auront des réponses, du concret", a assuré Dominique de Villepin, en souhaitant que "le dialogue social aille plus loin, plus vite".
Mais plus de deux mois après leur journée d'action unitaire du 4 octobre, marquée par près d'un million de manifestants, les syndicats sont échaudés et amers.
Desservis par leurs rivalités stratégiques, ils estiment être consultés "pour la forme" sans que leurs avis soient pris en considération. Ils citent le cas du contrat nouvelles embauches cet été et, tout récemment, celui du projet de loi sur l'égalité des chances, notamment son volet sur "l'apprentissage junior" dès 14 ans.
"Le gouvernement a fait voter la loi du 4 mai 2004 sur le dialogue social, qui était censée renforcer la négociation collective. Mais que ce soit sous Villepin ou Raffarin, il n'en fait pas grand cas", commente un dirigeant syndical.
Pour autant, seule la CGT appelle une fois encore à une "action nationale interprofessionnelle" à la fin janvier.
UN ACCORD A L'UNEDIC IMPERATIF
L'ambiance s'est aussi assombrie avec le patronat, irrité par l'omniprésence du Premier ministre sur le terrain social.
Georges Drouin, président du groupement des industries de services, qui fait partie du Medef, a souhaité mercredi que le gouvernement "fasse confiance aux partenaires sociaux" et que "le paritarisme ne soit pas contraint au tripartisme".
Pour cela, un accord le plus large possible à l'Unedic est impératif. La nouvelle présidente du Medef, Laurence Parisot, en a fait sa priorité. Un compromis a minima centré sur le renforcement de "l'accompagnement des chômeurs" pourrait se dessiner mardi, lors de la cinquième séance de négociations, en échange d'un "signal de redressement" financier au 1er janvier.
Un accord à l'Unedic est en outre nécessaire pour permettre la signature du compromis d'octobre sur l'emploi des seniors et espérer débloquer la négociation sur la pénibilité au travail, dont la prochaine séance n'est prévue que le 31 janvier.
Le gouvernement attend aussi l'issue des discussions sur l'assurance-chômage pour lancer la nouvelle convention tripartite entre l'Etat, l'Unedic et l'ANPE, prête depuis cet été. Cette pièce maîtresse de la réforme du service public de l'emploi consacrera le rapprochement entre l'Unedic et l'ANPE, à défaut de leur fusion, et renforcera le contrôle des chômeurs.
Sans compter que, toujours sous la pression du gouvernement, deux autres négociations paritaires sont programmées dans les prochaines semaines, sur la diversité dans l'entreprise et sur les accidents du travail et les maladies professionnelles.
L'enjeu est d'autant plus grand pour les partenaires sociaux que le gouvernement accélère pour sa part les chantiers qu'il a annoncés. Le ministre délégué à l'Emploi, Gérard Larcher, installera vendredi le groupe de travail composé des partenaires sociaux qui participera à l'élaboration du "plan gouvernemental d'action concertée pour l'emploi des seniors". Ce plan, qui couvrira la période 2006-2010, devrait être prêt en février.
Le projet de loi pour l'égalité des chances, élaboré dans l'urgence en réponse à la crise des banlieues, devrait être présenté en conseil des ministres dès le 21 décembre.
Le même jour, Gérard Larcher dressera le bilan des salaires dans les 274 branches professionnelles, neuf mois après avoir enjoint celles qui ont des minima inférieurs au smic de négocier des accords salariaux.
Sources : BOURSIER COM
Posté par Adriana Evangelizt