Un présentateur black au journal de 20 H

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Bienvenu à Harry sur la Une...

Harry, le nouvel ami de TF1

par Emmanuel Berretta

L'été prochain, la grand-messe du 20 heures de TF1 sera dite par un journaliste martiniquais. Une première dans le PAF.

Coup de tonnerre dans le PAF ! Harry Roselmack présentera l'été prochain le 20 heures de TF1. Un Black martiniquais bombardé « joker de PPDA » : la nouvelle fait basculer le monde audiovisuel dans la France multicolore. Même si TF1 est inspiré par un zeste d'opportunisme, reste qu'après cela les « minorités visibles » ne pourront plus dire que la télé les ignore. La Une fait, indiscutablement, un bon coup médiatique.

Mais comment TF1, la chaîne la plus regardée, et donc la plus conservatrice, a-t-elle pris cette décision « révolutionnaire » ? Certains y voient la conséquence directe des injonctions de Jacques Chirac à la suite de la flambée des banlieues. Le chef de l'Etat avait, en effet, réuni les patrons de chaînes à l'Elysée afin qu'ils mettent au diapason la petite lucarne et la société black-blanc-beur. D'autres, au contraire, y voient la main de Nicolas Sarkozy, champion autoproclamé de la « discrimination positive ». Ce serait oublier que TF1 a confié depuis déjà longtemps sa « Météo » à Sébastien Folin, que les NRJ Music Awards sont animés par Anthony Kavanagh, que, plus récemment, le journaliste David Astorga a rejoint le bord du terrain des soirées football de la Une, que « Kho Lanta 2 » a été remporté par Amel, une beurette d'origine tunisienne... « On n'a pas attendu Chirac ou Sarkozy, clame-t-on à TF1. Nous avons pris le virage dès 1999. Mais on sentait depuis quelque temps que tant qu'on ne touchait pas au symbole ultime, la grand-messe du 20 heures, notre politique en faveur des minorités visibles ne serait pas reconnue. »

Les premiers contacts avec Harry Roselmack s'établissent voilà deux ans et demi. Etienne Mougeotte se rend au dîner donné par le collectif Averroès, une association qui milite pour l'intégration des gens de couleur dans les médias. Parmi ses membres, Harry Roselmack. Le journaliste officie, à l'époque, sur les ondes de France Info. Sa voix était familière à l'oreille d'Etienne Mougeotte. Mais, ce soir-là, le sphinx des programmes de la Une découvre la couleur de peau du journaliste de France Info. « Harry lui a tapé dans l'oeil. Mais TF1 n'a alors que des piges à proposer à ce bon journaliste qui n'avait jamais fait de télé », raconte un observateur avisé.

Reçu chez Le Lay. C'est finalement, I Télé et sa maison mère Canal +, très en pointe sur l'exposition des minorités visibles, qui lui donne sa chance en septembre dernier. En quelques mois, Harry Roselmack crève l'écran au point qu'en décembre 2005 il surclasse le sondage du site web TVnews sur les présentateurs préférés en devançant, avec 21,6 % des suffrages, son illustre aîné PPDA (16,17 %), puis David Pujadas (11,98 %), Olivier Galzi (11,23 %), Thomas Hugues (10,99 %)... Rien de tel pour déclencher le passage à l'acte de la Une. Le mois dernier, Patrick Le Lay, consulté par Etienne Mougeotte et Robert Namias, le patron de l'info de TF1, donne son feu vert. Mieux : le big boss de TF1 reçoit le « joker de PPDA » chez lui. Harry Roselmack accepte ce fauteuil en or.

Reste à annoncer sa « rétrogradation » à... Thomas Hugues, le « joker » traditionnel. La scène a lieu, jeudi 2 mars, dans le bureau d'Etienne Mougeotte, à Boulogne. « A ton âge, j'avais cessé de présenter le journal et ça ne m'a pas empêché de faire carrière », explique Etienne Mougeotte, d'un ton patelin. Thomas Hugues réagit assez mal. Avait-il l'impression d'être la spectaculaire victime d'une discrimination négative ? Car rien ne lui est officiellement reproché. On lui propose, en échange, un poste de directeur des magazines créé pour lui. Il coifferait ainsi, outre « 7 à 8 » (qu'il présente avec son épouse, Laurence Ferrari), le magazine « Reportages » et serait, selon TF1, aussi aux commandes des émissions politiques de la future campagne présidentielle... Une promotion-placard ? Thomas Hugues réfléchit. Il a senti, ces derniers mois, des tensions monter entre lui et la chaîne à propos de la couverture par « 7 à 8 » des émeutes de novembre dans les banlieues... Bien sûr, il n'est pas question de quitter TF1. Mais un tel revirement de carrière, ça se discute...

Sources : LE POINT

Posté par Adriana Evangelizt

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