Une biographie édifiante de M. Sarkozy
Une biographie vraiment édifiante où l'on en apprend un peu plus sur le père de Nicolas Sarkozy. On peut comprendre alors qu'il en ait vraiment voulu à son père. Il est même fort probable que cela ait pu provoquer en lui de la rancoeur avec des répercussions sur son caractère. Nicolas Sarkozy a comme une revanche à prendre à cause de cela qui se traduit par une certaine hargne. Psychologiquement, on peut comprendre beaucoup de choses.
Une biographie édifiante de M. Sarkozy
par E. Meunier
Il me semble que l’on ne saurait combattre M. Sarkozy, si l’on refuse d’éprouver pour lui quelque empathie. Un ennemi de choix se doit d’être étreint délicatement, car c’est le gage d’efficace du coup de dague républicain qui, peu ou prou, résume notre vote d’électeur dépossédé d’un débat authentiquement démocratique. Il ne s’agit pas seulement, par un vote « anti-sarko » de défendre, tel Brutus, la république ; ce vote doit aussi être un bienfait pour Sarkozy lui-même, une manière de le sauver de son propre délire.
Commençons par ses origines et demandons la mère, Andrée Mallah. Elle est la fille d’un médecin juif, Aron Mallah, originaire de Salonique, qui par amour d’une jeune veuve, Adèle Bouvier, se convertit au catholicisme. Ils se marient en 1917. Son épouse est la fille d’un grainetier en gros, des plus fortuné, installé à Lyon. Ils auront deux filles, Suzanne et Andrée, la future mère de Nicolas Sarkozy. Les Mallah sont des plus aisés, installés dans un hôtel particulier dans le XVIIe arrondissement. Le parc Monceau sera le terrain de jeu du petit Nicolas. Politiquement, le Dr Mallah est acquis au gaullisme et à la république ; il garde le souvenir des années de guerres qui l’on contraint à se cacher en Corrèze. L’homme n’a pas laissé de souvenir impérissable à Nicolas. Interrogé le 10 décembre 2006 par Serges Moati (émission Ripostes), M. Sarkozy se souvient seulement d’un grand père qui l’emmenait, chaque jeudi, boire une limonade en silence, dans un même lointain café, après avoir parcouru toute une ligne de métro… Un homme terne ? Un homme qui aura influencé profondément le plus jeune frère de Nicolas Sarkozy, François, qui suivant ses pas, devient pédiatre et chercheur en biologie, puis « émigrant », puisqu’il ira s’installer aux USA. Quand aux origines commerçantes de la famille, elles n’ont pas été oubliées par Guillaume, le frère aîné de Nicolas, PDG malheureux des Tissages de Picardie et candidat malheureux à la présidence du MEDEF.
A présent, dans la famille Sarkozy, demandons le père. « Je suis le fils d’un immigré hongrois chassé par le communisme. Mon père a fui la Hongrie, caché sous un train, en 1949 » affirme Sarkozy dans une interview à Libération en 1991. Qu’en est-il ? Pàl Nagy-Bocsa y Sarközy, né en 1928, est le fils d’un notable de la petite aristocratie, conseiller municipal de Szolnok ; sa famille est protestante. En fait la famille fuit devant l’armée rouge et s’installe dès 1944 en Autriche, puis en Allemagne. L’Allemagne n’encourageait pas alors ni le tourisme, ni l’afflux de réfugiés indigents, aussi cette fuite ne fut-elle possible qu’avec des amitiés allemandes.
Et il y a bien eu une amitié germano-hongroise (malgré, il est vrai, les réticences de Horthy, le régent de Hongrie). Elle s’est concrétisée par la déclaration de la guerre à l’URSS du 27 juin 1943. La déportation, en juillet 1941, de 20 000 juifs de Ruthénie subcarpatique, prise à la Tchécoslovaquie en 1939, vers l’Ukraine occupée, où les attendaient les détachements d’Einsatzgruppen. Le soldat hongrois s’illustra aussi par le massacre de 3 000 otages serbes et juifs en Yougoslavie, près de Novi Sad. Entre le 15 mai et le 9 juillet, près de 440 000 juifs furent déportés, en très grande majorité vers Auschwitz. La bataille de Stalingrad sera désastreuse pour les troupes hongroises, dont les résidus finiront par être intégrés dans l’armée allemande. Pàl, en 1945, a 17 ans. Il retourne en Hongrie en 1946 pour en repartir très rapidement. Il appartient à une caste compromise avec un régime odieux, il fait parti du camp des vaincus. Alors, il préfère l’exil à un avenir médiocre. Notons qu’il existe encore des Sarkozy en Hongrie et rappelons que la fermeture des frontières entre l’Est et l’Ouest ne débute que le 24 Juin 1948 (blocus de Berlin Ouest) et que les frontières ne seront effectivement hermétiques qu’à partir d’août 1961 (quand les autorités de RDA érigent un mur qui sépare les secteurs orientaux et occidentaux de Berlin). Toujours est-il qu’arrivé à Baden Baden (peut-être en fraudant comme l’insinue Nicolas Sarkozy), il s’engage dans Légion Etrangère. Mais après avoir fait ses classes en Algérie, il est déclaré inapte au service. Le voilà donc débarquant à Marseille, en 1948 en homme désargenté.
Comme il pratique la peinture, il réussit se fait embaucher au service des réclames des lessives Bonux (à l’époque la publicité recours massivement à des peintres en lettre et à des peintres capables de peindre des images murales). C’est une question de survie pour le jeune Pàl que de s’auréoler d’un prestige aristocratique et de prétendre à d’imaginaires possessions agricoles et à quelques châteaux prétendument réquisitionnés par les rouges.
Il rencontre donc, en 1949, Andrée Mallah, étudiante en droit. La jeune fille, à l’image de sa mère, tombe amoureuse de cet homme auréolé du prestige tragique de l’exil ; ils se marient. La fortune des Mallah permet à Pàl de créer sa propre société de publicité. Pàl devient « Paul » (il sera naturalisé en 1980). L’union dure huit ans, le temps de faire trois garçons. Puis, ils divorcent. La mère s’installe chez son père et reprend alors ses études de droits (elle sera bientôt avocate).
M. Sarkozy dit qu’il « n’a pas la nostalgie de l’enfance parce que ça n’a pas été un moment particulièrement heureux » et que « ce qui (l)’a façonné, c’est la somme des humiliations de l’enfance ». Le petit Nicolas n’était pourtant pas un « enfant en danger ». Mais c’est un enfant qui en veut à son père d’être parti. « Dès l’enfance, écrivent ses biographes (Pascale Nivelle, Élise Karlin, Les Sarkozy, une famille française, Paris, Calmann-Lévy, 2006), Nicolas s’est construit en butte au père absent, dans la violence du ressentiment, souffrant de sa taille et de sa solitude. » Ce ressentiment se réactivera à l’adolescence : « Nicolas, adolescent, refuse de rencontrer [son père] pendant trois ans. » Et puis, il en veut à la mère absente, accaparée par ses études et par le dessein de reconstruire sa vie, qui le confie aux nounous. Enfant « déprivé » (c’est-à-dire privé de la mère en tant qu’objet d’amour) - pour reprendre la terminologie de Winnicott -, le petit Nicolas est coléreux et agressif. Son frère aîné, Guillaume, authentique « fils à maman », en fait les frais : « Mais s’il est plus petit, beaucoup plus petit que son frère, c’est Nicolas le plus teigneux des deux : il n’hésite pas à se jeter sur son aîné, l’agrippe au paletot jusqu’à ce que l’autre, pris à la gorge, balance un poing pour s’en débarrasser. »
Souffrance bourgeoise, où l’enfant déprivé ne peut trouver d’exutoire dans le vol ou le saccage d’un abri bus, exutoire qui, quoi qu’on pense protège l’objet d’amour – la famille – d’acte de destruction. La souffrance liée à la déprivation, bourgeoisie oblige, s’exprime ici dans la famille.
Sans doute la médiocrité de sa scolarité fut elle un moyen de signaler son mal-être, mais, le procédé fut sans doute sans effet, car, bourgeoisie oblige, il y a obligation de réussite scolaire. Il redouble sa sixième (1967) et doit entrer en 1968 au lycée privé Saint-Louis de Monceau, où il obtient son bac B de justesse en 1973. Il tente bien de sa rapprocher de la mère en suivant sa voie, en devenant avocat. Mais, il n’exercera presque pas jamais cette profession, se contentant de parts acquises dans un cabinet spécialisé dans l’immobilier (activité qui lui rapporte par ailleurs des dividendes conséquents - 241 000 euros en 2002 - sans parler des précieux conseils dispenser par exemple pour acquérir un appartement sur l’île de Jatte !)
Il y a chez Sarkozy une « envie » de révolte, c’est-à-dire une manière « envieuse » de regarder la subversion. Il veut détruire cette inaccessible aptitude à la rébellion qu’il voit chez d’autres,… mais en s’affichant rebelle à l’autorité. Disqualifier la « figure paternelle » en trahissant le mentor du moment est une constante chez lui. Elu en 1977 sur la liste du RPR à Neuilly (il est le dernier de la liste), il manœuvre en 1983, après la mort d’Achille Peretti, (maire de Neuilly), pour doubler son mentor d’alors, Charles Pasqua, et se fait élire à la place de celui-ci, Maire de Neuilly. Ce coup pendable à l’encontre de Pasqua, le rend inévitablement sympathique aux yeux d’un Chirac qui le prend alors sous son aile. On sait comment il manoeuvrera ensuite contre Jacques Chirac avec Balladur ; comment, ministre du budget de Balladur, il transmit à la justice les dossiers qui valurent tant d’ennuie à Juppé et, peut-être, demain à Chirac (quoi que le Canard ait évoqué des accords visant à garantir l’impunité de Chirac).
Une autre modalité d’expression du mal être, chez M. Sarkozy, est la mythomanie. Si son père fut menteur par nécessité, Nicolas a, lui, un don sans pareil. Ce don s’exprime par sa conviction d’avoir un « destin », d’être déterminé par une nécessité à agir comme il le fait. A dire vrai, comme nous tous, il n’est en effet, pas vraiment libre, tout à chacun subit des déterminations… Mais ce qui est du registre mythomane c’est de conférer du « sacré » aux déterminations. Cette conviction le mène au limite du comique lorsqu’il fait ce « outing » à la télévision française : « je suis né hétérosexuel » ; et, parfois, au limite de l’abject quand il prétend à l’existence de gènes du suicide ou de la pédophilie. Mais à l’arrière plan de tout cela, il y a l’affirmation mythomane de la nécessité de son destin.
On le sait : plus on est de fou, plus on rit. Et le couple Nicolas-Cécilia doit être désopilant. Cécilia Sarkozy, sa seconde épouse, l’égale sur ce registre. En témoigne l’ineffable relation qu’ils font de leurs amours à une journaliste de Libération (La deuxième dame de France Par Vanessa SCHNEIDER, LIBERATION, jeudi 8 juillet 2004) : Tout a commencé par un mariage. Ce jour-là, Cécilia Maria Sara Isabel Ciganer, jeune fille des beaux quartiers aux yeux de chat, épouse Jacques Martin, animateur vedette, de vingt ans son aîné. Elle l’a rencontré quelques mois plus tôt et est enceinte. En face du couple, celui qui les unit, le jeune maire de Neuilly-sur-Seine, Nicolas Sarkozy, est subjugué. « Mais pourquoi je marie cette fille à un autre ? Je l’aime, elle est pour moi », pense-t-il alors. Il rappelle la jeune épousée. Elle est inquiète, le prend « un peu pour un malade ». L’article mériterait d’être cité intégralement car il rend rabsolument compte de ce soucis des Sarkozy de se convaincre de la "nécessité" de leur rencontre et de leur union...
Face à la perspective d’accéder à la Présidence, Sarkozy est inévitablement en situation de danger psychique : s’il devient Président, quel « père » pourra t-il trahir ? S’il devient Président, quel destin mythomane pourra t-il encore s’imaginer ? Parvenu à la présidence, il y a des menaces de « décompensation » et d’aventures politico-diplomatiques des plus hasardeuses !
L’issue que semble se découvrir M. Sarkozy, c’est celle de nous rendre « fou », aussi fou que lui, et cela en semant la confusion. Le débat avec Onfray est exemplaire de sa manière de faire. Face à Onfray qui l’interroge sur les déterminants sociaux des comportements « déviants », Sarkozy répond d’abords que l’homme est par nature ambivalent : « chaque homme est en lui-même porteur de beaucoup d’innocence et de dangers ». Puis, il objecte que les déterminants sont secondaire en s’exclamant : « Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ? » Puis, il affirme comme, on sait, la puissance déterminatrice de la génétique. Soutenir trois points de vue contradictoires (sans les « dialectiser ») en moins de deux minutes, c’est tout de même exceptionnel. Etre l’ami des Juifs et l’ami des électeurs du Front national relève de la même nécessité de répandre la confusion ; tout comme le fait d’être atlantiste et pour l’exacerbation de « l’identité nationale » ; tout comme le fait d’exalter l’intégration et le communautarisme… Sarkozy ne survivrait, comme Président, qu’en employant le meilleur de lui-même à produire un état de confusion généralisé. Car la certitude d’être l’auteur de cette confusion généralisée lui permettra de conserver l’illusion de contrôler encore quelque chose, et, ainsi, il espère se préserver d’un éventuel « pétage de plomb ».
Voter « anti-sarko », ce n’est donc pas seulement s’épargner des années de désastres. C’est, finalement, l’aider, lui. Le vote « anti-sarko » est sans haine. Il est rationnel. Il protège notre besoin de sens et nous préserve d’un gouvernement par la confusion.
Principales sources :
Biographie générale sur Wikipedia
Biographie extraite l’Encyclopédie politique française d’Emmanuel Ratier
Biographie générale sur le site de France2
Biographie des ascendants maternels, site de Lyon Mag
Article sur la Hongrie des Sarkozy (repris de Reuter)
Articles dans l’Express, par Pascale Nivelle et Élise Karlin, auteurs de « Les Sarkozy, une famille française », Paris, Calmann-Lévy, 2006
Sites à prétention « psycho » qui glanent des éléments dans des biographies livresques sur Sarkozy, en particulier dans le livre de Pascale Nivelle et Élise Karlin,
Biographie sur le site « le regard conscient »
Biographie sur le site « intégral personality »
Dialogue avec le philosophe Onfray
Sue le patrimoine de Sarkozy : Betapolitique : ici, ici et ici et Canard Enchaîné
Sources Betapolitique
Posté par Adriana Evangelizt