Dupont-Aignan et le débat politique
Dupont-Aignan et le débat politique
Par Bertrand ZUINDEAU
Maître de conférences en économie
Nicolas Dupont-Aignan mérite qu'on s'intéresse à lui, et plus qu'à lui bien sûr, à ses idées et à ses propositions. Je le connaissais très peu et, coup sur coup, je l'ai entendu sur France Culture ("Travaux publics" de Jean Lebrun) et sur France-Inter, interrogé par Nicolas Demorand. Je dois dire que j'ai trouvé son propos très pertinent, et même enthousiasmant. Enfin un candidat qui place le politique au fondement de toute décision économique et sociale importante ! Enfin un candidat qui développe un discours cohérent, structuré, sans annonce de cadeaux électoraux et, pour ce que j'ai pu entendre, tout à fait républicain et complètement exempt de toute démagogie. Sur l'Europe, pas de nouveau traité constitutionnel : avec l'élargissement inconséquent d'une Europe désormais à 27 Etats membres, l'extension des décisions à la majorité pourrait avoir des effets néfastes sur notre pays, à supposer, par exemple, qu'un front libéral exerce sa domination en Europe. NDA prône, pour sa part, des coopérations à géométrie variable entre nations européennes. Sur le plan des échanges internationaux, pour répondre de manière adéquate à certaines pratiques de protection effective, masquées par un discours libre-échangiste (les USA, la Chine, le Japon...), il invite à réfléchir, à l'instar du Danemark, au dispositif de TVA sociale qui a l'avantage de taxer aussi nos importations, en proportion de notre propre système de protection sociale, quitte à reverser une partie du produit obtenu, dans le cadre de l'aide internationale. Et l'on peut multiplier les exemples : critique de la gestion technocratique de la Banque centrale européenne exclusivement rivée sur le risque inflationniste, critique des saignées dignes de Diafoirus dans le cas d'Airbus, constant plaidoyer pour l'interventionnisme public, proposition de développement de l'actionnariat salarié pour éviter de placer les entreprises sous le joug de la finance internationale... Enfin des éléments sérieux pour alimenter un vrai débat ! Comme nous les avions eus pour le référendum sur le projet de constitution européenne : conception politique contre conception politique. L'inconsistance de la plupart des autres candidats, et notamment les supposés "grand(e)s candidat(e)s", n'en ressort qu'avec plus d'acuité : l'absence de vision d'ensemble, le syncrétisme à la petite semaine, bâtie au gré des "J'ai une question à vous poser", sans parler des dérives politiciennes (la "com", le people, les attaques personnelles...), ont jusqu'à présent marqué l'essentiel de la campagne. Et il suffit de lire les éditoriaux d'Evariste pour vérifier que la gauche antilibérale n'est pas, elle non plus, exempte de critiques sérieuses : conflits de chapelles, propositions ahurissantes (Bové et ses "candidats sans papiers" aux élections législatives) et, plus fondamentalement, un projet altermondialiste dont on perçoit encore très mal les caractéristiques et surtout les conditions de réalisation. Mon propos ne se veut pas constituer un plaidoyer en faveur du candidat Dupont-Aignan (personnellement j'apprécie aussi les prises de position républicaines de Corinne Lepage), mais d'en augurer la grande utilité dans la campagne électorale... à supposer qu'il puisse réunir les 500 signatures pour être candidat officiel.
Sources Res Republica
Posté par Adriana Evangelizt