Limitation sur le CPE
Les marges de manoeuvre sur le CPE se révèlent très limitées
par Leïla de Comarmond et Lucie Robequain
Le contrat première embauche (CPE) ne peut plus évoluer par la loi, mais il peut être aménagé par la négociation. En diffusant cette idée par la voix de ses ministres, Dominique de Villepin espère contenir la montée de la contestation malgré l'adoption définitive, hier au Sénat, du projet de loi pour l'égalité des chances, par 178 voix contre 127. Mercredi, Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a fait valoir que les décrets d'application, qui seront élaborés « avec les partenaires sociaux », donneront une « marge de manoeuvre » au gouvernement.
En pratique, celle-ci sera fortement limitée. L'article portant création du CPE renvoie en effet à un seul décret. Celui-ci doit permettre, à défaut d'accord, d'étendre aux titulaires du CPE la convention de reclassement personnalisée (CRP), un dispositif d'accompagnement jusqu'alors réservé aux licenciés économiques. Le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, souhaiterait l'étendre aux jeunes dont le CPE est rompu « au bout de cinq ou six mois ». Les syndicats étant peu disposés à venir au secours du gouvernement, le décret semble plus probable que la négociation. Le financement de la CRP, qui offre une indemnisation égale à 80 % du salaire antérieur pendant huit mois, sera alors à la charge de l'Etat, et non à celle de l'Unedic.
« Toutes prochaines semaines »
Mais, après la réussite du 7 mars, il n'est pas question « d'enrichir le CPE », a prévenu hier le leader de la CFDT, François Chérèque, dans « La Croix ». En effet, les syndicats excluent de renouer le dialogue sans geste préalable du gouvernement. Il semble qu'au moins deux d'entre eux aient l'espoir de faire fléchir Dominique de Villepin en lui offrant une porte de sortie plus honorable que le retrait pur et simple, à savoir une suspension, même s'ils prennent soin de rappeler leur opposition catégorique à la mesure.
Hier, le leader de FO, Jean-Claude Mailly, a souligné que « la condition absolument minimale à une reprise du dialogue était une suspension du CPE ». Dans un communiqué, la CFTC a dit peu ou prou la même chose, expliquant que les organisations syndicales ont « entrouvert la porte du dialogue, à une condition, que le gouvernement sursoie à son projet ».