LE CHÔMAGE DIMINUE MAIS LE NOMBRE DE RMISTES EXPLOSE

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Alors, on entend dire que le chômage a diminué et pour cause... cette diminuation est due à des milliers de départs à la retraite, de nombreuses radiations de l'ANPE suivies des suppressions d'allocations mais parallèlement le nombre de Rmistes s'est accru de 6,2 pour cent. Or les minima sociaux ne sont pas comptés dans le nombre de chômeurs. Voyez-vous un peu comment on triche ! Ce fait est très grave. Car non seulement, il n'y a pas de travail mais en s'acharnant sur les chômeurs, les nouvelles lois les acculent à une précarité extrême. Inadmissible.

En France, on est en train d'appliquer la même méthode qu'aux Etats-Unis  dénoncé dans un de nos articles et dont voici un extrait :"De plus les allocations perçues sont systématiquement supprimées dans certains états au bout de six mois. Ce laps de temps écoulé, effectivement le chômeur n’en est plus un. Il devient clochard. Du jour au lendemain en se retrouvant sans ressources, il ne tardera pas à rejoindre les millions d’anonymes, rayés de la carte, qui ne sont plus que des ombres dont la rue est le seul refuge. Aux Etats-Unis, 45 millions de personnes vivent réellement en dessous du seuil de pauvreté. Simplement, le gouvernement américain jongle avec les chiffres et camoufle la réalité. Il a honte de ses déshérités. A peine leur reconnaît on le droit d’exister. Il ne fait pas bon être pauvre aux USA."

On est donc en train de nous faire avaler que le chômage aurait baissé de 0,9 pour cent alors que le nombre de "toujours sans emploi" a augmenté de 6,2 pour cent. Voilà le tour de passe-passe. Quitte à défriser ceux qui voudraient que l'on ne donne que des bons points au gouvernement DDV. Que l'on cesse de nous prendre pour des imbéciles serait mieux. Et nous allons même voir plus loin. Il y aura beaucoup plus de gens qui acculés à la misère en arriveront à voler pour manger. Qui dit vol dit prison. Pourquoi vole-t-on d'après vous ? Je suis visiteuse de prisons et je m'occupe justement des "voleurs"... compte-t-on les "voleurs-chômeurs" qui peuplent nos geôles ? Non. Une autre façon de faire disparaître le taux exact de chômage. Alors la politique visant à supprimer les allocations chômage et la répression qui s'abat sur les chômeurs est très mauvaise. Il nous est permis de penser qu'un chômeur sur 10 finira en prison.

Le nombre de Rmistes explose malgré les radiations et l’emploi forcé ...

 
1,25 million de personnes sont aujourd'hui bénéficiaires du RMI (sans compter leurs ayant droits): c'est une augmentation de 6,2 % pour la  France métropolitaine.
 
Cette augmentation est principalement liée au nombre d’exclus du régime d'assurance chômage, qui ne peut qu'augmenter avec les mesures de  contrôle des chômeurs et les radiations, ainsi qu'avec la nouvelle convention d'assurance chômage en cours de négociation.
 
L'accord Unedic, dont certaines déclarations syndicales montrent qu'il pourrait être signé dès vendredi, réduirait encore la durée  d'indemnisation tout en imposant des formations obligatoires dans les métiers " en tension ".
 
Quant à l'augmentation du nombre de Rmistes, elle a lieu malgré les  mesures de restriction pour les étrangers appliquées depuis 2003 (il faut  bénéficier d'une carte de résident pour avoir droit au RMI, et celle-ci est  attribuée, selon le bon vouloir des préfectures, au bout de 5 ans de présence avec  un titre de séjour d'un an).
 
Elle a lieu bien que nombre de précaires, parce qu'ils ont un conjoint  qui a des ressources, ne perçoivent absolument rien.

Le nombre de Rmistes explose malgré la mise en place des contrats  aidés, qui sont pourtant de véritables aubaines pour les employeurs. Non seulement ceux-ci sont exonérés de charges sociales, mais les patrons touchent  aussi le RMI de leur salarié. Et même plus : un Rmiste hébergé ou locataire  (soit 90% des Rmistes) perçoit 374 euros. Les employeurs de CI-RMA ou de  contrats d'avenir toucheront 425 euros (montant du RMI sans déduction du forfait logement).

Le nombre de Rmistes explose. Et pourtant, les conseils généraux, qui gèrent le RMI depuis 2004, ont généralement fait leur possible pour faire baisser le nombre d'allocataires : convocations massives, y compris en  plein été, radiations, dispositifs de retour à un emploi non choisi et sous payé.

 

 

 

Tout ceci sera amplifié par le projet de loi de réforme des minima  sociaux qui sera examiné en janvier par le Sénat, après avoir été approuvé à l'Assemblée Nationale. Ce projet de loi prévoit la mise en place d'un système de prime à l'emploi largement plus désavantageux que l'ancien  cumul. Selon les cas, unE Rmiste reprenant une activité salariée perdra sur un  an entre 1000 et 3000 euros par rapport au système actuel. Est également  prévue la criminalisation des Rmistes avec amendes en cas de fraude mais aussi  de "déclarations inexactes", ou encore un parcours d'insertion  individualisé et obligatoire dès l'entrée dans le dispositif. Et cela vise non seulement  les Rmistes, mais aussi les bénéficiaires de l'API (allocation parent  isolé), qui sont en majorité des femmes seules avec des enfants de moins de 3  ans.

 

 

 

 

C'est dans l'esprit d'un retour à l'emploi à tout prix qu'un accord  cadre a été signé il y a quelques jours entre l'Association des Départements de France et l'ANPE. Celle-ci pilote déjà les contrats d'avenir et les CAE (contrat d’accompagnement vers l’emploi).Cet accord permettra "le  placement dans l'emploi des bénéficiaires du RMI", c'est à dire un suivi renforcé  et des pressions pour que les Rmistes acceptent n'importe quel boulot.

Un retour à l'emploi ? Mais vers quels emplois ?
 
Outre le fait qu'il n'y a que 200 000 emplois (tous types de contrats confondus) non pourvus au maximum sur toute la France, la politique  menée par des départements de droite comme de gauche montre bien qu'il s'agit d'emplois précaires, de courte durée, mal payés et pénibles dans la  plupart des cas. Dans le Rhône, dirigé par l'UDF Mercier, des centaines de  Rmistes ont été convoqués pendant l'été pour faire les vendanges. A Paris, où  le socialiste Delanoë est Président du Conseil Général, l'insertion est largement sous-traitée (et subventionnée) aux associations, qui  proposent du travail temporaire d'insertion ou CDD, par exemple pour rénover des HLM  de l'OPAC.
 
Alors que les Rmistes ont des difficultés à se loger, à se soigner, à  se déplacer, à payer leurs factures d'électricité, à bien manger,  l'insertion est en train de se réduire à la seule insertion professionnelle contrainte, puisque les formations choisies sont de plus en plus inaccessibles. La politique du gouvernement et des départements, c'est toujours moins de revenu, c'est toujours l'exclusion du RMI des jeunes de moins de 25  ans, des étudiants ou de ceux qui vivent en couple avec un revenu supérieur à  520 euros. C'est moins de droits pour les précaires, avec une insertion  sociale qui se rapproche de zéro.
 
AC ! se bat pour que les minima sociaux deviennent des droits  personnels, pour que leur montant soit revalorisé au minimum au niveau du SMIC et  pour la fin de leur interdiction aux jeunes et aux étrangers, pour l'accès inconditionnel de tous à nos besoins fondamentaux: logement, énergie, transports, culture, formation ...
 
La colère des précaires monte, elle s'exprime dans tout le pays. Réquisitions de richesses à Leclerc (Dijon) et à Lenôtre (Paris) le 3 décembre, occupations à chaque date des négociations Unedic à Paris et  à Toulouse, série d'interventions dans les ANPE et les forums pour  l'emploi à Rouen, prise à partie du directeur de l'ANPE, Christian Charpy, à  Nantes et à Paris : pas un jour sans que les précaires ne s'expriment !
 

Publié dans CHÔMAGE

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J
Merci pour cet article, Adriana. J'en suis moi-même rendu à être rmiste car on m'a supprimé mon chômage. Marié, avec trois enfants. Je ne vous dis pas combien l'avenir nous semble fort incertain. D'autant que nous avons un crédit sur notre maison. Mais dans quel monde vivons-nous ?
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R
Jeff a raison, Adriana. Excellent travail.
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J
Très bon article, Adriana ! Il me fait plaisir de voir que même si vous soutenez Dominique de Villepin, vous êtes impartiale sur la politique de son gouvernement. Car vous avez bien raison de signaler ce fait : on n'oublie d'englober dans les chômeurs ceux qui sont rmistes, qui touchent l'Allocation spécifique de solidarité et les taulards, bien entendu. Chapeau ! Et bonne continuation à vous. Gardez cette lucidité qui fait tant défaut à nombre de nos compatriotes.
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