L'autoritarisme de Rachida Dati exaspère et inquiète les magistrats

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Rachida Dati s'est trouvé parachuté dans un ministère pour lequel elle n'a aucune compétence. Quel est son cursus ? Secundo c'est l'âme damnée de Nicolas Sarkozy. Elle se veut son double. Répète-t-elle assez tout ce qu'elle a fait pour obtenir une entrevue. Cela peut même paraître suspect, ce grand désir d'être au service du Ministre de l'Intérieur de l'époque. Et maintenant qu'elle a un grand poste, madame se la joue cerbère. Elle veut mâter tout le monde. Franchement, quand elle se promeut comme "chef des procureurs"  et qu'elle assène... "Ils sont là pour appliquer la loi et une politique pénale", a-t-elle précisé, en ajoutant : "La légitimité suprême, c'est celle des Français qui ont élu Nicolas Sarkozy pour restaurer l'autorité. Les magistrats rendent la justice au nom de cette légitimité suprême." On va où là ? Elle se prend pour qui ? On lui fera remarquer qu'il n'y a que la moitié des français qui ont élu la "légitimité suprême" dont elle est tant infatuée. Si elle aime donner dans l'autoritarisme et les coups de bâton, qu'elle se dise bien que des millions de Français sont opposés à ses méthodes.

L'autoritarisme de Rachida Dati exaspère et inquiète les magistrats

par Raphaëlle Bacqué et Alain Salles

Rachida Dati est la ministre la plus populaire - et l'une des seules visibles - du gouvernement. Sa cote de popularité est nettement moins forte chez les magistrats, dont elle est issue et dont elle a la charge. L'autoritarisme de celle qui s'est présentée, lundi 3 septembre, sur Canal+, comme "chef des procureurs" irrite les syndicats.

Comme l'a révélé LePoint.fr, deux nouveaux collaborateurs, Jacques Carrère (désormais chargé d'une mission) et Valérie Bonnard, ont quitté son cabinet, portant à sept le nombre des défections, depuis le départ de son premier directeur de cabinet, Michel Dobkine. "Une recomposition normale", pour le successeur de ce dernier, Patrick Gérard ; un signe nouveau de la fébrilité qui règne Place Vendôme, pour ses détracteurs.

"Si le directeur n'a plus le droit de réformer un tiers de son équipe, ce n'est plus un directeur de cabinet, explique Patrick Gérard. La plupart sont restés en place, mais il y avait des recompositions à faire. Cinq personnes s'occupaient de l'action pénale. Certains ne sont pas faits pour ce travail qui demande beaucoup de disponibilité." La nouvelle composition du cabinet a été publiée mercredi 5. Il comporte 18 membres dont 7 magistrats.

"Il y a une ambiance menaçante, lourde, un climat de peur", évoque un ancien du cabinet. Valérie Bonnard, en charge du dialogue social et des questions budgétaires, a été priée du jour au lendemain de ne pas revenir au bureau.

"CONCEPTION MONARCHISTE"

C'est la personnalité de la ministre qui est visée. Des témoins évoquent des scènes de colère, d'humiliation, dénoncent son autoritarisme. "Elle a une forme de brutalité qui inquiète, doublée parfois d'une confusion sur le fond des dossiers. Il faut que son entourage porte sans cesse ses défaillances et beaucoup ne l'ont pas supporté", souligne l'un de ses collaborateurs. "Son caractère autoritaire est un mythe. Elle est exigeante avec les autres comme avec elle-même", plaide Patrick Gérard.

Rachida Dati a un mode de fonctionnement inhabituel dans un ministère où l'on aime mettre les formes. L'administration y cultive une culture interne très hiérarchisée et relativement lente. "Elle a plutôt une culture de l'entreprise et du ministère de l'intérieur", note un conseiller de la Place Beauvau. Sans expérience politique et ministérielle, elle est entrée dans ses fonctions en choisissant d'y imposer son style et son "tempo", mot qu'elle répète très souvent. Elle a donc d'emblée voulu bousculer les habitudes, le rythme administratif, y compris sur des dossiers qui réclament parfois du temps et du doigté.

La convocation, le 29 août, du vice-procureur de Nancy, Philippe Nativel, en est l'illustration. Sur la foi d'un article de L'Est républicain, celui-ci a été aussitôt convoqué à la chancellerie avec sa hiérarchie, par le directeur des services judiciaires, à la demande de la ministre, et en présence du directeur adjoint de cabinet. Le ton de la rencontre fut glacial. Un procès-verbal de l'interrogatoire a été réalisé par une greffière. "C'était bien pour lui. On a découvert qu'il avait demandé à sa hiérarchie de démentir les propos qui lui étaient attribués. Il n'y a pas eu de sanctions", plaide Patrick Gérard.

Le débat sur la place des magistrats du parquet et l'autoritarisme de la ministre a été relancé quand elle s'est présentée comme "chef des procureurs" sur Canal+, lundi. "Ils sont là pour appliquer la loi et une politique pénale", a-t-elle précisé, en ajoutant : "La légitimité suprême, c'est celle des Français qui ont élu Nicolas Sarkozy pour restaurer l'autorité. Les magistrats rendent la justice au nom de cette légitimité suprême."

"On ne rend pas la justice au nom de Nicolas Sarkozy, on rend la justice au nom du peuple français", réplique Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la magistrature (SM, gauche), qui souligne que les procureurs ne sont pas "des préfets judiciaires". Laurent Bedouet, secrétaire général de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), dénonce "une conception totalement monarchiste de la séparation des pouvoirs".

"Notre liberté de parole s'inscrit dans la loyauté de nos rapports hiérarchiques et le respect de notre devoir de réserve. Nous nous exprimons en conscience, et pas comme les porte-parole d'une autorité supérieure", explique Joël Guitton, président de la Conférence des procureurs, qui ne cache pas sa "préoccupation".

Sources Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Rachida Dati

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article