SARKOZY VEUT TOILETTER LA LOI 1905

Publié le par Adriana EVANGELIZT

S'en prendre à nos acquis sociaux ne lui suffit pas, Sarkozy veut aussi transformer la loi 1905 à sa guise. A quand le dépoussièrage de la Marseillaise ou du Chant des partisans ? Peut-être songe-t-il aussi à réécrire la Légende des siècles de Victor Hugo ou Le Dormeur du Val de Rimbaud ? De ce côté là on ne risque peut-être pas grand-chose car il n'est pas poète. Et c'est bien ce qu'on lui reproche. Il ne se met pas, lui, à la place des autres. Il décide. Il veut. Il exige. Il a des convictions. Il est l'oeil de la France, le cerveau des français mais aussi la Voix. Qu'il croit. Il est malheureusement écrit quelque part que sa vision étriquée des choses et des évènements ne nous convient pas. Qu'il veuille tailler la France à sa mesure nous semble quelque peu présomptueux. La France et les Français ne marcheront pas au pas de Sarkozy. Nous n'avons pas la même cadence. La sienne est beaucoup trop heurtée. Violente. Exigeante. Il faudrait qu'il lise quelques classiques et qu'il comprenne que c'est lui qui n'est pas taillé pour la France.

Sarkozy veut toiletter la loi de 1905

par Nicolas Senèze

Devant l'Académie des sciences morales et politiques, le ministre de l'intérieur a défendu lundi 19 septembre son action en tant que chargé des cultes

Surprise, hier matin, dans l’ambiance feutrée de l’Institut de France où Nicolas Sarkozy intervenait en ouverture du troisième colloque organisé par l’Académie des sciences morales et politiques à l’occasion du centenaire de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État : «Je ne vais pas lire le discours qui m’a été préparé et qui ne ferait pas avancer la question», annonce d’emblée le ministre de l’intérieur, qui préfère «apporter un peu d’authenticité dans un monde politique qui en a bien besoin» pour «parler librement de ce qui est le cœur de mes convictions, sur un sujet absolument essentiel pour la société».

Même si ce colloque était consacré à la place de la laïcité française dans le monde, le ministre de l’intérieur, chargé des cultes, a surtout profité de l’occasion pour exposer sa vision de la loi de 1905 et, selon lui, de sa nécessaire adaptation. «Je suis assez fasciné de voir qu’alors qu’on change la Constitution tous les ans, une école de pensée vient nous dire que la loi de 1905 ne devrait être changée en rien», feint de s’étonner Nicolas Sarkozy. Pour lui, cette loi, qui « peut supporter un toilettage», est «une bonne loi», même s’il ne craint pas de rappeler qu’« elle n’était pas faite à l’origine pour être une bonne loi». «En grande partie grâce à la sagesse de nos compatriotes, ce texte de combat est devenu un texte d’apaisement», affirme-t-il. Aujourd’hui, ce texte doit être adapté «parce que la société a changé». «Mais réfléchir aux nécessaires adaptations d’un texte, ce n’est pas remettre en cause son esprit, souligne-t-il. Ou alors il n’est pas aussi fort qu’on le dit !»

Suffisamment à l’aise pour quasiment improviser son discours (1), celui qui s’autodéfinit comme «le ministre de l’intérieur qui s’est le plus senti ministre des cultes» a avoué ne pas être un pratiquant régulier. «Mais la question des religions m’intéresse», confie-t-il estimant, comme il l’avait dit au théâtre de Neuilly-sur-Seine il y a trois mois (lire La Croix du 22 juin), que « la réflexion sur le sens de la vie et de la mort est essentielle». «En quoi le droit à l’espérance serait-il contraire à l’idéal républicain ?», s’interrogeait-il hier, avant de considérer que «la question de la vie spirituelle a souvent été sous-estimée dans la vie politique française». «Ce n’est pourtant pas une petite question», relève celui pour qui « le droit à l’espérance est peut-être même le droit de l’homme le plus important»…

"La loi de 1905 n'est pas une loi de prohibition"

Pour Nicolas Sarkozy, «la loi de 1905 n’est pas une loi de prohibition, mais une loi de liberté». « L’esprit de la laïcité à la française, c’est le droit de croire et de le transmettre à ses enfants, et le droit de ne pas croire. À égalité», affirme-t-il. Et de récuser l’idée d’une possible mainmise des religions sur le pouvoir politique. «C’est mal connaître les religions en France que de croire qu’il y a une menace des religions sur la vie politique française !» s’exclame-t-il, avant de défendre vigoureusement son action de ministre en charge des cultes, notamment avec la mise en place du Conseil français du culte musulman (CFCM). «Trop autoritaire ? Un peu d’autorité dans notre société ne fait pas de mal », explique le ministre qui préfère toutefois mettre en avant son «volontarisme». «Une grande éminence de l’Église catholique (le cardinal Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris) m’a même accusé de mettre en place une religion d’État, rappelle-t-il. C’est tout le contraire : à partir du moment où on organise la diversité, il ne peut y avoir de religion d’État.»

Car, rappelle le ministre de l’intérieur, la France a beaucoup changé en un siècle : «La France de 1905 était catholique. La France de 2005 est majoritairement catholique, mais elle est multiple. » En ligne de mire : les musulmans, alors quasi inexistants en métropole, et qui seraient aujourd’hui près de 5 millions sur notre territoire : «Doit-on considérer que les derniers arrivés doivent s’adapter à la loi de 1905 et qu’ils n’ont aucune spécificité ? Les fils et les filles de ceux qui ont bâti nos routes et construit nos voitures ont moins de moyens : ils se tournent donc vers l’étranger, ce qui est dangereux.» Refusant une «identité humiliée qui est une identité radicalisée»,
Nicolas Sarkozy plaide pour que le culte musulman soit aidé.

C’est dans cette optique qu’il a repris sa distinction toute personnelle – déjà esquissée en ouverture de la rencontre de Sant’Egidio la semaine dernière à Lyon – entre fondamentalisme et intégrisme. Vu par le ministre, «un fondamentaliste est quelqu’un qui croit fondamentalement. En quoi l’engagement fondamental d’un catholique qui va à la messe tous les matins met-il en danger la République ?» Du coup, «il ne devient intégriste que quand il veut plaquer sa réalité sur celle de l’autre : c’est là qu’il devient dangereux et doit être combattu», enchaîne Nicolas Sarkozy, qui voit les religions en France «comme un facteur d’apaisement». «C’est une vision assez rarement défendue», a-t-il reconnu devant les académiciens, avant d’appeler les Français à ne pas avoir peur de la diversité. Une diversité que la loi doit donc prendre en compte. «Il ne faut pas la figer, une loi figée est une loi vieillie», a-t-il conclu

(1) Celle-ci sera disponible en audio sur Radio-Canal-Académie, via le site officiel du centenaire de la loi de 1905 (www.1905-2005.fr).

La commémoration de la loi de 1905

En confiant à l’Académie des sciences morales et politiques le soin d’organiser le centenaire de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin souhaitait une commémoration discrète, moins d’un an après les débats sur les signes religieux à l’école. Cela ne signifiait pas une commémoration sans intelligence, comme en témoigne la série de colloques internationaux organisés par cette académie tout au long de l’année. Après s’être intéressée aux «sources et origines de la séparation», en février, elle s’est penchée en avril sur le fonctionnement de la laïcité en France au cours de ce siècle. Après l’actuel colloque (qui dure jusqu’à mercredi midi) sur «la laïcité française dans son contexte international», un dernier rendez-vous est prévu du 28 au 30 novembre sur «la laïcité aujourd’hui, valeur commune de la République».

Sources : LA CROIX

Posté par Adriana Evangelizt

Voir aussi Dominique de Villepin Président en 2007

Publié dans LOI 1905

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