La vraie faute de Villepin

Publié le par Adriana EVANGELIZT

"Il n'écoute rien..."

CPE : LA VRAIE FAUTE DE VILLEPIN

par Hervé Algalarrondo

Le Premier ministre a voulu imposer à la hussarde la « rupture » que son rival Nicolas Sarkozy promet pour 2007. Il a décidé sans concertation aucune une mesure que les jeunes, les syndicats et la gauche ne sont pas seuls à contester. Résultat : alors qu'il plonge dans les sondages, il se retrouve seul, ou presque.

Comment un Premier ministre fringant qui en arrivait presque, au début de l'année, à éclipser le président de la République a-t-il soudainement plongé dans les sondages, au point de se retrouver pratiquement aujourd'hui au niveau de confiance de Jean-Pierre Raffarin, son prédécesseur, qu'il a toujours pris pour un cave ? A Matignon, on ne cherche pas à finasser : «Il y a aujourd'hui un climat anxiogène, la grippe aviaire, le «Clemenceau», etc. Mais à 80%, c'est la conséquence du CPE.» D'où cette question subsidiaire posée par un député villepiniste : «Suffirait-il, en France, de s'attaquer au chômage des jeunes pour se retrouver en porte-à-faux avec l'opinion?»


Bien sûr, Dominique Villepin se heurte aujourd'hui aux fameux blocages de la société française sur lesquels ont butté avant lui nombre de locataires de Matignon. Bien sûr, en prenant une mesure d'inspiration libérale - les jeunes en CPE pourront voir leur contrat résilié pendant deux ans -, Dominique de Villepin a pris le risque de casser son image de gaulliste social, à laquelle il devait une bonne partie de sa popularité. Bien sûr, le mauvais chiffre du chômage en janvier est venu raviver les craintes. Mais à moins de s'en tenir à la thèse de la «versatilité de l'opinion», comme un ministre qui veut croire que la cote de Villepin remontera mécaniquement au printemps, il faut aller plus loin : une dépression aussi rapide et aussi sévère dans les sondages ne peut s'expliquer que par une faute du Premier ministre.


Cette faute personnelle, beaucoup à droite la formulent ainsi : sur le dossier du CPE, Villepin a eu un comportement beaucoup trop personnel. En arrivant à Matignon, à la mi-2005, le nouveau Premier ministre avait heureusement surpris : précédé d'une réputation d'individualiste, il avait donné le sentiment de jouer collectif, réunissant régulièrement ses ministres, suivant souvent leurs avis. «Il écoute», colportait la rumeur. Chassez le naturel... Une personnalité parisienne conviée à déjeuner à Matignon la semaine dernière en est ressortie effarée : «Il n'écoute rien. Il a passé le repas à s'écouter. C'est tout juste s'il a touché ce qu'il y avait dans son assiette.»


Sur le CPE, le Premier ministre a joué trop perso. Voilà en effet une proposition 100% made in Matignon. Passons sur le fait que la concertation avec les partenaires sociaux a été inexistante. Mais il n'y a pas eu davantage de réelle consultation des partenaires politiques. «Même les députés UMP que Matignon réunit chaque semaine sont tombés des nues», s'amuse un hiérarque sarkozyste. Les ministres « sociaux » ont été traités cavalièrement. Après avoir élaboré son CPE durant les fêtes avec sa garde rapprochée, Villepin a convié Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher début janvier à un petit-déjeuner où il a rapidement balayé leurs objections sur le fond. Tout juste les deux compères se sont-ils vu reconnaître un droit d'amendement : ils se sont évertués à trouver un emballage « social » à la mesure. Un parlementaire d'habitude indulgent avec le Premier ministre analyse : «La préparation du CPE aurait dû être beaucoup plus étoffée. Le résultat, c'est qu'aujourd'hui aucune voix indépendante ne s'élève pour le soutenir. En politique, il faut permettre aux gens d'être codécideurs. En l'occurrence, c'est Villepin qui a décidé, point. Il ne faut donc pas s'étonner si les seuls dans la majorité à défendre le CPE sont les institutionnels : les présidents des groupes parlementaires et les porte-parole de l'UMP.»


Cet exercice solitaire du pouvoir a alimenté les doutes sur la mesure. «Le CPE, est-ce vraiment le bon instrument de lutte contre le chômage des jeunes?» va jusqu'à s'interroger, iconoclaste, un ministre. Dominique de Villepin n'a jamais été considéré comme un spécialiste du droit social. Son intérêt pour la lutte contre le chômage est récent : il date de son entrée à Matignon. «Il faut beaucoup de confiance en soi pour croire qu'en quelques mois on a tout pigé mieux que tout le monde», relève le même ministre. Le CPE est contesté par la gauche : à bien des égards, il s'agit d'un rituel (voir la chronique de Jacques Julliard). Mais il y a plus grave pour le gouvernement : nombre de patrons et d'économistes libéraux voient dans le CPE une fausse bonne idée, un cautère sur une jambe de bois. «Avec Villepin, la lutte contre le chômage prend des allures de concours Lépine », lance, vachard, un sarkozyste. Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on pointe le vrai ressort de ce nouveau contrat que le Premier ministre a sorti de son chapeau au début de l'année : son obsession présidentielle. «Villepin méprise les élus car il estime qu'ils ne pensent qu'à leur réélection, observe un député UMP. Mais lui-même ne pense qu'à son éventuelle élection à l'Elysée. Avec le CPE, il a cru nous couper l'herbe sous le pied : il allait faire la fameuse rupture que Sarkozy annonce pour 2007..»


A Matignon, on est conscient d'être entré dans une zone de turbulences. «Le risque avait été clairement identifié dès le départ, assure un conseiller. Qui ajoute : C'est à l'issue de la séquence qu'on pourra véritablement juger de l'impact sur l'opinion. C'est toujours in fine qu'on prend, ou non, les bénéfices.» En début de semaine, Matignon voulait croire que la mobilisation des organisations syndicales et étudiantes dans la rue serait moyenne, le 7 mars, et que la contestation irait ensuite en déclinant. «Dans trois mois, si le CPE donne des résultats, l'opinion se retournera à nouveau», pronostiquait le même proche, qui assurait : «Les soutiens de gauche du Premier ministre ont fondu. Mais dans les sondages, la droite n'est pas entamée.» Exactement le discours des conseillers de Raffarin quand celui-ci a commencé à plonger... Longtemps proche de Balladur, aujourd'hui partisan de Villepin, Georges Tron, député UMP de l'Essonne, estimait lui aussi que rien n'était perdu pour son nouveau poulain : «En 1994, Balladur a connu les mêmes soubresauts avec le smic-jeunes : il a d'abord reculé fortement, avant de terminer l'année plus haut qu'en janvier.»


Balladur ou Raffarin ? Villepin est à la croisée des chemins. Ou il rebondit comme le premier, qui a un temps fait figure de favori à l'élection présidentielle de 1995. Ou il continue de s'enfoncer comme le second, dont les derniers mois à Matignon ont ressemblé à un chemin de croix. Gaullien malgré tout, Villepin veut croire qu'il a perdu une bataille mais pas la guerre. «L'homme a de la ressource, nous ne l'enterrons pas», assure un partisan de Sarkozy. Encore faudrait-il que le locataire de Matignon change ses manières. «Quand avez-vous eu envie d'entrer en politique?» lui a demandé récemment un interlocuteur. «Je n'en ai jamais eu envie et je n'en ai toujours pas envie», a-t-il répliqué. Il serait temps que Villepin réalise qu'il est entré en politique et que celle-ci comporte quelques règles. Par exemple : quand on est Premier ministre et qu'on ne veut pas se retrouver complètement isolé, il vaut mieux se conduire en chef d'équipe.

Sources : LE NOUVEL OBSERVATEUR

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans CHÔMAGE

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M
Au lieu de vouloir continuer à nous imposer un droit du travail à la chinoise avec le CPE ou encore la législation roumaine avec le projet bolkenstein, nos politiques dévoyés, traîtres à l'europe et à la france feraient bien de revoir l'ensemble des protocoles de haute trahison qu'ils ont signés à L'OMC en faveur des multinationales souhaitant s'installer en Chine, et ce depuis l'effondrement de l'union soviétique !!!<br /> <br /> Restaurer l'europe, en son état d'origine, c'est-à-dire, sans les accords de haute trahison imposé par washington au niveau de l'OMC, et ouvrant nos frontières européennes à tout venant, imposer à nos partenaires commerciaux des normes sociales dignes de ce nom ... voilà la voie à suivre : nivellement par le haut et non plus vers le bas !!! Voilà la voie de la restauration de la France et de l'Europe !!! A bas les actes de  haute trahison commis par nos élites européennes au niveau de l'OMC, mettons fin au diktat de washington et des multinationales !!!<br /> <br /> Chirac, De Villepin : Finissons en avec les traités de haute trahison de l'europe et de la france signés à l'OMC !!!
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L
Le CPE ...c'est la suite de la logique néo-libérale du projet bolkenstein qui visait à niveler l'Europe par le bas de ses législations sociales : ... Visant  à ramener les français au niveau des paysans roumains !!!<br /> <br /> Voilà ce qu'est le CPE : la poursuite de cette logique par nos élites nationales néo-libérales soumises aux néocons de washington  !!!<br /> <br /> Après avoir bradé les droits de l'europe sur ces propres frontières en signant des accords de haute trahison nationale et européenne au niveau de l'OMC, nos élites néo-libérales et néocons européennes veulent modeler notre législation sociale et du travail sur le droit du travail chinois : voilà la vérité des faits !!! <br /> <br /> La presse et nos médias nationaux rachetés par les Rothschilds et Cies, bien sûr, ne nous en disent rien mais tel est bien la logique des néocons européens aux ordres de washington et des barons de la finance internationale !!<br /> <br /> CPE : Retrait !!! <br /> DDV si tu ne changes pas ton fusil d'épaule ... tu termineras dans le poubelles de notre politique nationale  ou mieux pour toi ...très probablement à la tête d'une multinationale européenne installée en CHINE !!!<br /> <br /> Tous contre le CPE et cette politique néolibérale qui détruit notre nation et l'Europe en la vendant à l'OMC et aux multinationales !<br /> <br /> louis<br />  <br /> <br /> <br />
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L
Nivellement par le faut ou nivellement par le bas : Voilà la véritable question !!!!<br /> <br /> Tout comme avec le projet Bolkenstein qui souhaitait nivellé les législations sociales européennes au niveau des législations des ex-pays communistes est-européens ... De Villepin adopte la même logique, mais cette fois en France, précisément !!!!<br /> <br /> Pour qui nous prend-on !?<br /> <br /> Avec l'espagne et le portugal la norme européenne était et à toujours été le nivellement par le haut : ce qui avait très bien réussi à l'Europe !<br /> <br /> Depuis l'effondrement du bloc soviétique, la logique et les objectifs des néocons et autres libéraux européens semble avoir changé...il s'agit de niveller par le bas !!!<br /> <br /> Modalités et justification de cette nouvelle démarche : Primo : signature d'accord à l'OMC (accord représentant une haute trahison des intérêts légitimes européens) sanctifiant les désidérata des multinationales et financiers investissant en Chine et transformant <br />  <br />  
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M
Je fais, sur le blog: http://initiativeeuropeenneetsociale.over-blog.com<br /> une proposition pour débloquer la situation autour du triptyque: négociations, améliorations, évaluation....<br /> A vous. <br /> marc d'Héré<br />  <br />  
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A
Bonsoir Marc et merci de votre message...<br /> J'ai mis le début de votre analyse, très intéressante, en article... pour vous faire un peu de pub... sourire... <br /> Amicalement<br /> Adriana
L
Je regrette sincèrement que De villepin, se soit laissé prendre à ce jeu.<br />  <br /> Vouloir battre Sarko. sur son propre terrain, celui du matamore public venu de l'est est une erreur importante !!!!<br />  <br /> Sarko avec sa méthode d'hussard hongrois (à la Attila !)  nous a déjà valu les plus belles incendies de cité que la france n'avait eu depuis longtemps... La méthode Néocons n'est pas faite pour la France, d'ailleurs même aux USA, les cow-boys ne veulent plus du débile mentale de BUSH qui cherchent à les entraîner dans une troisième guerre mondiale !!!<br />  <br /> La France est un pays consensuels et démocratiques...on n'y dirige pas les gens ...ni comme des paysans hongrois (c'est-à-dire à la sarko)  ni à la Bush !!! ce n'est pas dans notre culture !<br /> <br /> En france, il faut pouvoir convaincre ses compatriotes du bienfondé de la démarche choisie, ou encore du bienfondé du projet... de sa validité et de son efficacité éventuelle ... C'est le même exercice de conviction que celui que l'on fait devant ses pairs à l'ONU !!!<br />  <br /> La France est un pays majeurs !!!!<br />  <br /> le style et la méthode SARkozy ont visiblement une très mauvaise influence sur De villepin... vouloir concurrencer cet abruti de Sarko sur son propre terrain ...c'est quasiment du suicide !!!<br />  <br /> Sarkozy (et ses méthodes) n'est pas vraiment français, c'est un immigré hongrois naturalisé qui jouent à la grande gueule française  ... c'est le plus mauvais exemple qui soit pour De villepin !!!!<br /> <br /> Enfin ... comme les conseilleurs ne seront jamais les payeurs ...donc .... à bon entendeur ...<br /> <br /> Louis<br />  <br />  
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