La tactique de Sarkozy

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Nicolas Sarkozy tente de desserrer l'étau de la solidarité gouvernementale

par Philippe Ridet

 

De l'avis de deux de ses plus proches conseillers, le meeting de Nicolas Sarkozy, lundi 27 mars à Douai (Nord), a au moins deux inconvénients. Pour l'un, "il crée une attente", pour l'autre, "la date est mal choisie".

Décidée dimanche 12 mars, cette réunion, au cours de laquelle le ministre de l'intérieur apparaît sur un fond de scène barré du slogan "Pour une France plus juste" sans que soit visible le sigle de l'UMP, a pour objet de desserrer l'étau de la solidarité à laquelle M. Sarkozy doit se plier en tant que numéro 2 du gouvernement et président du premier parti de la majorité. "Ce sera le véritable lancement de sa campagne", prédit un proche.

Est-il pourtant aussi "libre" qu'il voudrait l'être ? Souhaitant une nouvelle fois plaider pour la "rupture" qui, selon lui, "protège mieux du risque que l'immobilisme", le président de l'UMP devait "approfondir son discours social" en abordant, entre autres, les thèmes du contrat unique, de la sécurité sociale professionnelle du logement, de l'école, de la désindustrialisation. Toutefois, à la veille de nouvelles manifestations contre le CPE, mardi 28 mars, accompagnées de nombreux appels à la grève, le probable candidat à la présidentielle de 2007 doit peser ses mots au trébuchet, pour ne pas apparaître en "boutefeu".

"ON A DU MAL À SUIVRE"

C'est toute la difficulté actuelle de M. Sarkozy. Alors qu'il condamne en privé la "méthode Villepin", il est obligé de se montrer autant "solidaire" que réellement "différent". Même s'il assortit son soutien de nombreuses réserves, ses prises de position dénotent un certain embarras stratégique. Autre question épineuse pour le ministre de l'intérieur : à qui doit-il complaire ? Aux jeunes dont il souhaite protéger les défilés et qu'il voudrait ramener vers lui après l'épisode de la crise des banlieues ? Au coeur de l'électorat UMP qui soutient le CPE ? Samedi 25 mars, en recevant des nouveaux militants de son parti, salle Gaveau à Paris, le président de l'UMP a montré qu'il souhaitait tenir les deux bouts de la chaîne. "Je ne veux pas d'un fossé entre la droite républicaine et les jeunes", a-t-il lancé en expliquant "que les jeunes ne doivent pas être totalement blâmés". Appelant à "un compromis" sur le CPE, il s'est permis cette critique : "On ne débloquera pas la société française avec les recettes du passé (...), avec des politiques segmentées et orientées sur telle ou telle catégorie de Français. Il faut un projet global, fondé sur un diagnostic clair et si possible partagé."

Ce pas de deux entre le soutien et les réserves a aussi une autre explication. Dans la lutte à distance entre M. Sarkozy et M. de Villepin, le premier manque de visibilité sur la stratégie du second.

"Il lâche, il reprend, puis il ne veut rien lâcher à nouveau. On a du mal à suivre", concède un conseiller du président de l'UMP. Dans l'entourage du ministre de l'intérieur, plusieurs se disent persuadés que le premier ministre, décrit comme "un Machiavel à la petite semaine", souhaite pousser son numéro 2 à la faute et le forcer à prendre la porte du gouvernement. "Imaginer que je puisse le quitter, c'est mal me connaître, a lancé, samedi, M. Sarkozy. Même si l'on doit réfléchir au cap qui est suivi pour s'assurer qu'il est toujours pertinent."

Sources : LE MONDE

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Nicolas Sarkozy

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article