Chirac riposte
Clearstream: Chirac riposte contre "la dictature de la rumeur"
Alors que le feuilleton Clearstream continue à éclabousser le sommet de l'Etat, Jacques Chirac a contre-attaqué mercredi, s'élevant contre "la dictature de la rumeur" et réaffirmant sa "confiance" en Dominique de Villepin.
Un des principaux protagonistes dans ce scandale, l'industriel Jean-Louis Gergorin, a été déchargé de ses fonctions au sein du groupe EADS, "pour se consacrer à sa défense".
Dans une intervention inhabituelle à la sortie du Conseil des ministres, le président de la République s'est élevé contre "la dictature de la rumeur, la dictature de la calomnie", reprenant les termes d'une déclaration similaire faite devant ses ministres.
Il a condamné "l'irrespect et l'exploitation jusqu'à l'outrage des procédures judiciaires en cours", après sa mise en cause par le Canard Enchaîné.
Selon l'hebdomadaire, le général Philippe Rondot, acteur clef du dossier Clearstream, a parlé aux juges d'un compte de 300 millions de francs (soit env 45,5 millions d'euros actuels) que M. Chirac possèderait au Japon. L'entourage du chef de l'Etat a mardi démenti l'existence d'un tel compte.
"La justice est saisie", a encore déclaré M. Chirac devant une caméra de télévision et les agences de presse, sans citer Clearstream.
Il a aussi apporté son soutien au Premier ministre mis en cause, selon la presse, par le général Rondot. "Je fais toute confiance au gouvernement de Dominique de Villepin pour conduire la mission que je lui ai confiée et j'attends de lui qu'il accélère encore son action", a-t-il dit.
Dominique de Villepin a pour sa part assuré que "dans cette période troublée, plus que jamais, nous devons veiller aux intérêts des Français. C'est la seule chose qui compte".
Pour l'entourage du chef de l'Etat, celui-ci a tenu, par son intervention, à "rappeler tout le monde à l'ordre", ceux obnubilés par la perspective de l'élection présidentielle, comme l'opposition que l'Elysée soupçonne de vouloir exploiter les procédures judiciaires en cours. "Il a rappelé tout le monde au respect des Français", a-t-on précisé.
Pour le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé, cette intervention a remis "les choses dans leur juste perspective".
Visé dans cette affaire, comme d'autres personnalités politiques, par un corbeau affirmant à tort qu'il a possédé un compte bancaire à l'étranger, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a dénoncé mardi soir à Nîmes "de misérables machinations, organisées par des officines cherchant à compromettre".
Quant au juge Renaud van Ruymbeke, il a déclaré à l'AFP qu'il avait été "instrumentalisé" dans cette affaire.
M. van Ruymbeke a affirmé au Canard Enchaîné avoir rencontré le 30 avril 2004 le vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin, un proche de M. Villepin, à propos de l'affaire des frégates de Taïwan, juste avant les envois anonymes du corbeau de l'affaire Clearstream.
Les informations données au juge correspondent à celles données par le corbeau dans ces envois anonymes en mai et juin 2004 et qui se sont avérées fausses, affirme l'hebdomadaire qui croit ainsi avoir démasqué le "corbeau".
M. Gergorin a été déchargé de ses fonctions au sein du groupe européen d'aéronautique et de défense, "à sa demande", et pour "se consacrer à sa défense", a annoncé EADS.
En pleine tempête Clearstream, l'opposition continue d'appeler à un changement de gouvernement.
Le Parti socialiste a annoncé le dépôt d'une motion de censure contre le gouvernement "vendredi ou samedi" afin qu'elle soit débattue mardi.
Le premier secrétaire du PS François Hollande estime lui que M. Chirac aurait "mieux fait de changer l'ensemble du gouvernement" plutôt "que de confirmer" dans ses fonctions M. de Villepin.
Sources : AFP
Posté par Adriana Evangelizt