La Ve République n’en finit pas de se déliter...

Publié le par Adriana EVANGELIZT

La Ve République n’en finit pas de se déliter...


par Thomas Clay






Le délitement des institutions de la Ve République redouble en cette fin de campagne où l’on mesure les conséquences de la confusion des genres et des pouvoirs, poussée à son paroxysme par l’actuelle majorité UMP.

C’est d’abord un ancien président de la République qui prend officiellement parti pour le candidat de l’UMP au mépris de l’obligation de réserve qu’il devrait scrupuleusement respecter en tant que membre du Conseil constitutionnel qu’il a tenu à être.

C’est ensuite la spectaculaire perquisition hier dans les locaux de la Chancellerie pour comprendre le rôle du cabinet du Garde des Sceaux en 2005 dans l’affaire Borrel. Curieuse justice qui semble cacher à ses propres juges des éléments sur l’assassinat probable de l’un des siens. Tâche d’autant plus délicate que celui qui dirigeait ce cabinet à l’époque a été bombardé entre-temps Procureur général à Paris, c’est-à-dire qu’il est lui-même en charge des poursuites qui le visent !

C’est enfin la nomination au deuxième parquet de France, celui de Nanterre, d’un magistrat qui n’a jamais dirigé de parquet, ni même été parquetier. Passée en force, cette nomination est sensible non seulement parce que le département des Hauts-de-Seine est stratégique, mais aussi parce que c’est là que certaines des affaires visant l’actuel président de la République seront poursuivies. Nommé par décret du 19 mars, l’installation du juge dans ses nouvelles fonctions se fera entre les deux tours de la présidentielle. Tous les actes accomplis dans l’intervalle par celui qui est encore juge et néanmoins déjà procureur (clôture de l’affaire des ventes d’armes à l’Angolaet renvoi de 42 personnes pour être jugées ; mise en examen du directeur général de la première entreprise française Total ; affaire du journaliste Francelet) sont susceptibles d’être attaqués de ce seul fait. Le gouvernement aurait peut-être dû respecter l’avis du CSM qui s’était opposé à la nomination de ce juge, proche de Nicolas Sarkozy comme il s’en vante lui-même.

Trois exemples pris uniquement dans l’actualité la plus récente qui montrent que la République des copains n’en finit pas de se discréditer elle-même. Vivement la VIe République.

Thomas Clay

Professeur de droit à l’Université de Versailles

Sources Betapolitique

Posté par Adriana Evangelizt


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