RG-DST. Difficile « fusion »

Publié le par Adriana EVANGELIZT




RG-DST. Difficile « fusion »


Sixième et dernier volet de notre série sur les services de renseignement. Les petits couacs de la fusion RG-DST.

Quel beau mariage ! Depuis le 1er juillet, DST et RG ne font plus qu’un. Dans la corbeille, les RG ont apporté leur réseau national : 2.000 fonctionnaires déployés dans tous les départements. La DST a livré sa puissance d’analyse et ses moyens techniques. De cette union est né « un FBI à la française » : la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Union, fusion ? Le terme fait sourire tous les policiers concernés. « C’est la ST qui pilote tout. Les RG sont priés de suivre... Ils se sont fait bouffer tout cru ! », résume un observateur. RG-DST : deux services parfois concurrents, aux méthodes très différentes. « Le système RG n’était pas très productif, mais il était d’une souplesse sans pareil. Il permettait de réagir très rapidement, sans avoir nécessairement à respecter la voie hiérarchique », rapporte un ancien responsable. Impensable à la DST, où « les services sont très cloisonnés, les actions longues et formatées, ne laissant aucune place à l’initiative ». « Le culte du secret y est poussé à l’extrême, bien que cela ne rime plus à rien, estime un ancien.
Cela sert juste à cacher... qu’il n’y a souvent rien à cacher. » (*) « Le système dual, DST-RG, était très utile pour recouper les informations qui nous parvenaient. Cela nous donnait un indice de fiabilité et nous évitait d’être parfois baladés, observe le juge antiterroriste Gilbert Thiel. Désormais, nous n’aurons plus que la DCRI... » Sera-t-elle moins efficace ? « Nous verrons à l’usage », tranche le magistrat.

« On nous a dépouillés »

« En matière d’anti-terrorisme ou de contre-espionnage, que vont faire plusieurs gars dans un département comme les Côtes-d’Armor ?, s’interroge un ancien du renseignement. Des réajustements seront probablement opérés ». Indispensable, quand on sait que la « fusion » a créé son lot d’incohérences. Comme dans cette grande ville bretonne, où tous les ex-RG spécialistes des violences urbaines - désormais compétence des Services départementaux d’information générale (SDIG)- sont partis au RI... Le cas n’est pas isolé. « C’est simple, on nous a dépouillés, estime, amer, cet ex-RG passé en SDIG. Les SDIG ont hérité de 80 % des ex-missions des RG... avec 50 % de leurs moyens ! », dénonce en écho le syndicat Unsa-Police.

Appel... aux réservistes

Dans un compte-rendu d’audience du syndicat daté de juillet dernier, l’administration reconnaissait d’ailleurs une « situation critique », et des « moyens insuffisants », notamment en région parisienne, Marseille, Nantes et dans les Pyrénées-Atlantiques. Autre problème soulevé par de nombreux policiers : certains services se retrouvent avec « de jeunes recrues sans expérience et sans culture du renseignement ». L’administration a vite réagi... en faisant appel aux réservistes. Pour l’Ouest, le préfet Jean Daubigny a sonné le rappel des troupes le 14 octobre. Les volontaires sont invités à « un cocktail suivi d’un déjeuner », au parc-expo du Mans. Du « jamais vu ». * Lire à ce propos le livre édifiant d’Hervé Cosquer, ancien commissaire aux RG : « Abus et détournements du secret-défense » (Ed. L’Harmattan).

Hervé Chambonnière. 30/09/2008.

Sources
Le Télégramme

Posté par Adriana Evangelizt
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