La contre-attaque de Villepin
Le revirement de Rondot n'est pas bien sûr sans nous interpeller. Rien n'est clair dans cette affaire Clearstream qui porte si mal son nom. Il y a même fort à parier que c'est Sarkozy qui a conseillé à DDV d'adopter cette posture puisqu'il lui demande conseil pour tout. Le principal de cette histoire étant que Sarko gagne et qu'il fasse passer son adversaire pour un imbécile, ce en quoi il a parfaitement réussi. Car Dominique de Villepin n'est plus crédible du tout.
Monsieur de Villepin mène une vive contre-attaque dans l'affaire Clearstream
D'une émission de radio matinale à un séminaire gouvernemental, en passant par une séance agitée de questions au gouvernement à l'Assemblée, Dominique de Villepin a tenté pendant toute la journée du mardi 2 mai de reprendre la main dans l'affaire Clearstream.
Arrivé souriant vers 8 heures à Europe 1 en compagnie de son conseiller politique Bruno Le Maire, le premier ministre passe une demi-heure à s'expliquer sur cette affaire, dénonçant une "campagne de rumeurs et de calomnies". "On m'a accusé injustement sur la base de déclarations tronquées. Elles viennent d'être démenties", affirme-t-il, se référant au général Philippe Rondot cité dans Le Figaro du matin, selon lequel M. de Villepin ne lui aurait "jamais" demandé "de s'intéresser aux politiques" – donc à Nicolas Sarkozy.
L'attention se focalise depuis quelques jours sur le rôle du premier ministre dans cette affaire née en 2004, dans laquelle un "corbeau" a faussement accusé plusieurs personnalités, dont le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, de détenir des comptes occultes à l'étranger via une société financière basée au Luxembourg, Clearstream.
PAS D'ENQUÊTE SUR M. SARKOZY
M. de Villepin a affirmé sur Europe 1 qu'il n'y avait "jamais eu d'enquête" sur Nicolas Sarkozy dans cette affaire. Le premier ministre a affirmé que "à aucun moment, le nom de Nicolas Sarkozy n'a été évoqué dans [sa] réunion" du 9 janvier 2004 avec le général Philippe Rondot sur l'affaire des frégates, contredisant ainsi les déclarations de ce dernier. Il contredit en cela le compte-rendu de l'audition du général par les juges enquêtant sur l'affaire Clearstream, révélées par Le Monde, et selon lequel le nom de M. Sarkozy a bel et bien été évoqué. Dans Le Figaro daté de mardi, M. Rondot affirme que "jamais Dominique de Villepin ne [lui] a demandé de s'intéresser aux politiques", mais reconnaît que le nom de M. Sarkozy a bel et bien été évoqué parmi d'autres lors de cette réunion.
M. de Villepin a indiqué qu'il avait travaillé "dans le cadre des orientations fixées" par le président de la République. "Le ministre des affaires étrangères suit une politique fixée par le président de la République, il y a des orientations générales fixées par le président de la République, je travaille dans le cadre de ces orientations", a dit le premier ministre sur Europe 1. "Ne cherchez pas à mêler le président de la République dans une affaire qui ne le concerne pas (...). Il y a des orientations, il y a des menaces, ma responsabilité à moi face à ces menaces, c'est de faire en sorte de vérifier leur vraisemblance" , a-t-il ajouté.
SITUATION TENDUE
Après cette intervention sur Europe 1, le premier ministre sera ensuite confronté aux députés UMP de retour de leurs circonscriptions après les vacances de Pâques. Certains ont déjà fait savoir que leur électorat était "horrifié" par ce nouvel épisode d'une guerre sans merci Villepin-Sarkozy.
Dans l'après-midi, l'ambiance promet d'être surchauffée dans l'Hémicycle, où les députés PS et UDF, qui réclament une commission d'une enquête parlementaire, ne manqueront pas de l'interpeller sur le sujet. Si certains réclament, qui la démission de M. de Villepin – pour l'heure tout à fait exclue, selon l'Elysée –, qui une intervention publique de Jacques Chirac, d'autres en appellent à des élections anticipées.
Arnaud Montebourg (PS) demande la dissolution de l'Assemblée, tandis que Hervé Morin souhaite, sans se faire d'illusions, une présidentielle anticipée, seule solution dans "une démocratie normale" face au "délitement des institutions".
En fin de journée, le premier ministre réunira à Matignon l'ensemble de ses ministres pour un séminaire gouvernemental destiné à "mobiliser" son équipe.
Selon un sondage LH2 publié dans Libération de mardi, Dominique de Villepin a perdu 5 points de popularité en un mois. Il s'approche désormais, avec seulement 20 % d'opinions positives, du record d'impopularité des premiers ministres de la Ve République, et n'est pas loin de rejoindre Edith Cresson (18 %).
Sosurces : LE MONDE
Posté par Adriana Evangelizt