Contre le blocage, Sarkozy va intervenir

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Contre le blocage, Sarkozy va intervenir


Par Virginie LE GUAY et Florence MURACCIOLE

La grève dans les transports en commun se poursuit alors que les négociations sur la réforme des régimes spéciaux de retraite semblent au point mort. Seule la CFDT a appelé à la reprise du travail. L'Elysée espère toutefois une sortie de crise avant mardi, date à laquelle la fonction publique appelle à une journée de mobilisation. Faute de quoi Nicolas Sarkozy pourrait bien intervenir en début de semaine.


Silencieux pendant le week-end, Nicolas Sarkozy pourrait bien sortir de sa réserve cette semaine si le blocage des transports publics devait se poursuivre. Le président de la République qui suit "très personnellement, très attentivement, et très continûment" le dossier, selon Raymond Soubie, son conseiller social, interviendrait alors pour prendre publiquement à témoin les usagers, exaspérés, à en juger par les sondages, par les embarras à répétition de la circulation. Toutefois, malgré les signes apparents d'un durcissement du conflit à la SNCF et à la RATP, l'Elysée comme Matignon voulaient croire encore à une possible sortie de crise avant la journée fatidique de mardi, jour de grève annoncée de la fonction publique.

Comme tous les soirs depuis le début de la semaine, François Fillon et Xavier Bertrand se sont retrouvés, hier soir à l'Elysée, autour du Président pour faire le point sur les derniers épisodes du jour. Après les déclarations matinales de Raymond Soubie sur Europe 1 - "le gouvernement ne met absolument aucun préalable" pour engager les négociations dans les transports -, la ligne réaffirmée, hier à l'heure du déjeuner, par le Premier ministre, à l'issue du séminaire gouvernemental consacré à l'Europe, est venue les contredire.

"Rien n'est plus complexe que la météo sociale"

Dans une déclaration préparée à l'avance dont chaque mot avait été pesé au trébuchet, le chef du gouvernement a solennellement réclamé aux syndicats un "appel à la reprise du travail", comme condition préalable à l'ouverture de toute négociation sur la réforme des régimes spéciaux de retraite. Estimant que la grève devenait "de plus en plus difficile à supporter pour les usagers", Fillon a assuré que l'exécutif "ne négligera aucun effort pendant le week-end pour que les organisations syndicales reviennent à la table des négociations".

Une façon de suggérer qu'elles en étaient peut-être parties. "Chacun doit prendre ses responsabilités, a-t-il mis en garde. Nous avons pris les nôtres en acceptant qu'un représentant de l'Etat participe aux négociations dans les entreprises... mais la ligne rouge reste l'harmonisation des régimes de retraite des salariés", c'est-à-dire quarante ans de cotisations pour tout le monde. S'il se défend de tout ultimatum, le Premier ministre a rappelé la règle : "Il n'y a pas de diktat, simplement on ne peut pas négocier et faire grève en même temps." Aucune improvisation dans cette "sortie" volontaire. Qu'on se le dise, l'Elysée, Matignon et la Rue de Grenelle sont parfaitement synchrones. "Il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier àcigarette entre les trois hommes", répètent à l'envi les entourages de Sarkozy, Fillon et Bertrand. Pas question de laisser échapper la moindre fausse note par les temps qui courent. "Tout le monde se souvient des dissonances gouvernementales lors du CPE."

Confronté à une crise sociale dont il ne souhaite pas qu'elle s'enlise, contrairement à ce que certains affirment, le trio s'emploie à démêler les fils d'un dialogue rendu compliqué par la rivalité désormais affichée entre Bernard Thibault et Didier Le Reste, le patron de la puissante CGT Cheminots qui ne dirait pas non à un avenir politique. A l'Elysée, on évoque même son ambition, à peine dissimulée, de remplacer Marie-George Buffet à la tête du PC... On comprend mieux alors, quand, dans la même journée, le pas en avant de Thibault est stoppé net par l'intransigeance de Le Reste. "Quand l'un dit blanc, l'autre dit noir. Pour la première fois de son histoire, la CGT, autrefois si disciplinée, n'a plus de cohérence au sommet et la base ne suit plus", observe un conseiller qui s'impatiente, telle soeur Anne, de ne pas voir venir les "gestes de bonne volonté" tant attendus. "Rien n'est plus difficilement maîtrisable que la matière sociale. Rien n'est plus complexe que la météo sociale", reconnaît Raymond Soubie qui fonde malgré tout des "espoirs raisonnables" sur la suite des événements.

L'appel, hier soir, des fédérations de cheminots pour demander aux assemblées générales des salariés en grève de débattre à nouveau sur la reconduction ou non du mouvement va-t-il dans ce sens ? A l'Elysée comme à Matignon, on a conscience d'avoir affaire aux plus irréductibles, les 32 % encore en grève s'accrochant envers et contre tout à leurs 37,5 annuités. "Pour l'instant, on est dans le temps du dialogue social. Lundi, nous serons dans le temps de la politique. Puis viendra le temps de l'idéologie, on verra bien où sont les extrémistes", lâchait hier un proche du président de la République. "Notre électorat nous soutient d'autant plus que nous lui avons envoyé des signaux forts avec le bouclier fiscal. Il ne comprendrait pas que nous cédions. La réforme des régimes spéciaux était une promesse phare de la campagne de Nicolas."

Sources JDD

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Résistance

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