Les déclarations de Kouchner sur l'Iran critiquées en Russie
Les déclarations de Kouchner sur l'Iran critiquées en Russie
Le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, est arrivé, lundi 17 septembre au soir, à Moscou pour une visite de deux jours, en plein débat autour de son évocation d'un risque de guerre contre l'Iran, en raison de son programme nucléaire. La question de l'adoption d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, renforçant le régime des sanctions pour amener l'Iran à suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium, figurera en bonne place dans la liste des sujets évoqués par M. Kouchner avec son homologue russe, M. Lavrov.
La Russie, qui doit fournir la centrale nucléaire de Bouchehr aux Iraniens, reste hostile à toute intervention militaire contre l'Iran. C'est pourquoi les déclarations de M. Kouchner ont suscité un débat dans le milieu politique, autant que dans la presse.
Une éventuelle intervention militaire américaine en Iran serait "une erreur politique", avec des conséquences "catastrophiques", a affirmé le vice-ministre des affaires étrangères russe, Alexandre Lossioukov. Pour lui, cela ne pourrait qu'"aggraver la situation au Proche-Orient" et "susciterait une réaction très négative de la part du monde musulman".
"LA FRANCE EST DEVENUE MAUVAISE ET AGRESSIVE"
"Une guerre contre l'Iran peut avoir des conséquences difficilement prévisibles, bouclerait l'anneau Afghanistan-Iran-Irak, ne manquerait pas d'affecter les territoires palestiniens, Israël et la Syrie, tout en pulvérisant l'espoir d'une stabilité dans l'ensemble de la région", a déclaré, lundi, à l'agence RIA Novosti, le président du Comité pour les affaires internationales du Conseil de la Fédération (Chambre haute du Parlement russe), Mikhaïl Marguelov. "Nous tous sommes témoins d'une triste expérience américaine en Afghanistan et en Irak, qui prouve que l'Orient demande une approche très délicate, que la politique orientale ne peut se faire ni avec une hache ni par des bombes", a poursuivi le parlementaire. Quant à la Russie, a-t-il souligné, elle ne voit pas de raisons objectives de voter pour le lancement d'opérations militaires à proximité immédiate de ses propres frontières.
"Probablement l'Occident, qui en a assez de sa dépendance [aux Américains] sur le marché pétrolier, a décidé enfin de jouer sa propre carte proche-orientale", analyse la Pravda. "L'Occident comprend qu'il a besoin du soutien de la Russie pour pouvoir commencer une guerre et a envoyé Kouchner pour sonder le terrain", poursuit le journal.
Cette position française "est un signe évident des accents atlantistes de la politique de Nicolas Sarkozy. Une France jadis bonne est devenue mauvaise et agressive", écrit Rossiïkaïa Gazeta.
"C'EST PLUTÔT UN EXERCICE VERBAL"
"Le président Sarkozy espère-t-il gagner plus de poids politique pour lui et pour son pays dans l'arène internationale ou bien a-t-il décidé de jouer en couple avec Washington ? Dans cette dernière hypothèse, la France peut vraiment aider la Maison Blanche à justifier la nécessité d'un coup militaire contre l'Iran. Probablement, l'appel de Kouchner à se préparer à une guerre fait-il partie de ce stratagème", relève le quotidien Novie Izvestia.
"C'est plutôt un exercice verbal, un essai pour convaincre les Iraniens [de suspendre leurs activités nucléaires]", tempère, de son côté, le chef du centre de recherches françaises de l'Institut de l'Europe, Yuri Roubinski, dans une interview à Vremia Novosteï.
"Le nouveau gouvernement français se rapproche des Etats-Unis" et "il est peu probable que Lavrov et Kouchner trouvent un terrain d'entente sur l'Iran lors de cette visite", anticipe le quotidien économique Kommersant (journal de l'opposition).
Sources Le Monde
Posté par Adriana Evangelizt