Le nombre de Rmistes a encore progressé de 5 % en 2005
par Etienne Lefebvre
Après une hausse record de 9,2 % en 2004, le nombre de bénéficiaires du RMI a progressé de 4,7 % en 2005, à 1,112 million, en métropole. Une mauvaise nouvelle pour le gouvernement, même si la situation s'est stabilisée en fin d'année.
Il n'y a pas eu d'augmentation massive du nombre de bénéficiaires du revenu minimum d'insertion (RMI) en fin d'année, contrairement à ce que prédisait l'opposition, en raison, selon elle, des radiations massives expliquant la baisse du chômage. La hausse a ainsi été limitée à 0,5 % au quatrième trimestre (contre + 2 % au troisième), soit 5.000 allocataires de plus en trois mois, à 1.112.400 au 31 décembre en France métropolitaine. Il n'empêche, ce résultat, qui doit être officialisé aujourd'hui, constitue un nouvelle déconvenue pour le gouvernement. Car la progression atteint 4,7 % en 2005, soit quelque 50.000 RMIstes de plus sur l'année, après une hausse déjà record de 9,2 % en 2004. Depuis l'inversion de tendance qui a coïncidé avec l'arrivée de Jean-Pierre Raffarin à Matignon au printemps 2002, le bilan est sans appel : la France compte près de 200.000 allocataires du RMI supplémentaires. Outre la réduction des contrats aidés et le trou de croissance de 2003, le durcissement des conditions d'indemnisation du chômage décidé par les partenaires sociaux fin 2002 continue de produire ses effets.
Retard sur les contrats d'avenir
Cette évolution est d'autant plus décevante que le plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, présenté en juillet 2004 et concrétisé par une loi en janvier 2005, visait en priorité à ramener les allocataires de minima sociaux vers le marché de l'emploi. Le ministre de la Cohésion sociale estimait, en effet, que le dispositif du RMI, mis en place en 1989, n'avait pas été conçu pour un nombre aussi élevé de bénéficiaires (il ne concernait que 370.000 personnes à ses débuts), et qu'il fallait dès lors investir dans une politique ambitieuse d'insertion. Mais les contrats d'avenir, réellement novateurs et réservés à cette population la plus éloignée du travail, ont tardé à être mis en oeuvre : quelque 20.000 étaient signés à fin janvier, alors que le gouvernement en avait programmés 185.000 en 2005. A son arrivée à Matignon, Dominique de Villepin a certes cherché à relancer les contrats d'avenir, mais il a surtout mis l'accent sur les contrats d'accompagnement vers l'emploi (CAE), plus simples à appliquer et qui ne sont pas ciblés sur les seuls bénéficiaires de minima sociaux, dans le but d'obtenir une baisse rapide du chômage. Si celle-ci a très vite été au rendez-vous, hormis en janvier, elle reste insuffisante pour contrecarrer l'augmentation de la précarité. Un phénomène mis en exergue, récemment, par l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (lire l'encadré).
Un thème de la présidentielle ?
Le gouvernement mise sur la montée en puissance des contrats d'avenir en 2006, avec un rythme de plus de 5.000 signatures mensuelles. Mais les résultats ne seront pas rapides. Conscient du danger de voir l'aggravation de la pauvreté devenir un thème central de l'élection présidentielle, Matignon prépare une série de mesures (logement, santé, expérimentations locales...), qui seront présentées lors de la conférence nationale de lutte contre l'exclusion, prévue le 10 avril. Le Premier ministre avait envisagé d'en dévoiler les grandes lignes lors de sa dernière conférence de presse mensuelle, avant de se raviser en raison de la focalisation de l'opinion sur le CPE. Après ce médiocre bilan 2005 du RMI, il est d'autant plus attendu par les associations.