Ce que pense DDV des députés...

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Les députés et le trouillomètre

par Patrice Biancone

Chutez, si vous le voulez. Mais pas trop tout de même, de façon à ne pas hypothéquer 2007. C'est un peu ce que commencent à penser les élus de la majorité qui voient avec inquiétude la France se mobiliser contre le CPE et contre le Premier ministre qui en a eu l'idée.

160 défilés, 700 000 personnes, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Et des sondages dans le rouge. L'avertissement au gouvernement vaut ce qu'il vaut, il pourrait être suivi par d'autres journées de mobilisation. Et si à Matignon on dit qu'en dessous d'un million et demi de personnes dans la rue il n'y a pas lieu de s'affoler, il faut tout de même rappeler, ici, qu'avec 1 million de manifestants, Alain Juppé avait eu de sérieux problèmes et qu'Edouard Balladur avait perdu en 1995 parce qu'il avait ignoré que l'un des traits caractéristiques de la jeunesse, suspicieuse jeunesse dirons-nous, c'est son impatience et sa volonté de voir se réaliser aujourd'hui ce qui ne peut être fait avec certitude que demain, voire après-demain...

Il en va de l'Education nationale comme de l'emploi. Ces jeunes dont on parle beaucoup sans suffisamment les écouter, ou en les écoutant trop, n'apprécient ni la réforme de Dominique de Villepin, ni le nouveau style qu'il a adopté. Ils considèrent que le CPE va les précariser. Et ils dénoncent l'utilisation du 49-3 par le gouvernement au nom du respect de la démocratie.

Un bien grand mot dans ce contexte, semble penser Dominique de Villepin qui continue à dire qu'il entend ceux qui manifestent, mais aussi ceux qui ne manifestent pas et qui a proposé, à l'Assemblée, hier, un débat sur l'emploi, « Où vous voudrez, quand vous voudrez, à condition, a t-il dit à l'opposition, que vous puissiez le tenir ». Une déclaration en forme de défi qui a fait sourire ceux qui pensent que Dominique de Villepin est déjà pris à son propre piège, que le CPE étant voté, il ne lui reste plus qu'à l'abroger sous peine d'avoir à payer une addition plus lourde, et la majorité avec lui.

Les jeunes. Ces jeunes dont parle le Premier ministre refusent d'être une génération jetable, refusent « les choix qu'on veut leur faire assumer », refusent la sortie du chômage par le bas et la précarité : c'est ce que l'on pouvait entendre dans la rue hier, ce qui a fait dire a un socialiste que la France du patriote Villepin, la France « d'après » dont il parle si souvent, celle qu'il appelle de ses voeux avec un peu de grandiloquence, va finalement ressembler à celle « d'avant », mais d'avant les acquis sociaux.

Chez les sarkozystes inquiets d'une chute qui pourrait les entraîner, on a préféré commenter le nouveau livre de notre confrère Frantz-Olivier Giesbert, dans lequel on apprend que pour Dominique de Villepin le monde se partage entre « petits connards » et « gros cons ». Que le seul organe développé chez les hommes politiques c'est le trouillomètre. Et que les députés UMP sont incapables d'avoir une seule idée en même temps; qu'ils ont, dans leur vie privée, une maîtresse à Paris et une femme en province, et qu'en politique c'est la même chose... C'est-à-dire qu'ils tiennent deux discours, un à l'Assemblée, et un dans leur fiefs, discours différents qui mineraient sa politique.

Allez, on a bien compris, que pour le Premier ministre il n'y a qu'un coupable et que ce coupable c'est le peuple français, toujours dans l'erreur, toujours dans le refus et la revendication. C'est aussi cela être habité par des convictions. C'est savoir se tromper, mais de bonne foi.

Sources : RFI

Posté par Adriana Evangelizt

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