Les marchands d'arme dans le collimateur
Décidément, cette affaire est de moins en moins claire. Enfin, ce listing, il est bien sorti de quelque part. Et il n'y a pas de fumée sans feu. Il nous vient à l'idée en lisant l'article ci-dessous -d'après les propos de Madelin- que Dominique de Villepin fait comme Juppé... il prend tout sur la tête pour décharger Chirac. Et si c'est vrai, franchement, je dirai que c'est ignoble de faire porter aux autres le poids de ses fautes. Enfin, c'est quoi ces individus qui n'ont pas le courage de reconnaître ce qu'ils ont fait et qui envoient les autres à la guillotine à leur place ?
Les marchands d'arme dans la ligne de mire
par Paul QUINIO et Pascal VIROT
Ils devraient être impliqués, avec Chirac, par les cinq ex-ministres de l'Industrie cités dans les faux listings Clearstream et bientôt entendus.
Que vont-ils leur dire ? Dans les prochains jours, cinq hommes politiques vont être auditionnés par les juges Henri Pons et Jean-Marie d'Huy chargés de l'instruction pour «dénonciation calomnieuse» dans l'affaire Clearstream. Qu'ont en commun Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Chevènement, Dominique Strauss-Kahn, Alain Madelin et Laurent Fabius ? Peu, sinon d'avoir tous exercé leur tutelle sur le ministère de l'Industrie, et donc d'avoir eu affaire aux industriels de l'armement.
Des «marchands de canons» que Jean-Pierre Chevènement (ministre de l'Industrie de 1982 à 1983) met directement en cause. Quatre de ces responsables sont cités dans les fameux listings transmis par Jean-Louis Gergorin, vice-président d'EADS, à Dominique de Villepin et au général Rondot ; le cinquième, Laurent Fabius, n'est apparu que beaucoup plus récemment dans les notes du général Rondot. Ils se sont tous portés partie civile afin d'avoir accès au dossier. Et éviter que l'affaire ne soit enterrée à l'approche de la présidentielle.
Nicolas Sarkozy (ministre de l'Industrie en 2004, époque à laquelle le juge Van Ruymbeke reçoit les listings via un corbeau) doit être entendu cette semaine par la justice. Il a déjà reproché à Villepin de ne pas l'avoir informé des résultats de l'enquête de la DST l'innocentant. Sur le fond, il pourrait demander aux juges d'élargir leur enquête aux délits de «faux et usage de faux» et «complicité». Histoire de voir si un véritable complot n'a pas été ourdi contre lui. S'il expose, sur procès-verbal, devant un juge, des accusations à l'endroit de Villepin, la déflagration politique pourrait avoir raison du Premier ministre. Et du gouvernement.
La priorité de Dominique Strauss-Kahn (ministre de l'Industrie de 1991 à 1993, puis de 1997 à 1999), partie civile depuis mi-avril, est d'avoir accès au dossier afin «de pas réagir uniquement sur ce que nous lisons dans la presse», mais de «regarder le fond du dossier», selon un proche. Strauss-Kahn étant contraint de «se justifier de ne pas avoir de comptes à l'étranger», l'accusation entraîne, selon son avocat Me Jean Veil, «un préjudice évident», et l'ex-ministre a à coeur de savoir «sur quel listing exactement son nom figurait». Une fois qu'il aura eu accès au dossier, il «ira jusqu'au bout» pour que «le corbeau et les commanditaires soient débusqués. Il ne restera pas inactif».
Alain Madelin (ministre de l'Industrie entre 1986 et 1988) devrait être entendu le 24 mai. Selon son avocat, Me Jean-Marc Fedida, il devrait mettre directement en cause le chef de l'Etat : «Dans la chaîne hiérarchique, quelque chose ne va pas : le général Rondot n'est pas soumis au ministre des Affaires étrangères [Villepin, ndlr]. [...] L'ordre légitime vient du chef des armées, c'est-à-dire du président de la République, c'est-à-dire de Jacques Chirac». S'il est interrogé «sur les spéculations et la prise d'otage dont il a été l'objet», Madelin, qui s'est rapproché de Sarkozy, pourrait frapper à la tête. D'autant que Chirac, ou à tout le moins son entourage, n'apparaîtrait pas qu'à cette seule occasion : l'affaire, rappelle Fedida, survient alors qu'il y a «une lutte pour l'accession de Forgeard» à la tête d'EADS : «Il est impossible que l'Elysée, pour des raisons légitimes d'ailleurs, ne s'intéresse pas à l'avenir d'EADS.»
Le nom de Laurent Fabius (ministre de l'Industrie en 1983-1984 et de 2000 à 2002) n'est apparu que dans la note rédigée par Rondot après la réunion de janvier 2004 dans le bureau de Villepin. Avec ceux de Madelin, Strauss-Kahn et Chevènement, il figurait parmi «les réseaux tangentiels à explorer». Fabius a porté plainte pour «dénonciation calomnieuse». Devant les juges, il cherchera avant tout, selon son ami Claude Bartolone, «à savoir ce qu'il fait dans cette galère». Comme tous les autres.
Sources : LIBERATION
Posté par Adriana Evangelizt