Le volontarisme diplomatique de Sarkozy à l'épreuve de Moscou

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Le volontarisme diplomatique de Sarkozy à l'épreuve de Moscou

PARIS (Reuters) - Soucieux de restaurer l'influence de la France sur la scène internationale, Nicolas Sarkozy effectue mardi et mercredi à Moscou le voyage sans doute le plus délicat de son début de quinquennat.

Pour Thomas Gomart, responsable du département Russie à l'Institut français des relations internationales (Ifri), "cette visite a une valeur de test aux yeux des Russes".

"On a un nouveau président français considéré par les Russes comme un novice en matière de relations internationales et de sécurité", explique ce spécialiste. "En face, Vladimir Poutine se considère comme un des doyens de la scène internationale."

"Il y a une volonté des Russes de tester Nicolas Sarkozy, qui est précédé par une réputation plus atlantiste que son prédécesseur Jacques Chirac", ajoute-t-il.

A l'instar de la chancelière allemande Angela Merkel, Nicolas Sarkozy a également adopté un discours plus critique que celui de Jacques Chirac envers la Russie sur des dossiers comme les libertés publiques, les droits de l'homme ou la Tchétchénie.

Thomas Gomart relève cependant des similitudes entre le président français et son homologue russe. "Tous deux attachent le plus grand soin à leur communication, comptent avant tout sur leur énergie et jugent les questions idéologiques secondaires par rapport aux relations d'homme à homme."

Nicolas Sarkozy rencontrera Vladimir Poutine deux fois au cours de son séjour, mardi soir, dès son arrivée, pour un "dîner de travail" en petit comité dans la "datcha" du président russe, près de Moscou, et mercredi, lors d'un déjeuner au Kremlin.

Ils inaugureront d'autre part ensemble une statue à la mémoire de l'escadrille française Normandie-Niemen, qui combattit aux côtés des Soviétiques contre les Allemands pendant la Seconde guerre mondiale.

Pour la France, la Russie est un "partenaire stratégique" avec lequel il est "essentiel d'approfondir (le) dialogue sur les grands dossiers internationaux", déclarait vendredi dernier le porte-parole de l'Elysée, David Martinon.

Un partenaire d'autant plus stratégique que la Russie est dotée d'une force de frappe redoutable grâce à ses ressources pétrolières et gazières et à la flambée des prix de l'énergie. Elle dispose de la troisième réserve de change mondiale après celles de la Chine et du Japon, selon l'Ifri.

De quoi investir massivement un peu partout dans le monde, notamment dans l'Union européenne, y compris dans des secteurs aussi sensibles que l'aéronautique - la banque russe VTB a ainsi acquis 5% d'EADS l'an dernier.

"FRANCHISE" ET "COMPRÉHENSION"

Les sujets de désaccord entre Paris et Moscou ne manquent pas, à commencer par l'avenir du Kosovo et le différend international sur le programme nucléaire iranien.

La France est en faveur de l'indépendance du Kosovo sous supervision internationale quand la Russie soutient la Serbie qui y est hostile. Paris plaide pour des sanctions renforcées contre l'Iran, alors que Moscou les juge contre-productives.

La persistance de désaccords sur le Kosovo doit "nous inciter à redoubler nos efforts", souligne David Martinon, selon qui "les incompréhensions initiales" sur l'Iran ont en revanche "fait place progressivement à une analyse convergente".

L'élargissement de l'Otan à d'anciennes républiques du bloc soviétique, la sécurité des approvisionnements de l'Europe en gaz naturel, le projet américain de bouclier anti-missile en Pologne et en République tchèque, la crise du Proche-Orient, etc. seront vraisemblablement aussi au menu des entretiens.

Selon David Martinon, Nicolas Sarkozy redira à Vladimir Poutine son désir d'entretenir avec Moscou un dialogue "franc et confiant" tout en cherchant "à comprendre la Russie".

Une compréhension qu'il a notamment manifestée en offrant sa médiation dans l'affaire du bouclier anti-missile américain. La France se montre également très réservée sur l'éventuelle entrée de l'ex-république soviétique de Géorgie dans l'Otan.

La Russie compte pour sa part sur le soutien de la France à sa volonté de rejoindre l'Organisation mondiale du commerce, actuellement en négociation.

En juin, à peine élu, Nicolas Sarkozy avait affiché une certaine complicité avec Vladimir Poutine, lors du sommet du G8 à Heiligendamm, tout en assurant lui tenir un "langage de franchise".

Le 27 août, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs de France, il a ainsi accusé la Russie de jouer "avec une certaine brutalité de ses atouts" énergétiques. La Russie doit être un "facilitateur" et non "un pays qui complique les grands problèmes du monde", a-t-il renchéri jeudi en Bulgarie.

A la veille de son départ pour Moscou, il a reçu lundi le président polonais Lech Kaczynski et le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek. Il avait déjeuné vendredi avec le président ukrainien Viktor Iouchtchenko. Un "hasard" de calendrier, assure David Martinon.

Sources Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Sarkozy - Russie

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