La dernière lettre de Guy Môquet sera lue aux lycéens chaque année
Sarkozy: la dernière lettre de Guy Môquet sera lue
aux lycéens chaque année
Photo datée probablement de 1945 de manifestants portant un portrait de Guy Môquet
Nicolas Sarkozy a annoncé mercredi que sa "première décision" de président serait de faire lire dans tous les lycées du pays, en début d'année scolaire, la lettre écrite par le jeune résistant communiste Guy Môquet à ses parents avant son exécution en 1941.
"Je n'ai jamais pu lire ou écouter la lettre de Guy Môquet sans en être profondément bouleversé", a déclaré le président Sarkozy après la lecture de cette lettre au cours d'une cérémonie au Monument de la Cascade du Bois de Boulogne.
Les caméras de télévision ont surpris le nouveau chef d'Etat essuyant une larme à l'issue de cette lecture par une lycéenne.
Sofia Ibrahimi, élève de 2nde à Montgeron (Essonne) et lauréate du Concours national de la Résistance et de la Déportation, a lu cet ultime courrier envoyé aux siens par le communiste Guy Môquet, fusillé en octobre 1941 à l'âge de 17 ans.
La figure de Guy Môquet avait été évoquée à maintes reprises par M. Sarkozy pendant sa campagne.
"Ma première décision de président de la République sera de demander au futur ministre de l'Education nationale que cette lettre soit lue en début d'année à tous les lycéens de France", a-t-il dit.
"Si j'ai tenu à faire ici ma première commémoration en tant que président", a-t-il ensuite expliqué, "c'est parce que je crois qu'il est essentiel d'expliquer à nos enfants ce qu'est un jeune Français, à travers le sacrifice de quelques-uns, l'anonyme grandeur d'un homme qui se donne à cause plus grande que lui".
"Que les enfants mesurent l'horreur de la guerre et à quelles extrémités barbares elle peut conduire", a-t-il ajouté.
Le chef de l'Etat a enfin évoqué le "miracle" de la réconciliation franco-allemande. "C'est la raison pour laquelle", a-t-il conclu, "je partirai dans quelques instants en Allemagne pour rencontrer la chancelière" Angela Merkel.
La cérémonie a débuté par une minute de silence, suivie de l'interprétation de la Marseillaise par le choeur de l'armée française. Elle s'est achevée avec le Chant des partisans.
L'écrivain Max Gallo y a lu une évocation de l'épisode historique commémoré.
Dans la nuit du 16 au 17 août 1944, trente-cinq jeunes gens, garçons et filles engagés dans la Résistance, avaient été massacrés par l'armée allemande près de la cascade du Bois de Boulogne après avoir été trahis par un gestapiste français.
Dans l'assistance figuraient Patrick Ollier et Christian Poncelet, respectivement présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que des adolescents représentant les lycées Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), la ville dont le nouveau président a longtemps été le maire, Notre-Dame de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), Louis-le-Grand de Paris et Paul-Lapie de Courbevoie (Hauts-de-Seine).
Sources AFP
Hommage
Guy Môquet, jeune figure de la Résistance contre l'occupation
La lettre de Guy Môquet à la veille de sa mise à mort
"Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.
17 ans 1/2, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant.
Courage !
Votre Guy qui vous aime.
Guy
Dernières pensées : Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !"
Aperçu de vie
Guy Môquet était le fils du député communiste du XVIIe arrondissement de Paris Prosper Môquet. Le parti communiste français ayant été dissous par Édouard Daladier en septembre 1939, Prosper Môquet est arrêté le 10 octobre 1939, déchu de son mandat de député en février 1940 et plus tard déporté en Algérie. Le frère de Prosper, Henri était concierge au siège du parti communiste. À la fin de l'été 1940, il est intégré dans le dispositif clandestin du parti.
Guy Môquet était lycéen au lycée Carnot et fervent militant des jeunesses communistes. Après l'occupation de Paris par les Allemands et l'instauration du gouvernement de Vichy, Guy déploie une grande ardeur militante pour coller des papillons dans son quartier dénonçant le nouveau gouvernement et demandant la libération des internés. Il est arrêté à 16 ans le 13 octobre 1940 au métro Gare de l'Est par des policiers français qui recherchaient les militants communistes. Les policiers le passent à tabac pour qu'il révèle les noms des amis de son père.
Emprisonné à Fresnes, puis à Clairvaux, il est ensuite transféré au camp de Châteaubriant (Loire-Atlantique), où étaient détenus d'autres militants communistes.
Le 20 octobre 1941, Karl Hotz, commandant des troupes d'occupation de la Loire-inférieure, est exécuté à Nantes par trois jeunes communistes.
Le ministre de l'Intérieur du gouvernement Pétain, Pierre Pucheu, sélectionne des otages communistes "pour éviter de laisser fusiller 50 bons Français": 18 emprisonnés à Nantes, 27 à Châteaubriant et 5 Nantais emprisonnés à Paris.
Deux jours plus tard, neuf poteaux sont dressés à la Sablière, vaste carrière à la sortie de Châteaubriant. En trois groupes, les 27 otages s'y appuient, refusent qu'on leur bande les yeux et donnent leur vie en s'écriant "vive la France". Guy Môquet est le plus jeune. Il est abattu à 16h00.
Avant d'être fusillé, il avait écrit une lettre à ses parents. Le jeune frère de Guy Môquet, Serge, âgé de 12 ans en 1941, fut traumatisé par la mort de son aîné et ne lui survécut que quelques jours.
Sources Aloufok
Posté par Adriana Evangelizt