Sarkozy dénonce "la capitulation sociale"

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Les mots de Sarkozy... "Je veux dire à la France, les yeux dans les yeux, que je dirai tout avant l'élection parce que je ferai tout après. Je sais que vous vous êtes souvent sentis trahis. Je fais ce serment à la France : je ne vous trahirai pas. Je ne vous mentirai pas. Je ne vous abandonnerai pas." Pour un peu, on en aurait les larmes aux yeux... le problème étant que l'on n'y croit pas une seconde.

Nicolas Sarkozy dénonce "la capitulation sociale"

par Philippe Ridet



Faire du Chirac sans Chirac. Renouer avec la thématique de la campagne gagnante de 1995. Remplacer la "fracture sociale" par "la France qui souffre". Nicolas Sarkozy en visite, lundi 18 décembre, dans les Ardennes a tenté de concilier le meilleur de l'héritage de son aîné avec sa volonté de rupture. Ainsi lui emprunte-t-il presque au mot près un de ses slogans de douze ans d'âge : "le salaire n'est pas l'ennemi de l'emploi". Parfois, il pioche plus loin encore retrouvant dans sa dénonciation de "l'insidieuse capitulation sociale" des accents de Philippe Séguin qui, en 1993, dénonçait "le Munich social", conduit par Edouard Balladur.

Mais son éloge du chef de l'Etat s'est vite transformé en coup de pied de l'âne : "Grâce au quinquennat de Jacques Chirac, a commencé le président de l'UMP, en meeting, lundi 18 décembre à Charleville-Mézières, nous avons cessé de capituler face à la délinquance, au déclin industriel, à l'immigration non maîtrisée, à l'endettement public (...). Mais nous avons capitulé sur notre message social. Il nous faut passer du renoncement à l'audace. Ce renoncement est une faute. Le cacher serait une faute plus grave encore. Je ne veux pas que demain ressemble à hier."

Sachant qu'il doit aussi faire avec les promesses non tenues du chef de l'Etat, il ajoute, solennel : "Je veux dire à la France, les yeux dans les yeux, que je dirai tout avant l'élection parce que je ferai tout après. Je sais que vous vous êtes souvent sentis trahis. Je fais ce serment à la France : je ne vous trahirai pas. Je ne vous mentirai pas. Je ne vous abandonnerai pas."

NUANCER SON IMAGE DE LIBÉRAL

Dans ce département meurtri par les délocalisations et le chômage, dans lequel le non au référendum a passé les 62 % où l'extrême droite a totalisé plus de 26 % des voix en 2002, M. Sarkozy sait qu'il doit convaincre de sa sincérité. Devant les élèves d'un lycée agricole de Rethel, les ouvriers des forges des Ateliers de Janves, visitées dans l'après midi, le candidat a fustigé "la démission", le "renoncement", la "capitulation". "Protéger, c'est la première responsabilité d'un président de la République", a-t-il dit. S'en tenant le plus souvent au constat, le candidat n'a pas avancé d'idées neuves. "Nous ne sommes condamnés ni à la fin de l'industrie, ni à la fin du travail, ni à la baisse des salaires, ni à la fin de l'identité française", tonne-t-il. Mais pour ramener les électeurs déboussolés dans le giron de l'UMP, le candidat compte visiblement davantage sur sa force de persuasion, au risque de l'incantation, que sur des mesures précises.

Le ministre de l'intérieur a cherché à nuancer son image de libéral. En vantant un "capitalisme familial et patrimonial", qu'il oppose à celui des fonds de pension, il ne propose rien moins que de "moraliser la vie économique" et déclare que "les dérives de la finance ne sont pas acceptables". Saisissant l'occasion de dénoncer à nouveau "la surévaluation de l'euro", il a fustigé comme "un renoncement", "la religion du libre-échange absolu", "l'acceptation de la fin de l'industrie", et "le partage du temps de travail".

C'est pourtant lorsqu'il s'en prend à l'héritage de Mai 68 dans l'éducation nationale, à l'école "où l'on dévalorise la culture", aux revenus de l'assistance qu'il dit supérieurs à ceux du smic, à l'immigration non maîtrisée, qu'il connaît ses meilleurs succès de tribune. "La bonne conscience, lance-t-il, ne veut pas voir le ressentiment qui monte chez ceux qu'on accueille si mal et chez ceux qui se sentent de plus en plus étrangers dans leur propre pays." Auparavant, il avait rendu hommage à cette "France qui croit au mérite et à l'effort, la France dure à la peine, la France dont on ne parle jamais parce qu'elle ne se plaint pas, parce qu'elle ne brûle pas les voitures (...), parce qu'elle ne bloque pas les trains. La France qui en a assez que l'on parle en son nom. La France qui se sent mise à l'écart parce que les augmentations d'impôt sont toujours pour elle et les allocations pour les autres".

A la recherche d'un syncrétisme, mêlant le meilleur du chiraquisme au volontarisme, M. Sarkozy cherche à donner corps à la "rupture tranquille". Le mot désormais n'est plus prononcé. M. Sarkozy entend seulement l'incarner.

Sources
Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt


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Publié dans LA LIBERTE EN DANGER

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