Un facteur d'antisémitisme : "La judéomanie"

Publié le par Adriana EVANGELIZT

 Pour faire suite à l'article posé ICI, avec des extraits du livre très significatifs quant à la différence de traitement notamment dans les indemnités que ne reçurent jamais les enfants de résistants déportés. 

 

 

Un facteur d'antisémitisme : la « judéomanie » !

 

par François Devoucoux du Buysson, co-fondateur de l'Observatoire du communautarisme :


 

La judéomanie. Elle nuit aux Juifs. Elle nuit à la République, Jean Robin, éditions Tatamis, 2006
Dans un ouvrage qui vient de paraître, Jean Robin, qui s'était fait connaître avec son livre sur le système Ardisson ("Ils ont tué la télévision publique", Editions du Journalisme Continu), lève le voile sur "25 ans de judéomanie".
A contre-courant d'un certain conformisme médiatique et politique, Jean Robin critique la fixation qui s'exerce aujourd'hui sur tout ce qui touche aux juifs en montrant qu'elle est non seulement contraire aux principes de la République mais aussi aux intérêts des personnes de confession juive elles-mêmes.
Une thèse audacieuse appuyée sur une argumentation souvent convaincante et des révélations étonnantes.

 

RER D, commémorations de la libération des camps, Dieudonné, Ilan Halimi...
On se disait bien qu'il y avait quelque chose...

Selon Jean Robin, observateur attentif du cirque médiatique et de ce qu'il nous dit de l'état de la France, ce quelque chose a un nom : la judéomanie. Il définit ce phénomène à la fois par sa manifestation ("une admiration outrée pour la communauté juive") et par son effet ("elle génère de l'antisémitisme par retour de boomerang").

Jean Robin dresse dans son livre une chronologie de la judéomanie qui débute avec le tintamarre germanopratin provoqué par la sortie de L'idéologie française, un livre de Bernard-Henri Lévy paru en 1981. Selon Jean Robin, c'est alors que commence à se développer l'idée que l'antisémitisme n'est pas un racisme comme les autres... De là découle ensuite selon l'auteur de La Judéomanie une succession de coins enfoncés dans le principe d'égalité : le dîner du CRIF (qui démarre sous l'ère de Mitterrand et où d'année en année la classe politique se presse pour se faire sermonner par une organisation communautaire avec un masochisme déconcertant), la loi Gayssot (qui amène le législateur à faire l'Histoire), le discours du Vél' d'Hiv de Chirac en 1995 (où un président gaulliste rompt avec l'essence même du gaullisme : la rupture fondamentale du 18 juin qui fait battre le coeur de la France à Londres plutôt qu'à Vichy), l'indemnisation des orphelins de déportés juifs (plus égaux que les orphelins de résistants...), l'excommunication de l'écrivain Renaud Camus (un inconnu devenu célèbre pour quelques mots de trop sur des animateurs de France Culture) et, plus récemment, la cabale anti-Dieudonné qu'on ne présente plus. 1981-2006 : "25 ans de judéomanie" selon Jean Robin...

La judéomanie a ainsi conduit le gouvernement à prendre une mesure explicitement discriminatoire en indemnisant différemment les orphelins de déportés selon qu'ils sont juifs ou non. Une décision en effet choquante qui n'a guère soulevé de débat dans la classe politique. Sous l'effet de la judéomanie, celle-ci a d'ailleurs littéralement disjoncté lors de l'épisode fameux de la fausse agression du RER D, lorsque presque tous les ténors politiques, de droite comme de gauche, ont rivalisé d'effets de manche et de trémolos pour condamner un crime imaginaire. Comme l'explique bien Jean Robin, la judéomanie est d'abord le fait des politiques avant d'être une exigence des communautaristes juifs.

De l'avis de l'auteur, la judéomanie favorise l'antisémitisme en introduisant un "deux poids, deux mesures" selon que l'on est juif ou pas. Un antisémitisme d'autant plus inquiétant qu'il prend alors la forme d'une revendication d'égalité. C'est ainsi que la judéomanie devient à terme un danger pour les juifs, un danger attisé par les "pompiers pyromanes" des organisations juives qui exigent toujours plus d'égards des institutions et du pouvoir.

Au-delà de sa thèse percutante, le livre de Jean Robin contient des passages excellents comme celui consacré à l'affaire Dieudonné -une tornade jaillie d'un micro-événement insignifiant qui ne doit son souffle qu'à la judéomanie- ou celui qui démonte le discours de Chirac au Vél' d'Hiv qui, en dépit de l'unanimité qui l'a salué dans le système médiatico-politique, est sans doute la décision la plus scandaleuse du président de la République. On trouvera aussi dans La judéomanie une très utile réflexion sur l'importance des mots (quand par exemple il vaut mieux éviter de dire "les" juifs quand on pense "des" juifs...) et quelques révélations comme cette affaire effarante de l'indemnisation des orphelins de déportés ou encore la tendresse ancienne de Jacques Chirac pour le mouvement juif loubavitch.

On s'agacera peut-être en revanche d'y trouver des considérations hors-sujet (sur la tendance au plagiat d'Alain Minc ou les intrigues promotionnelles de Jean Daniel) ou de trop longues digressions à caractère personnel. On s'étonnera aussi de ne pas y trouver de critique du terme Shoah -un mot hébreu à connotation religieuse dont la banalisation pour désigner le génocide des juifs pendants la Seconde Guerre Mondiale est l'exemple même d'un symptome de judéomanie-, d'analyse approfondie de la chute de Maurice Papon ou encore de réflexion sur le rapport à Israël dans une France judéomane.

Il n'en demeure pas moins que La judéomanie est un livre éclairant déroulant une véritable thèse et avançant des propositions qui gagneraient à être discutées. Incontestablement, le livre de Jean Robin invite au débat. Mieux, il mérite un débat.

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Extraits de "La judéomanie":

Sur la déclaration de Chirac au Vél' d'Hiv

Déclaration de Jacques Chirac le 16 juillet 1995, lors de la commémoration de la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942 :
"La folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français et par l'Etat français."
A laquelle faisait écho, sept ans plus tard, celle de son Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin.
Avant de citer d'autres phrases de la déclaration de Jacques Chirac, il convient de s'attarder sur celle déjà mentionnée, si courte et si importante, comme son fidèle Premier Ministre l'aura bien noté. En effet, elle vient directement contredire celles que le Général De Gaulle a toujours dites, et écrites, à ce sujet, y compris au tout début de la période de résistance.
L'opposition des deux thèses est évidente, aucun doute ne peut légitimement exister dans nos esprits. Et pourtant aucun organe de presse ne releva, pendant les dix ans qui nous séparent de cette déclaration, l'importance de cette opposition historique entre deux Présidents de la République après-guerre. Seul le petit jeu politicien à l'encontre de François Mitterrand, alors que celui-ci était encore en vie, fut mentionné, alors que là n'était vraiment pas le plus important. Georges-Marc Benamou y revient d'ailleurs dans un de ses livres sur feu le Président Mitterrand.
Ainsi, peut-être uniquement pour faire la nique à François Mitterrand, son éternel ennemi, Jacques Chirac trahissait le Général de Gaulle (dont il se réclame par ailleurs) en ce 16 juillet 1995, en reconnaissant la France responsable des agissements de l'occupant.
Il faut de plus absolument rappeler que cette déclaration est politiquement fausse. Reconnaître que la France c'était Vichy, c'est par exemple reconnaître aussi que la France a condamné à mort le Général de Gaulle !
C'est-à-dire que dans sa volonté judéomane, notre Président de la République en est arrivé à trahir la principale ligne politique du général qui sauva la France, et rendait responsable le pays tout entier de l'avoir condamné à mort !
Du point de vue de la France, c'est tout simplement une erreur monumentale, mais du point de vue de la communauté juive, à qui s'adressait ce message, c'est catastrophique. On voit bien que même cela n'a calmé en rien les demandes de reconnaissance de la communauté juive, française et internationale, tout au contraire. D'une part elle demande sans doute plus qu'avant, car elle sait désormais que nos élites peuvent se coucher. D'autre part, la France n'a jamais été autant considérée comme antisémite depuis cette période.


(…)

Sur l'indemnisation des orphelins de déportés

Je suis à la croisée des chemins.
En effet, mon grand-père maternel était juif polonais, et mon grand-père paternel est un grand résistant, torturé et emprisonné par la Gestapo à l'âge de 16 ans pour faits de résistance, miraculeusement sauvé de cet enfer.
Son propre père (mon arrière-grand-père) fut déporté pour les mêmes faits de résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale dans le camp de Dora, où il fut assassiné le 5 janvier 1944 alors qu'il était forcé de construire des V1 (« Vergeltungwaffe 1 », ces missiles de croisière « vengeance 1 » de 2 tonnes qu'Hitler envoya sur Londres surtout, mais aussi Paris et Anvers en 1944).
Cette double histoire personnelle, juive et résistante, me rend d'autant plus sensible à un dérapage grave du gouvernement français dont je tiens à faire part à vos lecteurs.
Mon grand-père paternel, interné résistant, ayant été soutien de famille, aîné de 4 enfants, et qui vient d'avoir 78 ans, doit constater, impuissant, que la date du versement de son indemnité d'orphelin de déporté semble repoussée aux calendes grecques. Il vient de recevoir un courrier de M. Le Premier Ministre qui lui notifie le 1er février 2005 que la date du versement, initialement prévu en octobre 2004, est repoussé « au plus tard au prochain trimestre civil » (soit à la fin juin 2005). Mon grand-père se demande s'il convient encore de le croire.
Ce retard est certes déjà assez gênant si l'on considère, comme mon grand-père, que plus on attend pour indemniser les orphelins de déportés, moins il y en aura à indemniser.
Mais ce retard devient carrément inacceptable, et contraire aux principes de notre République, lorsqu'on sait que depuis 5 ans des milliers d'autres orphelins de déportés ont déjà été indemnisés, parce qu'ils appartiennent à une confession religieuse et ethnique particulière.
Le décret n° 2000-657 du 13 juillet 2000 stipule en effet que : « Toute personne dont la mère ou le père a été déporté à partir de la France dans le cadre des persécutions antisémites durant l'Occupation et a trouvé la mort en déportation, a droit à une mesure de réparation conformément aux dispositions du présent décret, si elle était mineure de moins de vingt-et-un ans au moment où la déportation est intervenue » ; alors que mon grand-père, celui qui n'est pas juif, lui, attend toujours son dû.
Ce décret a déjà été maintes fois critiqué, par des sénateurs notamment (question écrite n°04024 de François Autain, Sénateur de Loire-Atlantique, reproduite dans le JO du 21.11.2002), et une proposition de loi a même été déposée au Sénat car le décret en question « n'est pas conforme à l'équité » (proposition de loi visant à étendre à tous les orphelins de personnes déportées, le bénéfice du décret n° 2000-657 du 13 juillet 2000, enregistrée à la Présidence du Sénat le 9 juillet 2001). Mais la proposition de loi fut rejetée.
Ce n'est que le 27 juillet 2004, soit 4 ans plus tard, qu'est paru le décret n°2004-751 qui accède à cette demande.
Or de nouveaux éléments sont récemment venus alimenter le dossier, et au nom de mon grand-père et des autres orphelins de déportés concernés, je vous demande de bien vouloir en faire état dans vos colonnes car les choses ne peuvent tout simplement pas rester tel qu'elles sont.
En effet, on lit dans le projet de loi de finances pour 2005 ceci :
« L'indemnisation des orphelins de victimes de la barbarie nazie
(…) Les crédits prévus au budget du Premier ministre s'élèvent à 20 millions d'euros pour 2005. Il est évident que cette somme ne saurait représenter l'intégralité du financement de la mesure d'indemnisation. Il s'agit de la première annuité de sa montée en charge, cette somme ayant été déterminée en référence aux sommes dépensées lors de la première année d'application de l'indemnisation des orphelins juifs.»
On peut de plus lire dans le projet de loi de finances pour 2004 la chose suivante :
«L'indemnisation des orphelins de la barbarie nazie : une mesure de justice
(…) Le projet de loi de finances pour 2004 prévoit 74 millions d'euros, soit une progression de 15,6% par rapport à 2003. Au 31 juillet 2003, 16 757 dossiers avaient été reçus par le ministère de la Défense et 12 851 mis en paiement par l'ONAC. »
Sachant que dans le cadre du décret du 13 juillet 2000, l'indemnisation revêt un capital forfaitaire de 27 440,82 €, on sait donc qu'au 31 juillet 2003, plus de 350 millions d'euros avaient déjà été versés aux orphelins juifs.
On peut donc conclure de la confrontation de ces documents les choses suivantes :
- non seulement il a été établi une discrimination entre les orphelins de déportés juifs et les orphelins de déportés non-juifs ;
- de plus, l'argent de l'Etat a été rapidement et massivement débloqué pour indemniser les orphelins juifs de déportés uniquement, pour atteindre une somme cumulée à ce jour supérieure à 350 millions d'euros, alors que des délais supplémentaires viennent retarder encore l'indemnisation des orphelins non-juifs de déportés;
- finalement, alors que les orphelins non-juifs de déportés sont déjà entrés dans le quatrième âge, on ne leur accorde aucun ‘rattrapage' qui permettrait de rectifier un tant soi peu l'erreur grave commise par le gouvernement français, et compenser le fait que la mort est plus proche pour ces orphelins non-juifs que pour les orphelins juifs lors de leur indemnisation. Au contraire, on leur consent, 5 ans après leurs camarades juifs, la même somme que ceux-ci auraient touché il y a longtemps.
En d'autres termes, et pour être tout à fait clair, la discrimination en fonction de l'appartenance religieuse et ethnique est ainsi perpétuée, et même amplifiée, au lieu d'être reconnue et corrigée. Le mal a déjà été fait, et il ne pourra complètement être rattrapé. Mais l'amplifier encore est tout simplement inacceptable.


(…)

Sur l'affaire Dieudonné

Il ne s'agit pas ici de juger un homme (comme pour toutes les autres personnalités mentionnées dans ce livre), mais de juger des faits, actes et paroles. Il s'agit de comprendre un phénomène, la judéomanie, à travers ses manifestations les plus évidentes, et Dieudonné s'est mis lui-même au centre de ce phénomène, jusqu'à l'excès. Ainsi, il a certes permis d'en mettre à jour certains rouages, mais il est en même temps rentré dans cette spirale infernale judéomanie / antisémitisme dont il lui est très difficile aujourd'hui de sortir.
Je le répète, je suis très loin de partager la plupart des opinions politiques de Dieudonné. Quand il déclare par exemple que celui que j'ai pris pour modèle, le Général De Gaulle, était un « raciste », je retrouve là cette pensée antiraciste de base dans toute sa niaiserie et son manichéisme réducteur.
Dieudonné se trompe de cible quand il s'en prend verbalement à des membres connus ou inconnus de la communauté juive, quand il parle de ‘négriers reconvertis dans la banque' (même s'il cible seulement les personnes qui l'ont attaqué, lui et son public, physiquement), ou quand il assimile des autorités nationales (le Centre National de la Cinématographie) à des autorités ‘sionistes'.
De même, le discours de Dieudonné n'est pas exempt de contradictions. Par exemple, il critique à juste titre tous ces philosophes des Lumières qui émettaient des jugements négrophobes, mais il omet de préciser que ce sont souvent ces mêmes philosophes qui ont combattu, à leurs risques et périls, la domination qu'exerçait en tous domaines l'Eglise toute puissante. De même, Dieudonné l'athée ne dit mot d'un des plus fervents et des plus efficaces défenseurs des droits des noirs à l'époque du Code Noir, un religieux, l'abbé Raynal… Il ne dit rien non plus sur les chrétiens d'aujourd'hui qui oeuvrent pour libérer des esclaves modernes, comme la « Christian Solidarity International » par exemple .
Par ailleurs, les fréquentations de Dieudonné sont pour le moins critiquables, voire souvent inacceptables : Thierry Meyssan, la tribu KA, des extrémistes pro-palestiniens (il s'est félicité de l'élection du Hamas en Palestine), Raël, autant de gens souvent dangereux et symboles de valeurs contraires à celles que prône Dieudonné.
J'ai notamment assisté à une conférence de presse au théâtre de la Main d'Or, propriété de Dieudonné, où celui-ci avait invité le leader de la Tribu Ka, Kémi Séba, qui avait tenu des propos orduriers à l'encontre de Marc-Olivier Fogiel, notamment au sujet de ses origines (juives) et de ses préférences sexuelles. C'était en octobre 2005, bien après que Dieudonné ait officiellement pris ses distances par rapport à cette « tribu kémite », en 2004. Et Karl Zéro, dont l'équipe du Vrai Journal était aussi présente à cette conférence, a évité à Dieudonné un procès de plus en ne diffusant pas les propos tenus par le "fara Kémi Séba" sur la scène de l'humoriste, sans que celui-ci réagisse.
Les plus prestigieux soutiens de Dieudonné l'ont peu à peu lâchés, y compris récemment l'historien Louis Sala-Molins, avec lequel il avait pourtant rédigé le scénario de son projet de film Le Code Noir.
Mais force est de reconnaître dans le même temps que le traitement politique, médiatique et même physique (puisqu'il a été agressé physiquement) dont il a fait l'objet est indigne d'un pays démocratique se revendiquant comme le ‘pays des droits de l'homme'. Présomption d'innocence bafouée, droit de réponse ignoré, présentation équitable des faits absente des médias, réaction de la classe politique disproportionnée et allant à l'encontre de l'honneur, etc. ont été le quotidien d'un humoriste qui est entré dans la résistance, résistance à une judéomanie une fois de plus évidente. Et c'est en réaction à cette judéomanie qu'il s'est acharné, que cela plaise ou non, que cela le mette en danger de mort ou pas, en en faisant souvent beaucoup trop.
Il le dit souvent lui-même, seul le fait de se moquer de l'extrémisme juif a provoqué un tel tollé, ou plutôt un tollé tout court. Rien de tel lorsqu'il s'était attaqué, via l'humour, au catholicisme extrémiste, ni à l'islam extrémiste, quelques années plus tôt. Dieudonné offre ainsi à toute personne intéressée par la judéomanie qui sévit en France un cas comparatif très concret, et qu'il est de mon point de vue très difficile de récuser.
Bien qu'étant en désaccord avec ce qu'il dit, ce n'est pas pour autant que je vais le diaboliser, ni le condamner, ni appeler au boycott de ses spectacles, ou à le frapper au porte-monnaie, comme on a pu le lire ou l'entendre de la part de personnalités en vue dans les médias. C'est à la justice, et à la justice seule de condamner dans ce pays. Si j'avais des gens à condamner, ce sont ceux qui condamnent à la place de la justice. C'est d'ailleurs ce que la loi prévoit .
Comment peut-il y avoir un débat dans le pays quand on empêche certains de ses citoyens de s'exprimer ? Il existe des lois concoctées par l'exécutif, il existe une justice qui doit faire appliquer ces lois, c'est la règle de la démocratie. Ceux à qui cette règle ne plaît pas n'ont pas mon soutien, bien au contraire. Je constate, et regrette, que ceux qui condamnent à tout bout de champ, en se substituant à la justice, ne soient même pas critiqués vertement et ouvertement .
(...)
Il existe par ailleurs un autre principe dans la loi, très souvent bafoué lui aussi, qui s'appelle la présomption d'innocence, qui établit que tout homme doit être considéré comme innocent jusqu'à ce qu'il soit déclaré coupable. Inutile de dire que ce ne fut pas le cas pour Dieudonné, une fois de plus.
De plus, on constate dans son cas comme dans bien d'autres (et notamment la fausse agression dans le RER D) que ce sont uniquement les déclarations ou actes considérés comme antisémites qui peuvent mobiliser presque tous les médias, et presque toute la classe politique, jusqu'au Chef de l'Etat dans certains cas. Il n'y a pas, à ma connaissance, d'actes anti-arabes ou anti-noirs qui aient eu un tel écho dans la presse, la classe politique et par conséquent dans les consciences des citoyens de tout le pays. Là encore, la judéomanie qui règne dans notre pays est flagrante, et très préoccupante.
A toutes fins utiles, je précise qu'à mon sens, il ne conviendrait pas qu'on en fasse autant pour les actes anti-noirs et anti-arabes, puisqu'on tomberait dans ce cas dans la négromanie et l'arabomanie. Non, l'égalité impose qu'on en fasse beaucoup moins pour les actes anti-juifs, afin de revenir à un traitement adapté et non excessif, donc qui ne soit pas judéomane.
Au moment où sont écrites ces lignes, Dieudonné a affronté plus de vingt procès, de la 1ère instance à la cassation, et les a tous gagnés, les uns après les autres, sauf un perdu en 1ère instance mais gagné en appel. Il a perdu le dernier en première instance mais s'est pourvu en appel, qui est suspensif. Par ailleurs, je veux m'attarder sur l'avant-dernier (pour lequel sa relaxe avait été annulée par la cour de cassation, et qui a donc été rejugé), qui portait sur la déclaration suivante :
« Juifs et musulmans pour moi, ça n'existe pas (...) pour moi, les juifs, c'est une secte, une escroquerie. C'est une des plus graves parce que c'est la première. Certains musulmans prennent la même voie en ranimant les concepts de 'guerre sainte'". »
D'une part, notez que les médias ont généralement rappelé ce passage mais pas ses première et dernière phrases, qui démontrent pourtant que Dieudonné ne s'en prend pas à une appartenance religieuse ou ethnique plutôt qu'à une autre.
D'autre part, au même moment (mai 2005), Michel Onfray caracolait en tête des best-sellers de livres dans notre pays avec son Traité d'athéologie, dans lequel on peut notamment lire :
« "Le décalogue vaut comme invite locale, sectaire et communautaire. Sous-entendu "toi, juif, tu ne tueras pas de juif". En revanche, tuer les autres, les aussi, les goys, le forfait n'est plus vraiment tuer. Yahvé parle à son peuple élu et n'a aucune considération pour les autres. La Torah invente l'inégalité éthique, ontologique et métaphysique des races (...) Depuis deux mille cinq cents ans, aucun responsable issu du peuple élu n'a décidé que ces pages relèvent de la fable, de balivernes et de fictions préhistoriques dangereuses au plus haut point, car criminelles. Bien au contraire. Il existe sur la totalité de la planète, un nombre considérable de gens qui vivent, pensent, agissent, conçoivent le monde à partir de ces textes qui invitent à la boucherie généralisée sans jamais avoir été interdits de publication pour appel au meurtre, racisme et autres invitations aux voies de fait." Michel Onfray, Traité d'athéologie, cité par Actualité Juive n°887 du 21.04.2005, p.30
Michel Onfray n'a jamais été, à ma connaissance, sous le coup d'une condamnation, ni même accusation. Dans ce cas pourquoi Dieudonné l'a-t-il été ?


(…)

Sur l'importance des mots

Je pense en effet que le climat de judéomanie qui règne de plus en plus sur notre pays depuis 25 ans maintenant est avant tout un conformisme, dont les premiers bras armés sont les mots, même s'ils ne représentent que la partie émergée de l'iceberg, comme je m'efforce de le démontrer tout au long de ce livre.
Nous venons de voir à quel point l'utilisation de la mémoire de la Shoah se trouve au cœur du ressort judéomane, ses terribles souffrances et ses propriétés symboliques permettant aux judéomanes de créer la déstabilisation et la peur nécessaires.
Cette déstabilisation et cette peur, nous les retrouvons dans les mots, qui sont en partie issus de cette utilisation judéomane de la Shoah. Nous allons maintenant analyser comment des termes permettent de prolonger, telle des armes psychologiques, la judéomanie dans les consciences.
D'après mes observations, ce sont généralement trois types de mot auxquels les judéomanes font généralement appel : les mots hyperboliques, les mots tabous, et les faux mots. Le point commun de ces trois familles de mots est qu'ils trouvent leur source, non pas dans la réalité, mais dans un fantasme souvent irrationnel et parfois même mensonger. Leur emploi, ou leur non-emploi (pour les mots tabous) créent un malaise dans l'auditoire, ou chez le contradicteur du moment, car c'est bien là leur but. Ces mots puissants, qui ne sont jamais choisis au hasard, se veulent être une véritable menace, qui réussit presque toujours à intimider, et donc à rendre le débat stérile. C'est pourquoi il convient tant de les analyser, la tête froide, et d'en tirer les conséquences qui s'imposent.
Penchons-nous tout d'abord sur la première famille, celle des mots hyperboliques.
Dans notre société qui vit de vitesse et de sensations fortes, ces mots mettent à la disposition de leurs auteurs tout un univers d'horreurs, connu de tous, qui ne peut laisser indifférent, mais dont le seul effet est paradoxalement de paralyser tout le monde. Voyons quelques exemples qui permettront d'illustrer cette thèse, avec les mots « négationnisme », « nuit de cristal », et « Hitler ».
La menace du délit de négationnisme semble d'autant plus facile à formuler qu'une loi, que nous avons déjà étudiée en détail, l'a criminalisé. Le mot ‘négationnisme' lui-même ne figure pourtant dans aucun dictionnaire à ma connaissance, alors que le mot ‘révisionnisme' (moins fort) si. Je n'ai rien trouvé pour ‘négationnisme' dans les dictionnaires suivants :
- Dictionnaire universel francophone
- Micro-Robert
- Dictionnaire de l'Académie française
- Trésor de la Langue Française informatisé
Alors que le mot ‘révisionnisme' figure dans tous ces dictionnaires, il est même défini dans le journal officiel.
On en arrive pourtant à une situation risible, de mise en cause pour ‘négationnisme' de n'importe qui, y compris de gens insoupçonnables.


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Jean Robin, La judéomanie. Elle nuit aux Juifs. Elle nuit à la République., éditions Tatamis, 2006, 341 p., 19,90 euros.

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Sources : Observatoire du communautarisme

Posté par Adriana Evangelizt

 

Publié dans LE RACISME EN FRANCE

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