Politique : la mauvaise réputation
Quand on sait le nombre d'élus de tous rangs compromis dans des affaires de corruption ou de pots de vin, il est très difficile de leur faire confiance effectivement...
Politique : la mauvaise réputation
par Patrice Biancone
Décidément, qu'ils s'appliquent, qu'ils se positionnent en premiers défenseurs de l'intérêt général ou qu'ils se taisent et travaillent sans répit, les dirigeants politiques n'ont pas la confiance des Français. Pour une majorité d'entre eux, près de 60%, nous dit une enquête du Cevipof, le Centre d'études de la vie politique française, les élus seraient plutôt corrompus.
Parmi les institutions les plus souvent citées dans le sinistre hit parade, le gouvernement arrive en tête. La présidence de la République est placée en deuxième position, puis, les députés et les sénateurs, et, dans une moindre mesure les maires, ce qui prouve bien que si quelques progrès ont été accomplis ces dernières années, et tout particulièrement en matière de financement des partis politiques, cela ne veut pas dire que la confiance est revenue et que les Français accordent beaucoup plus de crédit à ceux qu'ils désignent pourtant pour prendre en main les destinées du pays.
C'est ainsi. C'est excessif. Et, disons-le, les responsables politiques qui ne trouvent plus, ou si peu, de recettes nouvelles pour agir sur le quotidien, font d'excellents boucs émissaires. Pour beaucoup, le «tous pourris» est en effet une bonne façon de s'abriter derrière le rejet d'un système afin d'excuser leurs propres absences, leurs propres démissions, leurs manques ou leur pessimisme qui colle presque par nature, semble t-il, à la société française.
Les «déclinologues» travaillent dans ce sens. Ceux qui affirment que tout a été tenté dans la lutte contre le chômage également. Ceux qui pensent la mondialisation intégralement nocive de la même façon. Tout comme ceux qui n'envisagent l'islam que dans sa radicalisation. Ou ceux qui pensent les banlieues françaises en termes de marmites bouillonnantes et prêtes à exploser.
Car chacun voit midi à sa porte et peu de progrès pourront être accomplis tant que la méfiance réciproque restera le substrat de la société.... Sur l'absence de confiance on ne construit rien, on ne réforme rien, on ne révolutionne rien. Sur l'absence de confiance, au contraire, poussent le rejet, la haine et la violence, synonymes de l'échec du dialogue et expressions de l'impossibilité de faire avancer, autrement que par la révolte, la revendication, le progrès et l'amélioration d'une situation que l'on dit trop souvent ingérable sinon par la répression.
Il y a un an, certaines banlieues s'enflammaient et, curieusement, aujourd'hui, les gouvernants passent plus de temps à se chamailler pour savoir s'il faut parler d'anniversaire, de commémoration ou d'autre chose, plutôt qu'à faire le bilan des progrès accomplis ces 12 derniers mois. Et pour cause. On a beau démolir des barres, inciter les entreprises à venir s'installer dans les quartiers, rien n'y fait. La rage est là et ce ne sont pas les discours de Djamel Debbouze ou de Joey Starr, vitrines trompeuses d'une réussite réservée à quelques uns, qui parviennent à masquer l'absence de politique globale et cohérente. Or, qu'on le veuille ou non, c'est par là qu'il faut commencer....
Sources : RFI
Posté par Adriana Evangelizt