Jean Lassalle, toujours en grève de la faim...
Le sang de Gaston Phebus coulerait-il dans les veines de Jean Lassalle ? On peut faire un petit parallèle avec le flamboyant chevalier qui refusa d'engager ses seigneurs dans la guerre de Cent ans, déclarant que le Béarn était neutre dans ce conflit et qu'il ne tenait son pays que de Dieu et de son épée... mais pas du Roi de France. Or, en 1347, les galops des chevaux résonnaient dans la magnifique Vallée d'Aspe et ne la polluaient pas comme la polluent les solvants utilisés pour les peintures métalliques destinées aux automobiles. Autres temps, autres moeurs. Les moyens de locomotion ne sont plus les mêmes et le respect pour les êtres humains -qui ne sont plus que des marchandises- n'a pas évolué avec le temps, bien au contraire. Nous vivons désormais à l'époque du dieu Fric. Et celui-là n'a pas d'oreille et encore moins de sentiments.
Jean Lassalle continue donc sa grève de la faim pour le cinquième jour et pour réveiller les consciences. Les industriels en ont-ils une ? Ils ont celle du porte-feuille et nous doutons fort qu'ils se laissent attendrir par le sacrifice de Jean-Phébus. Vu le nom de la boîte, Toyal, on peut supposer qu'ils sont en connexion directe avec Toyota... les automobiles, bien sûr... et le gouvernement que fait-il ? Prend-il parti pour notre gréviste de la faim ? A-t-il pris contact avec les décideurs ?
Malgré les critiques que nous recevons sur notre Béarnais, nous continuons donc de le soutenir dans son action et pensons que la devise du Comte de Foix lui est très appropriée... « Tòcas-i se gausas » (Touches-y si tu oses)... Courage...
Au deuxième jour, l'action de Jean Lassalle suscite des centaines de réactions du monde entier
"Réveiller les consciences"
par Anne-Marie Siméon avec la collaboration de Régine Magné
« Je n'ai jamais bu autant de flotte de ma vie » : hier, Jean Lassalle, le député de la vallée d'Aspe a poursuivi sa grève de la faim, entamée la veille, à l'Assemblée nationale. Comme mardi, il s'est installé dans la salle des Quatre-Colonnes. A ses pieds, cinq bouteilles d'eau minérale. En costume sombre, ses chemise et cravate roses relèvent un teint qui n'est pas encore trop marqué par le jeûne. Le moral est au beau fixe, même si « les sollicitations permanentes sont parfois un peu difficiles ».
En revanche, lui qui s'était préparé à « un rejet de la part des autres députés », se dit agréablement surpris. Bien sûr, « certains m'évitent, d'autres ont des réactions négatives, estimant que ce n'est pas le rôle d'un député. Mais on peut débattre, je peux défendre mon point de vue, dire mon refus de ce théorème que d'aucuns qualifient d'inéluctable, mon refus d'une société du mépris. Je crois que ma démarche réveille les consciences, pose la question du politique et de son poids face aux puissances économiques. Un député m'a confié que quelque part, je le culpabilisais un peu ».
« Pas d'autre solution ». Il se dit donc déterminé à poursuivre son combat jusqu'au bout, « je suis un non violent mais il n'y a pas d'autre solution. Seule l'annonce de l'extension de Toyal sur le site de la Vallée d'Aspe me stoppera. Il n'y pas d'autre issue à mon action ».
Mardi soir, il a reçu la visite du président Jean-Louis Debré : « Il m'a d'abord fait part de ses craintes avant d'être très gentil, de me parler du livre qu'il est en train d'écrire et dans lequel, il parle de moi. Je l'ai rassuré. Je ne suis pas là pour faire le cirque. Je tiens comme lui à la dignité de l'Assemblée nationale. Lorsque je me sentirai dans un état minable, je resterai dans mon bureau ».
On n'en est manifestement pas encore là, même si hier, à midi, il a été surpris par des crampes d'estomac : « C'est normal. Des copains toubibs sont passés, ils me conseillent. Je sais que ce sera vraiment dur à partir du 5e jour... ». Surtout, « lorsque je serais chassé de l'actualité ».
Car Jean Lassalle pour l'heure n'a guère le temps de penser à son état. Outre les hommes politiques, « tous les groupes de l'assemblée sont venus me voir », les médias se pressent autour de lui. Et pas seulement ceux de l'Hexagone. De la RAI (Italie) à la télé néerlandaise, son histoire fait le tour des rédactions occidentales. Il a accordé hier plus de vingt interviews. En revanche, du côté du Japon, où est basé le groupe Toyo Aluminium KK, propriétaire de Toyal, c'était encore silence radio hier. « François Bayrou devait rencontrer l'ambassadeur du Japon en France », précise Jean Lassalle.
De Los Angeles à Bratislava. A ceux qui dénoncent « un coup médiatique », le député réplique : « Quand j'ai quitté mardi soir l'Assemblée nationale à 2h30, il y avait longtemps qu'il n'y avait plus de journalistes ».
Il note surtout que son initiative fait réagir de nombreux citoyens. Le site internet de TF1 regorge ainsi de témoignages de soutien en provenance de tous les coins de France, de Lyon à Paris, mais au-delà, de Bratislava, Los Angeles ou encore du Portugal. Sa messagerie téléphonique a explosé et sa boîte de courrier électronique enregistrait hier en fin d'après-midi plus de 300 messages, souvent de soutien à un politique « qui mouille la chemise ». Dans le lot, des Béarnais, bien sûr, à commencer par le message de fierté adressé par le conseil municipal d'Ichère, sa commune. Des jeunes de Betharram ont même tenté hier de le rencontrer mais on ne les a pas laissés entrer...
Sources : SUD OUEST
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Le député Lassalle en grève de la faim pour éviter « la délocalisation » de Toyal Europe
par Colette Goinere
C’est une première : un député entame une grève de la faim à l’Assemblée Nationale. Jean Lassalle, député maire (UDF) de Lourdios Ichère et vice président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques, s’est lancé mardi, dans cette nouvelle initiative pour protester contre « la délocalisation » de Toyal Europe. L’usine, implantée à Accous dans la vallée d’Aspe, emploie 140 salariés dans la réalisation de pigments d’aluminium, dédiés aux peintures métalliques des automobiles.
Cela fait trois ans que le bouillant député sensibilise syndicats, patronats et ministres. Le problème est simple. L’usine de Toyal Europe, détenue par le japonais Toyo, veut procéder à son extension pour fabriquer de nouveaux produits. Un investissement de 6 millions d’euros apporterait 20 000 m² de plus, avec 6 emplois à la clef dans un premier temps. Par la suite, la réalisation d’une ligne de broyage conduirait à embaucher quelque 35 salariés. Mais selon la direction de l’usine, le projet ne peut s’exécuter sur Accous car le site ne permet pas facilement un tel agrandissement. D’autant que s’y ajoute le volet environnemental, avec la manipulation des solvants.
Du coup, Toyal Europe a eu l’idée de choisir des terrains appartenant à Total, à Lacq pour bénéficier des utilités (vapeur, électricité, etc.) et les partager avec d’autres industriels. Ce qui signifie des coûts moins importants.
Le hic : dès 2003, les salariés de l’usine de la vallée d’Aspe, ne veulent pas entendre parler de cette extension qu’ils considèrent comme une délocalisation « masquée » qui condamnera à terme le site d’Accous. Jean Lassalle donne de la voix et renforce leur conviction. Il ne cesse de dénoncer ce qu’il considère, lui, comme une délocalisation. Tant bien que mal, le projet avance.
Pour faire tomber les inquiétudes, les délégués du CE de Toyal Europe sont invités à venir visiter en septembre dernier, le site de Lacq. De leur côté, les syndicats de TEPF (Total Exploration Production France) à Lacq, ont demandé des explications. « Il nous a été indiqué qu’il s’agissait bien d’une nouvelle usine qui fabriquerait de nouveaux produits. Ça ne met pas en cause l’usine d’Accous » explique Robert Marco, délégué CFDT de l’usine TEPF de Lacq, qui reconnaît l’entêtement de Jean Lassalle.
« Mais cette fois, dit-il, il pousse le bouchon un peu loin ». Dans un communiqué, Henri Lelièvre, le président de Toyal Europe, vient de rappeler que la société « n’avait jamais eu l’intention de délocaliser ses activités sur le site de Lacq » et que « le projet de Lacq est un projet d’extension industrielle sur un site approprié à son activité ». L’enquête publique a été bouclée en juin dernier. Les travaux devraient démarrer d’ici mai prochain.
Jean-Pierre Casaux, le maire d’Accous, 450 habitants, sait bien que Toyal Europe est le « poumon » de la vallée d’Aspe. Alors forcément, il se dit « toujours un peu inquiet, mais sans avoir de nouvelles alarmantes » concernant le site industriel. Vendredi dernier, il s’est retrouvé aux côtés de Jean Lassalle pour une réunion concernant la problématique du foncier dans la vallée d’Aspe. Le député n’a rien dit de ses projets.
Sources : USINE NOUVELLE
Posté par Adriana Evangelizt