Clearstream: l'hypothèse d'une manipulation politique relancée

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Une chose est sûre, c'est qu'une fois président, Nicolas Sarkozy n'allait pas laisser couler l'affaire Clearstream. Connaissant toute sa pugnacité voire même sa rancune, nul doute que son souhait de voir "pendus à un crochet de boucher" ceux qui ont mis son nom sur le listing, comme il l'avait formulé, risque fort de se réaliser.

Clearstream: l'hypothèse d'une manipulation politique relancée

Les perquisitions menées par les juges en charge de l'affaire Clearstream au domicile et dans un bureau de Dominique de Villepin ont relancé l'hypothèse d'une manipulation politique au plus haut niveau qui pourrait conduire à la mise en examen de l'ancien Premier ministre.

Dominique de Villepin a-t-il été l'instigateur ou le complice d'une manipulation politique qui aurait eu pour but de déstabiliser son rival dans la course à l'Elysée, l'actuel président de la République, Nicolas Sarkozy ?

Les notes inédites du général Rondot, récemment mises au jour par une expertise judiciaire de l'ordinateur de cet ex-conseiller au ministère de la Défense, le suggèrent même si elles ne constituent pas des preuves directes de l'implication de l'ancien Premier ministre.

Selon ces notes, M. de Villepin aurait poussé Jean-Louis Gergorin, ancien vice-président d'EADS, à dénoncer à la justice des personnalités, dont l'ex-ministre de l'Intérieur, faussement accusées de détenir des comptes occultes. L'objectif premier de cette manoeuvre aurait été de "balancer Nicolas Sarkozy", selon des propos prêtés à Imad Lahoud, autre personnage clef du dossier.

A la recherche de preuves, les juges financiers Jean-Marie d'Huy et Henri Pons ont perquisitionné jeudi et vendredi au domicile et dans un bureau de Dominique de Villepin, emportant de nombreux documents.

Mais, même si ces scellés n'apportaient rien de neuf, les juges sont déjà en situation de poursuivre l'ex-chef du gouvernement, la présence "d'indices graves ou concordant" étant, selon la loi, suffisante pour justifier une mise en examen.

"A aucun moment je n'ai demandé à qui que ce soit d'enquêter sur des personnalités politiques, encore moins de les compromettre", a affirmé samedi à l'Est Républicain l'ex-Premier ministre.

"Je démens formellement avoir pris quelque initiative que ce soit, ni en direction du juge van Ruymbeke, ni en faveur d'Imad Lahoud, que je n'ai jamais rencontré", a-t-il ajouté.

Depuis près de trois ans, les juges tentent de découvrir les motivations des auteurs et des éventuels commanditaires de cette manipulation.

En mai et juin 2004, le juge Renaud Van Ruymbeke avait reçu des lettres anonymes et des listing bancaires accusant faussement des personnalités, dont Nicolas Sarkozy, de détenir des comptes occultes chez Clearstream, un organisme financier par lequel aurait, selon ces courriers, transité les pots-de-vin de la vente de frégates à Taiwan en 1991.

Dès le début de l'affaire, Nicolas Sarkozy a donné un tour politique au dossier en accusant à mots couverts l'entourage de M. de Villepin d'être à l'origine de cette manipulation.

Sa constitution de partie civile début 2006 a véritablement lancé l'enquête judiciaire.

La publication en mai 2006 dans le Monde de premières notes du général Rondot, saisies par les juges, suggérait déjà une implication de Dominique de Villepin et de Jacques Chirac: "Si nous apparaissons, le PR (président) et moi, nous sautons", aurait notamment dit M. de Villepin au général.

Entendu comme témoin par les juges en décembre 2006, le Premier ministre avait contesté avoir ordonné à Rondot d'enquêter sur Nicolas Sarkozy.

Quatre personnes, considérées comme des artisans plus ou moins volontaires de cette manipulation, ont déjà été mises en examen dans ce dossier: Jean-Louis Gergorin, qui a reconnu être l'auteur des courriers anonymes de dénonciation, Imad Lahoud, ex-directeur scientifique d'EADS, soupçonné - ce qu'il a toujours nié - d'avoir été le "falsificateur" des listings comptables accompagnant les lettres de dénonciation, l'informaticien Florian Bourges et le journaliste Denis Robert qui ont été en possession des vrais listings de Clearstream détournés par les manipulateurs.

Sources AFP

Posté par Adriana Evangelizt

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