Villepin accuse Hollande de lâchete, incident à l'Assemblée
EADS : Villepin accuse M. Hollande" de "lâcheté", incident à l'Assemblée
PARIS (AFP) - Dominique de Villepin a accusé mardi à l'Assemblée le premier secrétaire du PS François Hollande de "lâcheté", déchaînant les protestations des socialistes qui ont quitté leurs bancs, tandis que le président de l'UDF François Bayrou et le chef de file des députés communistes Alain Bocquet demandaient "des élections anticipées".
Le député UMP Hervé de Charette a jugé pour sa part "absolument indispensable" un remaniement gouvernemental, après la "provocation" de Dominique de Villepin.
Par ailleurs, cinq députés UMP, dont le chiraquien Jean-Michel Dubernard et le 2e vice-président du groupe UMP Marc Laffineur, ont proposé mardi "un nouveau pacte majoritaire", face aux "accidents de gouvernance" et aux "tensions" entre le gouvernement et l'UMP.
"Je dénonce la facilité, et je dirai même en vous regardant, la lâcheté, la lâcheté qu'il y a dans votre attitude", a lancé le Premier ministre, en répondant à une question de M. Hollande sur la gestion d'EADS. Plusieurs députés de l'opposition, debout, ont crié "Dehors! Démission!", en lui montrant la sortie.
"Je le redis, la lâcheté", a réitéré M. de Villepin en réponse aux huées.
M. Hollande lui avait demandé s'il renouvelait sa confiance au co-président d'EADS Noël Forgeard, sur la sellette depuis l'annonce par Airbus de retards de livraison de l'A380 et la controverse sur ses ventes d'actions.
"Il est des moments dans la démocratie où l'on ne peut pas dire n'importe quoi", lui avait répondu M. de Villepin. "On ne peut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs, on ne peut pas mélanger l'exigence de vérité et l'exigence de bonne gestion", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a affirmé mardi qu'il voulait "remettre à plat" le pacte d'actionnaires franco-allemand du groupe EADS, en crise depuis l'annonce la semaine dernière par sa filiale Airbus du retard dans la livraison de son avion géant A380.
"En 2000, c'est vous qui avez défini, avec Lionel Jospin le pacte d'actionnaires" d'EADS, a lancé le Premier ministre Dominique de Villepin au premier secrétaire du PS François Hollande à l'Assemblée nationale. "C'est votre responsabilité et nous remettrons les choses à plat", a-t-il ajouté.
Dans un brouhaha tel qu'il devenait quasiment inaudible, il a accusé l'opposition de n'avoir "jamais cessé de brader le service public" et de n'avoir "jamais été au rendez-vous de la politique de la nation".
Alors que M. de Villepin se rasseyait, François Hollande, rouge de colère, s'est approché du banc du gouvernement pour le prendre directement à partie, tandis que Jean-Christophe Cambadélis (PS) se dirigeait, l'air menaçant, vers le Premier ministre, protégé par un cordon d'huissiers.
Quelques députés PS ont alors quitté la séance, la majorité restant debout au pied des tribunes. Une partie des députés UDF a également quitté l'hémicycle, les autres, dont François Bayrou, sont restés debout à leur place, ainsi que les députés PCF.
La majorité des députés UMP sont restés stoïques, quelques-uns seulement se levant pour applaudir la réponse.
Après la suspension de séance par le président de l'Assemblée Jean-Louis Debré, M. Hollande a demandé au président Jacques Chirac qu'il "tire les conclusions" de l'incident, estimant que M. de Villepin avait "perdu son sang-froid".
Accompagné d'Henri Emmanuelli, et du chef de file des députés PS Jean-Marc Ayrault, M. Hollande s'est rendu à l'Hôtel de Lassay pour rencontrer M. Debré.
Dans sa question, le premier secrétaire du PS avait accusé M. de Villepin d'avoir "perdu la confiance" des Français comme de sa majorité.
"Cette confiance, vous ne la trouverez pas davantage dans les procédures judiciaires que vous intentez contre des journalistes", a-t-il ajouté, en référence à la plainte pour diffamation lancée lundi par M. de Villepin lundi contre trois auteurs d'ouvrages sur le scandale Clearstream.
"Jamais un Premier ministre n'y avait eu recours sous la Ve République", a insisté M. Hollande.
Jugeant que "les commandes de l'Etat ne répondent plus", M. Bayrou a demandé "des élections anticipées", rejoint par le chef de file des députés communistes Alain Bocquet. Alain Bocquet a appelé mardi Jacques Chirac "à prendre ses responsabilités", demandant des élections anticipées et le départ de Dominique de Villepin
"On ne traite pas de le chef de l'opposition de lâche", a estimé un élu UMP, dans les couloirs.
Sources : RFI
Posté par Adriana Evangelizt