Villepin à la recherche d'un nouveau cap
Lorsque l'on traverse une épreuve, elle sert de toute façon à se remettre en question, la plupart du temps. Il ne sert donc à rien de s'éterniser sur l'erreur du CPE. Ce qui est fait est fait. Et ce qui est passé est déjà derrière nous. C'est aller de l'avant et regarder l'avenir qui sauve de tout.
Villepin à la recherche d'un nouveau cap
par Bruno Jeudy
Le premier ministre a tourné la page du CPE et s'interroge sur l'attitude qui doit être la sienne ces prochains mois.
CPE BLUES à Matignon... Dominique de Villepin et ses conseillers tentent de reprendre une vie normale après le remplacement définitif du CPE par de nouveaux contrats aidés. Le premier Ministre est resté muet, hier, à l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, il présidera un comité interministériel sur l'Europe avant de se rendre au Sénat pour la séance hebdomadaire des questions au gouvernement. Ensuite, il devrait s'accorder un long week-end de repos. La trêve pascale tombe à pic. L'occasion de réfléchir sur la manière de rebondir. Mais quand, et comment ?
Depuis lundi soir, les plus proches conseillers du premier ministre répètent en boucle : "Si on ne se bouge pas, on est mort !" La prestation du "patron" sur TF1 - il est apparu "digne et franc", dit-on à Matignon -a redonné un peu de baume au coeur de ses collaborateurs et à ceux, parmi les parlementaires, qui le soutiennent toujours. "Dominique n'est pas amer", jure Georges Tron, député villepiniste de l'Essonne. "Il lui reste des marges de manoeuvres", estime Hervé Mariton, autre supporter du premier ministre.
"Comme un sou neuf"
Mais voilà, comment effacer la Berezina du CPE ? Dominique de Villepin a bien compris qu'il ne lui servait à rien de "courir comme un canard sans tête". Il va donc prendre le temps de "renouer le dialogue avec les Français", dit-on dans son entourage. Sans pour autant indiquer quelle forme va prendre ce dialogue. Après le drame de la canicule, Jean-Pierre Raffarin avait inventé le déplacement "sans micro sans caméra". En son temps, Alain Juppé avait multiplié les sorties en province. Pour l'instant, Dominique de Villepin cherche la bonne recette.
Dans l'immédiat, Matignon peaufine le programme des déplacements à l'étranger et en outre-mer. Le voyage en Guyane et aux Antilles, prévu initialement autour du 10 mai, devrait être avancé. Le Premier ministre pourrait en profiter pour confirmer le très attendu statut d'autonomie dévolu aux îles Saint-Barthélemy -Saint-Martin, actuellement rattachées à la Guadeloupe. Il devrait aussi retourner à la Réunion pour annoncer, en principe, une bonne nouvelle : la mise au point d'un vaccin contre le chikungunya.
Sur le plan intérieur, Dominique de Villepin doit trouver le bon dossier s'il veut repartir "comme un sou neuf", selon l'expression de la chiraquienne Valérie Pécresse. Attendu au tournant par les députés, il n'a pas le droit à l'erreur. Sur le dossier de l'interdiction de la cigarette dans les lieux publics, il a ainsi préféré jouer la montre et ouvrir une large consultation. Ses cartes ne sont pas nombreuses. La semaine dernière, il a déjà cité parmi ses dossiers : la sécurisation des parcours professionnels, la lutte contre la grande pauvreté et celui des universités. Un ténor de la majorité décrypte : "Le premier dossier va être accaparé par Borloo, celui sur la pauvreté coûte au bas mot cinq milliards d'euros. Quant à la réforme des universités, bon courage !" Ministre délégué à l'Enseignement supérieur, François Goulard se rend aujourd'hui à Matignon en compagnie du recteur Patrick Hetzel - en charge du débat national sur le lien entre université et emploi - pour faire des propositions sur le calendrier et la forme de ce débat. "L'idée est de démarrer vite pour sortir des propositions concrètes à l'automne", espère-t-on chez François Goulard. A défaut de relancer Villepin, ce chantier pourrait servir de test à la méthode du "pas à pas".
Paradoxalement, le premier ministre compte surtout sur son bilan d'une année à Matignon, qu'il tirera lors d'une conférence de presse fin mai. L'occasion d'aligner de "bons résultats" sur le front du chômage et de la croissance. D'ici là, il redoute une nouvelle vague de mauvais sondages ces prochaines semaines. Quel sera désormais l'état d'esprit des 58 % d'électeurs UMP qui, la semaine dernière, l'encourageaient à tenir bon sur le CPE ? Au-dessous de 25% de popularité, il battrait les records d'Edith Cresson et Alain Juppé.
Sources : LE FIGARO
Posté par Adiana Evangelizt