SARKOZY SE PAYE VILLEPIN
Il est bien évident que nous ne pourrions pas faire de la politique avec le tempérament boulillonnant qui nous caractérise. Il nous serait effectivement très difficile de rester impassible face aux attaques incessantes du nettoyeur. Il est là, il pavane, il fanfarone, il se prend pour Dieu le père... moi je... Moi je... MOI JE... la boursuflure de l'Ego à l'état pur. La grenouille qui se veut aussi grosse que le boeuf. Y parviendra-t-elle ?
En premier lieu, une chose est sûre, nous aurions beaucoup de mal à faire comme "si tout allait pour le mieux" entre nous et lui. A peine lui serrerions-nous la main. Même pour cela, nous aurions beaucoup de peine. Entendez par le mot peine non la douleur. Il y a quand même des limites à se faire passer pour un imbécile. Faire Ami-Ami avec quelqu'un qui vous ridiculise dès que vous avez le dos tourné, ce n'est pas une solution. Dominique de Villepin doit beaucoup se méfier du nettoyeur. En voilà un qui n'est pas très catholique. Il vous fait des sourires par devant et (on sera poli) il vous poignarde par derrière. Un hypocrite doublé d'un malfaisant. C'est ainsi qu'il est arrivé où il est. Il a fait la même chose avec Jacques Chirac. Dans un dialogue moins intellectuel, cela s'appelle faire l'âne pour avoir du son. Ca a payé. L'âne s'est transformé en drôle de zèbre. Il se croit tout permis. Après avoir trahi le Maître sans encombre, il piétine son dauphin. Il prend un malin plaisir à le rabaisser. Et il croit bien sûr que ça lui portera chance. Il se trompe. Il y a des lois incontournables que l'on ne transgresse pas. Abracacadabra... il va bientôt y avoir l'effet boomerang. Il faut savoir décrypter les signes invisibles. Et les visibles aussi d'ailleurs... le nettoyeur peut toujours féliciter son amie Angela Markel de sa réussite qui n'en est pas une...
Sarkozy se paye Villepin le «technicien»
La trêve entre les deux hommes n'aura finalement duré qu'une journée.
Match retour, avantage Sarkozy. Il y a quinze jours, lors des universités de l'UMP à La Baule, le numéro 2 du gouvernement s'était fait voler la vedette par un Dominique de Villepin sportif (jogging, natation...) et qui avait été mis avant lui dans le secret de l'hospitalisation de Jacques Chirac. Hier, à Evian (Haute-Savoie), à l'occasion des journées parlementaires de son parti, il a pris sa revanche avec un discours plein de sous-entendus vachards très applaudi.
Officiellement, tout va mieux entre les deux hommes. La veille, ils n'avaient cessé de s'afficher ensemble jusqu'à dîner à la même table. Quand Sarkozy s'est levé au dessert pour faire le tour de la salle, Villepin lui a emboîté le pas et le duo s'est appliqué à serrer exactement le même nombre de mains de députés et sénateurs. Ne pas se quitter pour mieux se marquer à la culotte.
Embrumé par les cajoleries du patron de l'UMP, le Premier ministre n'a pas vu le coup venir hier. Aux deux tiers de son discours, Sarkozy a sorti sa bombe. Alors même qu'il venait de réaffirmer le soutien du mouvement au gouvernement, il s'en est pris indirectement mais très violemment à l'artisan de la dissolution de 1997 Dominique de Villepin était à l'époque secrétaire général de l'Elysée en s'indignant du sort des parlementaires alors battus : «Ils n'ont pas de leçon à recevoir des techniciens qui savent se recaser à chaque échéance.» Succès de tribune garanti sous le regard décomposé de Villepin incapable, jusqu'à la fin du discours, d'applaudir les saillies de son ministre.
Sur sa lancée, Nicolas Sarkozy a dénoncé le trop grand nombre de bénéficiaires de la prime pour l'emploi : «Huit millions de personnes, c'est prendre le risque que personne ne s'en aperçoive.» Et d'ajouter : «Vouloir aider et promettre à tout le monde, la France n'en a plus les moyens.»
Entendant incarner «une droite républicaine décomplexée», il a à nouveau refusé que les débats soient «cadenassés», citant l'adhésion de la Turquie à l'Europe dont il ne veut pas, du «modèle social» français qu'il promet de réformer, de l'impôt sur la fortune qu'il jure de modifier et du service minimum qu'il entend instaurer. Il a ensuite ressorti la litanie des obsessions de la droite, sur les multirécidivistes, les «faux» chômeurs...
Face au discours alarmiste du ministre de l'Intérieur qui a rappelé les «messages cruels» d'avril 2002 et du référendum du 29 mai, Dominique de Villepin a insisté sur sa confiance en une France qui gagne : «Mon objectif est clair, je souhaite que nous restions en tête.» Il a ainsi promis de se battre pour les emplois menacés chez Hewlett-Packard sans expliquer comment il allait s'y prendre. Le reste de son discours était de la même farine, un énoncé de grands principes un peu creux, mélangés au catalogue des mesures annoncées par le gouvernement depuis un mois. Effet de contraste avec la pugnacité de Sarkozy ? Le locataire de Matignon n'est jamais parvenu à susciter le moindre applaudissement avant sa conclusion. Si ce n'est lorsqu'il a rendu hommage à son prédécesseur, Jean-Pierre Raffarin.
Plus tard, devant les journalistes, le Premier ministre a retrouvé de son mordant pour répondre, mais un peu tard, à son rival. Il a assuré qu'il ne se sentait pas visé par les attaques sur les «techniciens» : «Moi, je suis dans l'action politique.» D'ailleurs, la dissolution dont on lui fait volontiers porter le chapeau, «98 % de la droite était pour» sur le moment. Quant aux primaires pour désigner le candidat de l'UMP à la présidentielle de 2007 dont Sarkozy ne cesse de répéter qu'elles seront incontournables, il fait mine de ne pas être concerné : «Je suis Premier ministre, pourquoi est-ce que j'irais me présenter à des primaires ? Ouvrir la boîte de Pandore est le meilleur moyen de perdre les élections.»
Sources : LIBERATION
Posté par Adriana Evangelizt
Voir aussi Dominique de Villepin Président en 2007