Liban : la marine française traque les navires suspects

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Et après, on dira que nos soldats ne font pas leur travail...

La marine française traque les navires suspects


par Laurent Zecchini

"Golden-Falcon, Golden-Falcon, ceci est un hélicoptère de la marine française : me recevez-vous ?" L'hélicoptère Panther tourne au-dessus du cargo qui poursuit sa route sur une mer d'huile, au large de la côte libanaise. L'opérateur radio énumère, dans un anglais approximatif, les renseignements demandés : provenance et destination du navire, estimation de l'heure d'arrivée, armateur, immatriculation, nature de la cargaison...

Le Golden-Falcon a été suivi parce qu'il venait de Syrie. Ses réponses semblent "cohérentes", d'autant que le centre d'opérations (CO) de la frégate Cassard a confirmé que le navire ne figurait sur aucune liste de bateaux suspects.

Après une série de photos et une formule de politesse - "Merci de votre coopération" -, l'hélicoptère abandonne sa proie. Embarqué à bord de la frégate française, le Panther est en mission depuis plus d'une heure. Sur ses écrans radar, il suit les pistes de tous les navires entrant dans la zone de surveillance impartie au Cassard par le porte-aéronefs italien Garibaldi, qui assure le commandement de la mission de surveillance des eaux libanaises, dans le cadre de la Finul II.

Son travail et celui des frégates Lemnos (grecque), York (britannique) et Felice (italienne) est systématique et routinier. Depuis la levée du blocus, le 8 septembre, 700 bateaux ont été inspectés, dont 240 par les Français. La zone de patrouille, au-delà de 6 milles (11 kilomètres) de la côte, est limitée. Le gouvernement libanais entend garder la responsabilité de ses approches maritimes.

Il y a deux semaines, le Cassard avait repéré un navire "suspect" venant de Syrie. "Fraîchement repeint, il se disait libanais mais battait pavillon turc. Son équipage répondait de façon parcellaire. Et trois-quatre personnes sur le pont avaient subitement disparu", raconte le pilote du Panther. Le Cassard a transmis ces données au Garibaldi, qui les a transmises à la marine libanaise... et puis plus rien...

"Notre cible, explique son "pacha", le capitaine Philippe Dutrieux, ce sont les navires susceptibles de transporter des armements lourds ; pas les "speed-boats" (petites embarcations rapides) remplis d'armes."

De fait, vu le nombre de navires de guerre tournant devant les côtes, il faudrait vouloir se jeter dans la gueule du loup pour ravitailler militairement le Hezbollah par la voie maritime.

La marine libanaise dispose de huit patrouilleurs Tracker, dont moins de la moitié sont "à la mer". Vieillots, ils sont armés d'une mitrailleuse pour 10 hommes d'équipage. Autant dire que ce n'est guère dissuasif. D'autant qu'en cas de besoin il n'est pas sûr que Beyrouth demande à la Finul navale de "visiter" de force un navire suspect.

Dès lors, quelles sont la justification et l'efficacité de cette armada, alors qu'une ou deux frégates modernes auraient sans doute suffi. Les Italiens, relève un officier français, "se sont précipités pour commander la force navale, alors que nous étions les seuls à connaître la situation". "Récemment, ils n'avaient pas envisagé un recours à la force si les Libanais ne pouvaient agir. Tout cela a été bâclé." Il y a cependant des aspects positifs : "Nous savons que nous sommes écoutés : Tsahal doit ouvrir grandes ses oreilles. Au moins voient-ils que nous ne faisons pas de la figuration. C'était la condition pour lever le blocus maritime."

Sources : Le Monde

Publié dans LIBAN

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