Les propros qui mettent en cause Villepin

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Le roman complet du feuilleton "Si ce n'est toi, c'est donc ton frère" avec comme acteurs principaux Dominique de Villepin, Rondot, Gergorin, Lahoud et quelques figurants...

"La consigne du président était d'agir avec précaution, discernement et discrétion."

Le compte-rendu de la réunion du 9 janvier 2004.

Saisi au domicile du général Rondot, ce document retrace les principaux propos échangés au cours de cet entretien, qui s'est tenu dans le bureau de M. de Villepin au Quai d'Orsay, en présence de M. Gergorin. Voici ce qu'écrit, à la main, l'officier des services secrets : "9 janvier 2004, 17 h 30, entretien D. de Villepin – à son bureau +JL Gergorin. Ops Reflux." Puis, plus loin : "Instructions du président de la République, auquel DDV avait rendu compte. Traitement direct avec le président de la République, prudence cadre secret", avec cet avertissement prémonitoire : "Tenir compte des manipulations politiques."

La note comporte ensuite plusieurs références à des propos tenus par M. de Villepin qui se rapportent aux hommes politiques cités dans les listings Clearstream. M. de Villepin est désigné par les initiales DDV, et M. Gergorin par JLG. "Les connexions selon DDV +JLG : des réseaux tangentiels à explorer – Fabius, Pasqua, DSK, Jean-Ch.Marchiani. L'enjeu politique : Nicolas Sarkozy." Et encore : "Fixation Nicolas Sarkozy, référence conflit Chirac-Sarkozy."

A lire la note du général – que celui-ci avait rédigée il y a deux ans, sans pouvoir imaginer qu'elle serait un jour saisie par la justice –, il ne fait aucun doute qu'une large part de l'entretien tourna autour de M. Sarkozy. En témoignent ces autres mentionsédifiantes : "Rôle des américains – soutien apporté à Nicolas Sarkozy"; "Les liens Sarkozy-Dassault ---) Le Figaro"; "DDV revient sur le voyage de Nicolas Sarkozy en Chine – intérêt financier?" Et surtout, cette allusion directe au listing de Clearstream : "Compte couplé N. Sarkozy, Stéphane Bocza – à préciser."

Le document évoque également les noms de Michel Roussin – qualifié de "pro-Sarkozy" – et de Patrick Ollier, député (UMP) et compagnon de Mme Alliot-Marie, suspecté au cours de la réuniond'accointances excessives avec certains pays arabes et à propos duquel cette consigne fut donnée : "Ne rien communiquer au ministère de la défense." M. Rondot y inscrit enfin cette double directive, qu'il attribue sans équivoque au ministre : "DDV insiste sur le croisement des réseaux en dehors des clivages politiques" ; "DDV demande de démonter le système et d'explorer la nature des relations pour comprendre les opérations qui sont énumérées". Au bas de la note, M. Rondot a écrit cette conclusion personnelle : "Mon impression : doute persistant. Belle construction intellectuelle montée par JLG et qui accroche DDV. La théorie du complot ?"

2. Une lettre à Mme Alliot-Marie, le 24 avril 2004.

Quatre mois plus tard, la ministre de la défense reçoit, du directeur de son cabinet, Philippe Marland, le courrier suivant – lui aussi saisi par les juges au cours d'une perquisition : "Madame la ministre, j'ai demandé au général Rondot de vous faire cette note malgré l'embarras dans lequel l'ont mis les instructions du président de la République de ne se référer qu'à lui-même dans cette ténébreuse affaire. Il me semble nécessaire que vous le receviez personnellement pour qu'il précise l'état de ses recherches. Il ressort de ce qu'il m'en a dit que l'affaire est de toute façon inquiétante, soit que les faits allégués soient avérés, soit que, ne l'étant pas, ils traduisent une opération de manipulation et d'intoxication visant le plus haut niveau de l'Etat."

La note à laquelle il est fait référence est longue de trois pages, et datée du 21 avril 2004. Elle est adressée par M. Rondot à Mme Alliot-Marie, sous le titre : "Existence d'une vaste entreprise de corruption et de déstabilisation ?" Cette note "est la première que j'aie établie à l'attention de Mme la ministre, a déclaré aux juges M. Rondot. Je la lui ai transmise par l'intermédiaire de M. Marland et deux ou trois jours après, elle m'a reçu en tête-à-tête. Je lui ai alors résumé l'affaire; j'ai attiré son attention sur son importance et fait part de mes interrogations et du résultat de mes premières investigations. Je l'ai mise en garde sur les effets politiques qui pouvaient résulter de cette affaire.

Je précise que je n'ai jamais rencontré le président de la République ni l'un de ses proches collaborateurs qui aurait pu être chargé de ce dossier. En rendant compte de mes travaux sur cette affaire à M. de Villepin ainsi que je l'ai fait, je rendais compte indirectement au président de la République."

3. La visite de M. Gergorin au général Rondot en novembre 2003.
(Extrait du procès-verbal d'audition de M. Rondot, 28 mars 2006.)

"Début novembre 2003, il y a eu une sorte de bruit, de rumeur qui se répand selon laquelle certains ont connaissance d'une liste de personnalités et de fonctionnaires ayant pu bénéficier de rétro-commissions dans l'affaire des frégates qui circule. A ce moment-là, au cours d'une conversation avec Jean-Louis Gergorin, le sujet est évoqué (…) [Il] m'a confirmé l'existence de cette rumeur.

Lors de cet entretien, M. Gergorin m'a remis un listing informatisé comportant des numéros de comptes, des noms, la mention d'entrées et de sorties de fonds, de mouvements, ce listing faisant deux ou trois pages. Je ne crois pas que ce listing portait la mention de Clearstream. (…) Ayant ce document en main et regardant les noms inscrits, je me suis étonné de la présence d'hommes politiques de droite et de gauche : MM.Rocard, Strauss-Kahn, Fabius ainsi que Madelin. Je ne suis pas sûr que le nom de Sarkozy était présent sur cette première liste, mais peut-être figurait-il sous les autres patronymes de Bocsa et Nagy. Mais ce ne sont pas les hommes politiques qui m'ont le plus surpris, ce sont plutôt les noms de fonctionnaires et militaires appartenant à nos services (…)

Dès le lendemain de cet entretien, soit vers le 15 novembre 2003, j'ai rendu compte à M. Philippe Marland (…). J'ai proposé à M. Marland d'entamer des recherches pour vérifier si les personnels relevant du ministère de la défense, plus [un fonctionnaire] de la DST, possédaient réellement un compte chez Clearstream. M. Marland m'a donné son feu vert pour mener mes investigations en me disant de limiter mes recherches aux personnels relevant des services, et que si cela prenait de la consistance, de lui faire un compte-rendu qui serait porté à la connaissance du ministre le moment venu."

4. La convocation au Quai d'Orsay le 9 janvier 2004.

"J'ai pris conscience que cela devait être important car entre-temps, j'ai été convoqué par Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, par l'intermédiaire de son secrétariat et par téléphone. Cette convocation a dû intervenir le 4 ou le 5, pour une réunion qui s'est tenue (…) le 9 janvier 2004 dans le bureau de M. de Villepin au ministère des affaires étrangères. J'ignorais l'objet de cette convocation mais je me doutais qu'elle pouvait avoir un rapport avec les listings informatisés que m'avait remis Gergorin. En effet, M. de Villepin connaît depuis longtemps M. Gergorin pour avoir travaillé sous les ordres de celui-ci au sein du Centre d'analyse et de prévision du ministère des affaires étrangères, en qualité de spécialiste des affaires africaines. J'explique cette convocation de M. de Villepin de participer à cette réunion par plusieurs raisons.

La première était que quand M. de Villepin était secrétaire général de l'Elysée auprès de M. Chirac, président de la République, j'avais été missionné officiellement et directement par M.Chirac en présence de Dominique de Villepin (…) pour démêler ce qu'on appelle "l'affaire japonaise". (…) Cette affaire était la suivante : un officier de la DGSE avait dénoncé au début de l'année 2002, environ trois mois avant l'élection présidentielle, l'existence d'une supposée machination animée au sein de la DGSE par une petite équipe dont Gilbert Flam serait l'animateur. A partir de renseignements recueillis soit par Gilbert Flam, soit par ses collaborateurs, le but était de mettre en cause le président à travers l'existence d'un compte bancaire que le président possédait dans une banque japonaise. Ce compte était alimenté par le versement régulier d'une somme très importante, dont je n'ai pas le montant précis en tête, provenant d'une fondation culturelle dont M. Chirac était membre du conseil d'administration. (…) J'étais chargé de vérifier si les fonctionnaires de la DGSE, n'avaient pas essayé, hors de leur hiérarchie, de monter un dossier contre le président, en révélant le compte de celui-ci au Japon.

Ma conclusion suite aux vérifications internes à la DGSE que j'ai suivies était que cette affaire était assez trouble et qu'il y avait probablement un fond de vérité. D'ailleurs, les gens impliqués dans ce dossier (...) avaient été écartés de leurs fonctions, notamment M. Cousserand puis M. Gilbert Flam (…) La deuxième cause qui me paraissait justifier cette convocation auprès de M. de Villepin était que je connaissais celui-ci depuis longtemps, pour avoir travaillé avec lui au Centre d'analyse et de prévision à l'époque dirigé par M. Gergorin. La troisième était que je connaissais M. Gergorin, tout comme M. de Villepin."

5. La consigne du président.

"Lors de cette réunion, je suis arrivé le premier dans le bureau de M. de Villepin, et une ou deux minutes après, M. Gergorin s'est également présenté dans le bureau de M. de Villepin. J'étais assez surpris de le voir arriver. M.Gergorin a sorti de la poche intérieure de sa veste un papier : c'était le même listing, comportant des noms et des numéros de comptes, qu'il m'avait remis à la mi-novembre 2003. M. de Villepin a pris la parole le premier, a parlé de cette entreprise assez énorme mettant en cause les hauts fonctionnaires, des ministres et personnalités politiques, et M. Gergorin a dit qu'il s'agissait de la liste de comptes Clearstream.

Dans mon souvenir, M. de Villepin n'a pas parlé le premier de Clearstream. M. de Villepin m'a alors fait part des instructions qu'il avait reçues au sujet de cette affaire des listings de comptes Clearstream de la part de M. Chirac, président de la République. Ces instructions étaient les suivantes : il s'agissait de vérifier la validité de cette liste de comptes pour savoir si oui ou non les personnalités qui étaient citées possédaient un compte Clearstream ainsi que cela était mentionné sur ces listings.

Lors de cette réunion, M. de Villepin n'a pas découvert cette affaire de listings de comptes Clearstream, puisqu'il avait reçu à ce sujet des instructions du président de la République. Je présume que le président de la République avait été informé de cette affaire à la fin de l'année 2003, ou tout au début de l'année 2004 par l'intermédiaire de M. de Villepin, lui même informé par M. Gergorin. Bien sûr, M. de Villepin était informé de cette affaire par M. Gergorin et compte tenu de l'énormité de ce qu'on nous présentait, je présume qu'il en a rendu compte à M. Chirac.

La consigne du président de la République était également d'agir avec précaution, discernement et discrétion car l'affaire était grave, que les mises en cause soient fondées ou pas, et qu'elle pouvait donc avoir des conséquences politiques."

6. Le nom de M. Sarkozy.

"Parmi les personnes citées comme titulaires de comptes Clearstream, le nom de M. Sarkozy a été évoqué lors de cette réunion, mais il n'y a pas eu de fixation particulière à ce sujet. Je vous précise à ce propos que dès que j'avais examiné la liste de comptes que m'avait remise M. Gergorin à la mi-novembre 2003, j'avais fait un rapprochement entre la personne de M. Sarkozy et les deux patronymes Bocsa et Nagy figurant sur ces listings, en faisant des vérifications sur le Who's who.

M. de Villepin m'a demandé de travailler sur cette affaire comme je le fais d'habitude c'est-à-dire en solitaire, avec mes moyens pour valider ou non les renseignements figurant sur ces listings. Je vous précise que bien que j'aie une relation très amicale avec Dominique de Villepin, je n'avais jamais été convoqué par lui dans ces conditions, sauf le précédent de l'affaire japonaise, lorsqu'il était secrétaire général de l'Elysée.

J'ai donc commencé mon travail de recherches et de vérifications."

7. L'intervention de M. de Villepin en faveur de M. Lahoud.

"A ce moment de mon exposé, je dois vous faire part d'un incident. En mars 2004, Imad Lahoud a été interpellé par un policier dans le cadre de l'une de ses affaires judiciaires. Il a fait l'objet d'une fouille à corps qui a permis de trouver dans une de ses poches un document manuscrit consistant en une demande de M. Gergorin à entête d'EADS adressée à M. Sava, directeur d'EADS et qui devait être le chef de Lahoud, selon laquelle [il] était investi d'une mission dans le cadre de la lutte antiterroriste à mon profit et que l'on devait donc le laisser travailler à ce sujet à EADS.

Le policier qui avait interpellé M. Lahoud m'a contacté au téléphone, puisque mon nom et ma qualité (…) étaient clairement indiqués sur ce document de Gergorin trouvé sur M. Lahoud. (…) J'ai rendu compte de ces faits à M. Marland, qui a décidé avec moi de transmettre ma mise au point écrite à M. Sava sous ma signature. C'est ainsi que j'ai indiqué par écrit à M. Sava qu'en aucun cas M. Lahoud n'était missionné par moi au titre du ministère de la défense, s'agissant de lutte antiterroriste. Dans le même temps, j'ai appelé Gergorin pour lui faire part de mon mécontentement (…) Il était confus et s'est excusé.

Dominique de Villepin, certainement averti de ces faits par Gergorin, m'a téléphoné quelques minutes après que j'ai moi-même informé Gergorin de l'arrestation de Lahoud. En effet, Dominique de Villepin n'ignorait pas qui était Imad Lahoud. Il m'a demandé de sortir Lahoud de là, c'est-à-dire de le faire libérer. Je n'ai pas eu le temps d'intervenir auprès du policier, car celui-ci m'a rappelé une demi-heure après en me précisant que Lahoud venait d'être libéré. (…)

Je vous confirme que Dominique de Villepin m'a demandé de faire libérer Lahoud, ainsi que je l'ai relaté dans une note adressée au directeur de cabinet du ministère de la défense, en date du 29 mars 2004 – note que vous avez saisie à mon domicile. Cette démarche peut paraître surprenante de la part d'un ministre, mais elle s'explique parce que Dominique de Villepin suivait l'évolution de cette affaire Clearstream et Lahoud était au piano, si je peux dire. M. de Villepin craignait peut-être qu'IL parle de cette affaire."

Question des juges : "A votre connaissance et au vu de la teneur des propos de MM. de Villepin et Gergorin lors de cette réunion, le président de la République avait-il lui même connaissance de l'origine de ce listing ?"

Réponse de M. Rondot : "M. de Villepin avait parlé de ce listing au président de la République, puisque je recevais ce jour-là des instructions de sa part pour investiguer sur le listing. Mais j'ignore ce que M. de Villepin avait exactement dit à M. Chirac des moyens mis en œuvre pour obtenir ledit listing".

8. Les doutes du général Rondot.

"J'étais seul mandaté pour effectuer les recherches sur le listing. Je devais vérifier si cela tenait, c'est-à-dire si les flux financiers indiqués sur ce listing étaient réels (…) Deux ou trois jours après, peut-être même le lendemain de la réunion du 9 janvier, j'ai demandé à M. Gergorin de poursuivre la pénétration du système informatique de Clearstream entreprise par Imad Lahoud et de continuer à collationner les informations qu'elle permettait de recueillir.

Pour vérifier ses capacités de pénétration, j'ai demandé à M. Gergorin d'actionner Lahoud pour qu'ils poursuivent ces recherches sur l'ensemble des noms du listing, qu'il continue à suivre les flux financiers en temps réel. Lahoud m'apportait tout ce matériel, c'est-à-dire de nouveaux listings, à mon bureau et cela m'a permis de constater que les mouvements financiers continuaient. J'ai trouvé que sa production allait vite et il me paraissait doué. Je lui ai demandé de tester devant moi le système de pénétration dans Clearstream. (…)

Je suis reparti convaincu de la capacité d'Imad Lahoud à pénétrer un système informatique et je me suis dit que ce qui était produit était peut-être vrai, mais il y avait tellement d'incohérences dans la présentation des listings, des noms qui apparaissaient puis qui disparaissaient, de nombreux virements qui intervenaient le même jour puis toute une période sans rien, que j'avais des doutes.

J'ai exposé mes doutes à M. Gergorin et à M. Lahoud et j'en ai rendu compte au directeur de cabinet en lui disant qu'il fallait s'interroger sur la crédibilité à accorder à ces listings. J'ai également fait part de mes doutes à Dominique de Villepin autour d'avril 2004 à l'occasion d'un retour de mission.

Je lui ai dit qu'il fallait être extrêmement prudent car j'avais le sentiment d'être instrumentalisé et que lui-même risquait de l'être. Et là, sa réponse a été très nette : on ne sait pas si c'est bon ou pas, mais si tout ça est un montage, non seulement on arrête mais en plus, on réagit. Tels ont été les propos de M. de Villepin ce jour-là.

Pour sa part, à la même période, Gergorin était persuadé que tout cela était bon, qu'il fallait accorder du crédit à ces listings obtenus par Lahoud (…) Toujours au mois de mai, j'ai eu un entretien oral avec le ministre, au cours duquel je lui ai fait part de mes recherches (…) où je lui ai indiqué qu'il n'y avait aucun élément probant (…).

J'ai dit à Mme Alliot-Marie qu'il fallait faire attention car on pouvait faire l'objet d'une manipulation grossière dont je ne m'expliquais pas les motivations ni l'origine, car à cette époque, pour avoir vu Imad Lahoud travailler et produire, il me semblait compétent. Je n'avais pas de doute sur sa capacité de pénétrer le réseau Clearstream; en revanche, je commençais à me demander s'il n'avait pas été lui-même intoxiqué, autrement dit si le système Clearstream qu'il avait pénétré n'avait pas mis en place un système de désinformation en l'alimentant avec de faux listings ou s'il n'avait pas lui-même fabriqué cette production. (…)

9. Les regrets du général Rondot.

Je reconnais avoir menti mais je ne m'explique pas aujourd'hui les raisons qui m'ont poussé à le faire. J'ai rendu compte à M. Marland, directeur de cabinet du ministre de la défense, tant de la remise du listing que de son contenu et de l'avancée de mes investigations sur ce sujet, j'ai alerté les autorités politiques, à savoir M. de Villepin et Mme Alliot-Marie, en les mettant en garde sur les risques que faisait courir cette affaire et malgré tout, tout s'est poursuivi, c'est-à-dire que certains ont continué à y croire; il n'y a pas eu de stop mis à cette affaire, qui a continué à se développer avec les lettres de dénonciation notamment, sans que quelqu'un ait le courage politique de dire stop, arrêtons le jeu de massacre.

J'ai donc écrit un tel mensonge pour nous mettre à l'abri et protéger mon ministre et moi-même de l'accusation d'avoir participé à une opération douteuse au détriment de M. Sarkozy.

Je tiens à vous informer formellement que tant Mme Alliot-Marie que M. de Villepin ainsi que M. Marland ont été d'une rigueur totale dans la gestion de cette affaire car je n'ai jamais reçu d'instructions de leur part de favoriser cette opération-là de déstabilisation de M. Sarkozy. Dès le mois de mai 2004, j'ai senti que cette affaire de listings était un montage et je l'ai dit à mon ministre, Mme Alliot-Marie. J'ignore si elle a pris son téléphone pour en informer alors M. Sarkozy. Si elle ne l'a pas fait, je le regrette.

J'ai aussi un second regret : Nicolas Sarkozy a eu connaissance de mon enquête et de ses résultats, selon lesquels la probabilité d'un montage dans cette affaire était très grande, très tôt, dès l'été 2004, par un journaliste. Jamais M. Sarkozy ni son directeur de cabinet M. Guéant, qui me connaît, n'ont cherché à me convoquer pour obtenir mes explications sur cette affaire. Si tel avait été le cas, je me serais rendu à cette convocation, avec l'accord que, je pense, mon ministre m'aurait donné. On m'a jeté dans cette affaire pourrie et on m'a dit : "Débrouillez-vous." (…)

Sources : LE MONDE

Posté par Adriana Evangelizt

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