Nicolas Sarkozy ou la République des cyniques
Analyse critique du discours prononcé par Nicolas Sarkozy à Périgueux, le 12 octobre 2006.
Nicolas Sarkozy ou la République des cyniques
par Eléonore de la Varde
A l’occasion d’un discours intitulé « Notre République » prononcé à Périgueux le 12 octobre dernier, Nicolas Sarkozy a tenté une nouvelle fois de se recentrer, conscient sans aucun doute d’effrayer, par son refrain sur la rupture, un électorat modéré qu’il cherche assurément aussi à séduire.
Il a ainsi confié la rédaction de son discours à Henri Guaino, auteur du célèbre discours de Jacques Chirac sur la « fracture sociale » en 1995. Il ne s’agit ici de faire valoir le point de vue libéral et conservateur de Sarkozy, mais d’amadouer l’électorat par un faux discours républicain.
Pourtant, malgré la plume enjoleuse de Guaino, le naturel revient assez vite au galop !
Les contradictions de Nicolas Sarkozy
Afin de séduire le plus grand nombre, Nicolas Sarkozy n’en est pas à une contradiction près, ainsi il affirme : « On affaiblit la République quand on la livre aux corporatismes et aux clientélismes, quand on l’abandonne aux communautarismes. »
C’est pourtant lui qui, en 2003, a crée le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) où l’UOIF tient toute sa place, afin de représenter la « communauté » musulmane de France. C’est encore lui qui s’est vanté de la nomination d’un « préfet musulman » ou qui s’est prononcé en faveur de la prise en compte de l’origine ethnique dans les statistiques officielles…C’est encore lui qui, il y a peu, voulait remettre en cause la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. En somme, Nicolas Sarkozy n’est il pas le premier à avoir une vision communautariste de la société ?
« Je propose que les citoyens puissent faire valoir leurs droits devant les tribunaux face aux collectivités ou aux institutions qui ne se seraient pas donné les moyens de rendre effectifs les droits dont elles sont responsables. »
Parmi ces droits, Nicolas Sarkozy cite « le droit au logement » afin de « créer une forte incitation à construire des logements manquants là où ils sont nécessaires pour que tous les français puissent trouver un toit. »
Entre les paroles et les actes de Nicolas Sarkozy, il y a un gouffre béant. Rappelons qu’à Neuilly, ville dont il a été maire pendant près de 10 ans, le pourcentage de logements sociaux atteignait péniblement les 2,6% en 2005, bien loin de l’objectif des 20% fixés par la loi SRU et que la politique du logement du Président conseil général des Hauts-de-Seine s’applique à vendre le parc locatif alors que nous sommes en situation de pénurie de logements sociaux en Ile de France.
Au comble du cynisme, l’artisan de la très médiatique expulsion du squat de Cachan, joue la carte de l’empathie en dénonçant « cette honte de ceux qui n’ont rien et sont condamnés à dormir sur les trottoirs ».
Le Ministre de l’Intérieur, s’est aussi adressé aux juges en ces termes :
« Je veux leur dire que je serai toujours à leurs côtés pour défendre l’indépendance de la justice et l’accroissement de ses moyens » alors qu’il ne cesse de remettre en cause leur action, comme l’a illustré sa récente sortie sur la supposée « la démission » des juges en Seine-Saint-Denis.
Non content de se servir des magistrats comme des bouc-émissaires, Nicolas Sarkozy leur retire sa confiance en proposant « qu’en correctionnelle, pour les affaires les plus importantes, on introduise le jury aux côtés des magistrats comme c’est déjà le cas en assises. » Il se justifie en évoquant « la parole rendue au peuple, le pouvoir redonné au peuple » en oubliant un peu trop vite, ce qui est surprenant de la part d’un avocat, que la justice en France est rendue par les juges « au nom du peuple français ».
Finalement Nicolas Sarkozy remporte la palme de la mauvaise foi en énonçant : « Je propose que l’on passe de l’obligation de moyens à l’obligation de résultats. Parce que la question en politique ce n’est pas de savoir si oui ou non on a fait tout ce qu’on a pu pour résoudre un problème mais de savoir si oui ou non on l’a résolu. »
De quels « résultats » le ministre de l’Intérieur peut il se prévaloir aujourd’hui, lui qui avait fait de la lutte contre la délinquance « la priorité des priorités » ?
La république en bandoulière donc, mais la république des mots, pas la république des actes. Car, au quotidien, la république de Sarkozy voit l’égalité comme un fardeau, la fraternité comme « un appel d’air » pour les immigrés et la liberté comme un vecteur de licence qu’il faut donc canaliser et contrôler surtout quand il s’agit des « classes dangereuses ».
Sources : RESO NET
Posté par Adriana Evangelizt